Synopsis : Antonio a passé toute sa vie loin de son pays natal, l’Italie. Leo, jeune artiste italienne qui tente sa chance à l’étranger, croise son chemin. Un jeu de miroirs entre le vieil homme et la jeune femme déclenche un voyage dans le temps et offre un futur plus serein pour tous les deux.
Avec : Renato Carpentieri, Alessio Lapice, Sara Serraiocco
Donato Rottuno offre au public belge son troisième long métrage. Nous avions découvert en 2015 son film précédent Baby(A)lone (Ouni D’Hänn / Sans les mains) qui nous avait profondément marqué. Il n’avait eu, hélas, qu’une sortie confidentielle en Belgique, voire uniquement dans le cadre de l’ancien festival du film de Bruxelles (BRFF). Nous écrivions alors "Au Luxembourg, il y a maintenant aussi du vrai cinéma." C’est donc avec impatience et fébrilité que nous attendions son dernier film. Nous ne sommes pas déçu. Certes il n’y a pas l’incandescence et le caractère malaisant de Babylone mais le réalisateur, d’origine italienne, aborde avec Io sto bene une histoire tendre et émouvante, la rencontre d’un vieux monsieur et d’une jeune fille. C’est la question de l’immigration qui est en jeu, celle du déracinement, celle d’un impossible enracinement en terre étrangère. Le film déploie ses dialogues en italien, luxembourgeois, français et anglais ! Il s’agit d’une coproduction à dimension européenne : Luxembourg, Belgique, Allemagne et Italie, avec également Arte qui soutient et coproduit le projet. Il est sur la liste des Oscars car Il a été préselectionné pour apparaitre dans la catégorie « International Feature Film ».
En alternant passé (fin des années 60) et présent (aujourd’hui) ce sont cinquante ans de vie que le réalisateur balaie. Depuis les débuts de leur exode (Antonio quitte l’Italie avec son cousin Vito et leur ami Guiseppe - qui ont le même âge) et leur arrivée, Vito en Belgique, Guissepe en Allemagne et Antonio au Luxembourg... jusqu’à bien plus tard avec les espoirs et déceptions. Est-ce que le rêve d’avoir une vie meilleure en quittant le pays se réalise ? Ou bien cela tournera-t-il en cauchemar ? Et dans ce cas, est-ce que l’on peut retourner au pays la tête haute, l’honneur bafoué ? Et justement, d’honneur il sera question aussi s’agissant d’une promesse de et d’un mariage. Quelle est la valeur de la parole donnée ? Qu’en est-il si une amitié est trahie fut-ce à son corps défendant ? Et si l’on s’est installé en terre étrangère et que l’on s’y marie, comment faire le deuil de Mady, celle que l’on a aimée ? Ces questions tarauderont Antonio durant toute sa vie en exil. Antonio n’a pas d’enfant, mais Léo pourrait l’aider à découvrir des sentiments de paternité. Léo, qui attend un enfant d’un homme qui est retourné au pays sans savoir qu’il est père.
Ce sont ces relations humaines, parfois banales, parfois lumineuses ou sombres qui tissent la trame du film de Rotunno. Sur cinquante ans d’histoires humaines sans transcendance, le réalisateur pose un regard tendre, empli d’émotions. Et les acteurs (jeunes et aînés) qui incarnent les premiers et seconds rôles sont très justes dans leurs interprétations et arrivent à donner corps et densité à leur personnage.
Voici le lien vers le podcast de l’interview de Donato Rotuno.