Genre : Horreur, thriller
Durée : 105’
Acteurs : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak, Anthony Michael Hall, Will Patton, Thomas Mann, Charles Cyphers...
Synopsis :
Quelques minutes après que Laurie Strode, sa fille Karen et sa petite-fille Allyson aient laissé le monstre masqué Michael Myers prisonnier du sous-sol en flamme de Laurie, celle-ci est transportée d’urgence à l’hôpital avec des blessures mortelles, pensant qu’elle en a définitivement terminé avec son bourreau de longue date. Mais lorsque Michael parvient à se libérer du piège de Laurie, son bain de sang rituel reprend...
La critique de Julien
En 2018, le réalisateur David Gordon Green avait réussi à ressusciter la franchise "Halloween", qu’on ne présente plus, elle qui fut initiée en 1978 par John Carpenter, autour du tueur psychopathe masqué Michael Myers, lequel commet des meurtres lors de la nuit du 31 octobre de chaque année, faisant vivre un véritable enfer à sa victime favorite, Laurie Strode, jouée par Jamie Lee Curtis. Faisant suite au film original, balayant d’une traite les dix autres films sortis sur quarante ans, et considérant donc que Michael Myers a été arrêté à la fin du premier film et qu’il n’est donc pas le frère de Laurie (ce qui était révélé dans les suites), "Halloween" (2018) était parvenu à raviver la flamme, mettant en scène une respectueuse confrontation entre Laurie et Michael, réjouissant alors les fans de la première heure, et ayant permis aux autres d’assister à la (re)naissance d’un classique du cinéma de genre, remis au goût du jour avec une belle dose de nostalgie.
Avant l’arrivée d’un troisième film intitulé "Halloween Ends", prévu pour l’année prochaine, "Halloween Kills" débute quelques secondes à peine à la suite des événements du premier volet de cette trilogie signée David Gordon Green, produite par Blumhouse Productions. Laurie Strode, sa fille Karen (Judy Greer) et sa petite-fille Allyson (Andi Matichak) ont alors laissé Michael Myers (James Jude Courtney) prisonnier du brassier de la maison de Laurie, alors que celle-ci est transportée d’urgence à l’hôpital avec une grave blessure mortelle. Sauf qu’elle n’en a pas définitivement terminé avec son bourreau, lui qui parvient à s’extirper des flammes grâce à l’intervention des pompiers. Clouée (durant tout le film) au lit d’hôpital, Laurie pourra cependant compter sur Karen et Allyson, ainsi que sur les habitants de la ville d’Haddonfield (dont quatre survivants du premier massacre), bien décidés à traquer le tueur, au sein d’une rébellion, et ainsi à faire justice eux-mêmes...
En tant que rejeton du milieu, "Halloween Kills" a le mauvais rôle du film transitoire, avant le grand final (du moins, on l’espère). Or, pour faire patienter les fans, il fallait bien sortir l’artillerie lourde, et proposer une effusion de sang "made in Michael Myers", à laquelle le film répond, lui qui est davantage ciblé ici sur l’action, la vengeance, et l’agressivité. Mais cet épisode est aussi lourd dans sa démarche que l’opération que subit Laurie Strode au début du film ; son intervention nécessitant une incision chirurgicale assez détonante (car très importante), à l’heure où la médecine a fait d’énormes progrès en la question. On appelle ça chercher "l’effet" ! Et c’est d’ailleurs le menu de cet "Halloween Kills", lui qui aligne les scènes barbares de meurtre par Myers, tandis que ses traqueurs, eux, tentent, tant bien que (surtout) mal, à l’intercepter.
Sans tension aucune, et surtout au regard de l’invincibilité du tueur, "Halloween Kills" pâtit de mauvais goût et d’incohérences monstres. Comment est-ce donc possible qu’un homme résiste ainsi au feu, et aux multiples balles ? Certes, Laurie nous vend son croquemitaine comme étant le mal incarné, surhumain, et donc inarrêtable, mais il y a un moment où il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles, surtout quand plusieurs hommes armés se retrouvent autour de lui. Sauf que Myers semble poignarder plus vite que son ombre, tandis que ses ennemis, eux, semblent ne pas savoir se servir d’une arme à feu ou encore d’une arme blanche, tandis que rien ne leur dit aussi de l’attaquer en même temps, plutôt que chacun à leur tour. Dès lors, le retour d’anciens personnages tombe vite à l’eau, eux qui remplissent plus le vide qu’ils ne contribuent à agrémenter le mythe "Halloween". Sans oublier d’innocentes et pauvres victimes, qui feront les frais du bain de sang annuel de Myers. Alors certes, tout cela est manœuvré pour faire durer "le plaisir", mais malheureusement sans réelle crédibilité. Dès lors, "Halloween Kills" se transforme en phénomène de foire, sans véritables viscères dans le ventre...
Cependant, le film de David Gordon Green bénéficie d’une sympathique photographie d’ambiance, alors que la brume s’invite au cours de cette nuit d’Halloween dans les rues d’Haddonfield, décorées pour l’occasion. Sans imiter le style de Carpenter, Gordon Green le reproduit, agrémentant son récit (coécrit) de flash-back, lui qui tente vainement de se raccorder à l’actualité par ses allusions, aussi bien politiques que sociales. Sauf que le film a quelques mois de retard... Aussi, la police de caractères du générique original est toujours bien présente, tandis que Carpenter, toujours crédité comme producteur, l’est tout autant en tant que compositeur, lequel doit se réjouir en coulisse que le spectateur puisse réentendre son imparable générique et ses notes de synthés imparables. Mais tout cela est bien trop peu, et ne parvient pas à contrebalancer le manque d’effrois de l’ensemble, sans compter sur un manque cruel de second degré. Bref, Laurie, reviens-nous, et quitte vite cet hôpital !