Synopsis : Maire d’une ville du 93, Clémence livre avec Yazid, son directeur de cabinet, une bataille acharnée pour sauver le quartier des Bernardins, une cité minée par l’insalubrité et les "marchands de sommeil". Ce sera son dernier combat, avant de passer la main à la prochaine élection. Mais quand Clémence est approchée pour devenir ministre, son ambition remet en cause tous ses plans. Clémence peut-elle abandonner sa ville, ses proches, et renoncer à ses promesses ?
Acteurs : Isabelle Huppert, Reda Kateb, Naidra Ayadi, Jean-Paul Bordes, Mustapha Abourachid, Soufiane Guerrab, Hervé Pierre, Laurent Poitrenaux, Walid Afkir, Vincent Garanger, Mustapha Abourachid, Christian Benedetti, Anne Loiret, Mama Prassinos, Youssouf Wague, Gauthier Battoue, Bruno Georis, Stefan Crepon, Rosita Fernandez
Pour son deuxième long métrage, après La mécanique de l’ombre en 2017, Thomas Kruithof nous fait entrer dans l’univers politique français, mêlant (beaucoup) le local et (un peu) les hautes sphères de l’Etat, comme le faisait la série Baron Noir. L’avantage pour cette série d’avoir le temps de se déployer dans la durée tandis qu’ici, il faut condenser le récit et l’intrigue sur le temps de deux épisodes ! Un journaliste américain faisait remarquer que l’on avait affaire ici à l’équivalent d’un épisode de The Wire. Nous n’irions pas jusque là, mais il n’empêche que Thomas Kruithof arrive à tenir le pari de mêler une intrigue locale, le destin d’une maire, de son adjoint et de son entourage avec des lieux de décision à plus haut niveau, et, notamment, au sommet de l’Etat, et cela dans la dynamique difficile d’une banlieue, en l’occurrence la Seine-Saint-Denis, le fameux "9-3" !
Ne pas tenir une promesse, est-ce un mensonge ? Telle est une des questions posées dans ce film où une maire termine son deuxième mandat. C’est son dernier, car elle va monter à Paris où un poste ministériel lui est promis. Mais il est d’autre promesse, outre celle de céder sa place pour sa jeune adjointe, Naidra (Naidra Ayadi), il y a celle de trouver une solution pour la rénovation d’une barre d’immeuble en quasi-délabrement, gérée par un syndic quasiment usurier, et contrôlée par de petits malfrats qui exploitent des clandestins pour compte d’un tiers, petit notable du coin.
Ce sont donc des histoires personnelles qui nous sont données à voir et qui se mêlent à des contraintes politiques plus globales et peuvent conduire à des renversements d’amitié, de soutien, de gestion globale. Le film a le mérite de ne pas être manichéen même si certains protagonistes sont parfois très noirs, gèrent de minables baronnies, et peuvent faire le "coup de Jarnac" ! Entre la pureté idéale que l’on rêve pour la politique, au sens noble et initial de "gestion de la cité (polis)" et la concrétisation sur le terrain, il y a une marge. Dans celle-ci se glissent des compromis, parfois des compromissions, il faut dans certains cas faire comme au poker pour arriver à, finalement, respecter ses promesses, du moins certaines et, en cela, les différents acteurs sont bien au service du récit et de l’intrigue.