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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Nir Bergman
My Kid (Hine Anachnu)
Sortie du film le 22 décembre 2021
Article mis en ligne le 4 janvier 2022

par Julien Brnl

Genre : Drame

Durée : 94’

Acteurs : Shai Avivi, Noam Imber, Smadi Wolfman, Efrat Ben-Zur, Uri Klauzner...

Synopsis :
Aharon a consacré sa vie à élever son fils Uri. Ils vivent ensemble dans une routine coupée du monde réel. Mais Uri, autiste, est à présent un jeune adulte et il serait peut-être temps pour lui d’aller vivre dans une institution spécialisée. Alors qu’ils sont en route vers le nouveau lieu de vie de Uri, Aharon décide de s’enfuir avec son fils, pensant qu’il n’est pas prêt pour cette séparation. Et si, en réalité, c’était le père qui n’était pas prêt ?

La critique de Julien

Labélisé "Cannes 2020", et réalisé par le cinéaste israélien Nir Bergman, "My Kid" n’est pas un film à proprement parler sur un père d’enfant autiste et les sacrifices et difficultés que cela appelle, mais bien un film sur la relation entre un père et son fils, et l’inévitable séparation qui les attend. Drame écrit par Dana Idisis, ce film s’inspire alors indirectement de la relation symbiotique qui unit son propre frère Guy et son père, alors que le premier a été diagnostiqué autisme à un âge avancé, lesquels vivent alors dans une bulle protectrice. La scénariste s’interroge alors ici sur une peur qui plane sur elle, et sur eux, à savoir ce qui se passera le jour où ils devront être séparés. Et tout comme Uri, jeune adulte ici autiste (Noam Imber), son frère Guy regarde tous les jours les films de Charlie Chaplin, dont "The Kid" (1921), qu’il avait réalisé, alors basé sur une relation touchante entre le célèbre Clochard de Chaplin et un enfant qu’il adopte (à moins que ça ne soit le contraire)...

Pour appuyer cette question universelle, accompagnant la peur et la nécessité des parents d’accepter un jour ou l’autre de se séparer de leur(s) enfant(s) afin qu’il(s) devienne(nt) indépendant(s), tout en restant vulnérable(s) et exposé(s) aux yeux du monde, Nir Bergman met en scène l’histoire d’un père qui s’est entièrement consacré à son fils, de là à en exclure sa mère, dont il est séparé, elle qui souhaite pourtant aider son enfant en le plaçant dans une institution adaptée à ses besoins. Mais portant des œillères, canalisé à prendre - seul - soin de son fils, en l’empêchant d’être en danger, Aharon (Shai Avivi) prendra la fuite avec Uri, conduisant ainsi à une inévitable séparation d’autant plus douloureuse...

Au travers de ce drame paternel, il est aussi question de l’histoire d’un père qui doit affronter un chemin de vie différent de celui qu’il s’était construit durant toutes ces années, mais également ses échecs, ses fragilités, ses peurs, lui qui se cache indirectement derrière son fils en tentant de se, de les protéger mutuellement du monde qui les entoure. Or, le contrôle absolu n’est pas une solution, et encore moins l’abnégation. Mais l’écriture du film n’est pas fataliste sur la destinée de la relation si particulière qui lie ici ce père et son fils. Ainsi, une institution peut-elle vraiment être plus bénéfique que l’amour d’un parent ? Le traitement de cette question est justement ici remarquable, même si édulcoré. Car on est à même de se poser la question, étant donné que ce père sait tout de son fils, tandis que lui seul est capable de le rassurer lorsqu’il est submergé par ses stéréotypies et ses phobies, tandis qu’il n’est capable de penser qu’au travers des affirmations de son père...

Si l’on regrette que Nir Bergman n’ait pas choisi un vrai adolescent autiste pour incarner Uri, on ne lui en veut cependant pas, étant donné qu’il s’agit là d’une question de pratique absente en Israël, soit celle d’inscrire des autistes à des cours de théâtre afin de répondre à des besoins thérapeutiques ou artistiques, tel que pour le cinéma. Cela n’existe tout simplement pas dans ce pays d’Asie occidentale. Mais Noam Imber (Uri), qui relève là une énorme défi avec finesse, et Shai Avivi (Aharon) sont ici fabuleux de justesse, dont de retenue pour le second. Nul doute que l’histoire de leurs personnages est ici à l’image de celle qui inspire ce film, portée par la vision constructive et documentée de son metteur en scène. "My Kid" parvient alors à installer une émotion qui grandit en nous à mesure que le futur de ce père et de ce fils se construit et se profile devant nos yeux.



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