Genre : Comédie
Durée : 87’
Acteurs : Marina Foïs, Fabrice Eboué, Virginie Hocq, Jean-François Cayrey...
Synopsis : :
Vincent et Sophie sont bouchers. Leur commerce, tout comme leur couple, est en crise. Mais leur vie va basculer le jour où Vincent tue accidentellement un vegan militant qui a saccagé leur boutique... Pour se débarrasser du corps, il en fait un jambon que sa femme va vendre par mégarde. Jamais jambon n’avait connu un tel succès ! L’idée de recommencer pourrait bien les titiller...
La critique de Julien
Au rayon des sorties de la semaine, il y a la nouvelle comédie politiquement incorrecte de Fabrice Éboué, "Barbaque", dans laquelle lui et Marina Foïs jouent un couple de bouchers, aussi fatigué que leur viande, même de qualité. Lui, Vincent, totalement dévirilisé, mais amoureux de viande, la malaxe plus qu’il ne touche sa femme, Sophie, tandis qu’elle ne le regarde qu’avec mépris. Alors que leur petite entreprise bât de l’aile, leur boucherie sera vandalisée par un groupe de végans militants. Invités chez un couple d’amis (joués par Jean-François Cayrey et Virginie Hocq), ils se verront alors offrir une arme à feu par ces insupportables parvenus et beaufs. En effet, elle, passe sont temps à se venter de ses dépenses astronomiques, tandis que lui est responsable d’une boucherie industrielle, ce qui a de quoi rendre jaloux Vincent. Sur le chemin du retour, Vincent écrasera "malencontreusement" l’un des végans qui avait attaqué son comptoir. Fan des émissions de tueurs en série présentées par Christophe Hondelatte, Sophie, en grande manipulatrice sentimentale, soumettra alors à l’oreille de son mari de trouver une solution pour se débarrasser du corps, ce à quoi procédera Vincent, en le découpant dans son atelier, afin de le transformer en viande recomposée... Sauf que le lendemain (ce qui est assez rapide), Sophie vendra sans s’en rendre compte du jambon réalisé à partir de viande végane... Or, à la grande surprise, ce jambon semble attirer la clientèle... Bref, le « porc d’Iran » est né !
Ce n’est pas tous les jours que l’on verra au cinéma Fabrice Éboué et Marina Foïs chasser du "blanc persillé", ou encore du "punk à chien anorexique", armés d’une feuille de boucher ! Et quelque part, on ne va pas s’en plaindre, même si on avoue y avoir pris plaisir ! Loin d’être un film militant, "Barbaque" est plutôt une plaisanterie bien grasse envers les végans, et même envers et contre tous, étant donné d’innombrables dialogues et répliques où les ethnies, les groupes communautaires, ou encore les gens de couleur y en prennent pour leur grade, à coups d’agressions et d’allusions verbales. Tandis que ses scénaristes (dont Éboué lui-même) souhaitent rigoler de la société dans laquelle on vit avec tous ses extrêmes, ce film ne cachent pas d’être influencé par "C’est arrivé près de chez Vous" (1992), et cela se ressent, que ça soit au travers de son ton, que de son insolence.
Tandis qu’il ose y montrer une part d’érotisme ressentie au travers du cannibalisme, le film tente d’établir un rapprochement entre le fait de chasser (de l’humain ici, en l’occurrence) et de regagner sa dimension mâle, et dès lors de raviver le désir mutuel, généré par l’instinct... Certes, on n’y croit pas de trop, mais cela donne à voir tout de même de savoureuses séquences bien barrées, où les scènes de poursuite aboutissent par une séquence de coït entre les mariés, tels de vrais fauves. Éboué semble, en tout cas, fasciné par le côté bête féroce qui sommeille en nous... Mais au-delà de toute cette mise en scène au second degré prononcé (Vincent parle de gratin dauphinois pendant qu’il tue quelqu’un), il est bien question d’amour retrouvé, entre deux bouchers qui finissent par se retrouver grâce au sang, ce qui est assez symbolique à souligner, lesquels se font alors les yeux doux et s’envoient des bisous pendant qu’ils tranchent des organes humains, tandis qu’ils se titillent avec une main ou un pénis coupés, et repartent de plus belles, la scène d’après, pour d’autres battues...
"Barbaque", c’est une étrange comédie romantique qui froisse le communautarisme contemporain, de manière incisive, vorace, parfois très lourde, elle qui finit d’autant plus par rentrer lâchement dans les codes, et à caresser une certaine morale dans le sens du poil. C’était donc trop beau pour être vrai. Qu’importe, cette histoire (totalement) surréaliste d’un couple de bouchers ordinaires chassant du végan est... très originale, et donc à voir pour la croire !