Synopsis : Un homme condamné trop jeune par la maladie. La souffrance d’une mère face à l’inacceptable. Le dévouement d’un médecin et d’une infirmière pour les accompagner sur l’impossible chemin. Une année, quatre saisons, pour « danser » avec la maladie, l’apprivoiser, et comprendre ce que ça signifie : mourir de son vivant.
Acteurs : Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Cécile de France, Gabriel Sara
Avec "De son vivant" la réalisatrice Emmanuelle Bercot retrouve Catherine Deneuve et Benoit Magimel qui avaient joué pour elle dans l’excellent La tête haute (2015) mais également, d’une certaine façon le milieu médical abordé en 2016 dans La fille de Brest qui traitait du scandale du Mediator (avec également Benoît Magimel). Le film traitait avec sobriété et émotion d’un scandale qui a marqué la France et le milieu médical. Il s’agissait d’une histoire vraie.
Pour son dernier film, Emmanuelle Bercot ne traite pas d’une histoire vraie en tant que telle mais bien de la vérité du cancer et de l’accompagnement des personnes cancéreuses et cela en intégrant dans le casting un véritable médecin (qui n’est donc pas acteur) le docteur Gabriel Sara qui joue ici le rôle qui est le sien dans la "vraie vie". Le docteur libanais Sara vit à New-York, il est oncologue-hématologue et exerce au Mount Sinai-Roosevelt Hospital. Il est notamment connu pour son travail sur le rôle de la musique en médecine. "Mondialement connu et reconnu pour sa compétence, son humanité, son écoute et sa rigueur scientifique, le Docteur Sara va aujourd’hui encore plus loin en faisant développer dans son service un programme de psychothérapie par la musique. Cette expérience novatrice de lutte contre la maladie et la douleur, par le biais de la musique et d’amélioration du confort des malades, est consignée dans son ouvrage ‘Music and Medicine : Integrative Models in the Treatment of Pain’. Le Docteur Gabriel A. Sara raconte à l’Agenda Culturel cet extraordinaire parcours.(Source) Autant dire que la performance de Gabriel Sara dans le rôle du Dr Eddé est très juste, comme s’il n’avait jamais fait que cela. Et c’est assez rare pour le souligner [1].
De son vivant offre deux rôles exceptionnels à Catherine Deneuve et surtout à Benoît Magimel qui trouve ici un de ses meilleurs. Le film joue sur les émotions et les quatre saisons qu’il parcourt se déroulent en forme de mélodrame, totalement assumé. L’on est sur une ligne de crête, jouant sur les émotions, au risque de sembler en faire trop, alors qu’il n’en est rien et que le ton est juste. L’on accompagne avec tendresse, émotion et empathie Benjamin, cet homme proche de la cinquantaine et qui apprend que son cancer agressif est en phase quatre. Les jours sont comptés et il ne sera pas donné plus d’une année pour prendre une route abrupte dont on connait l’issue fatale. Autour (ou aux côtés de) Benjamin, il y a sa mère, Chrystal qui constate qu’il n’y a pas de mot pour dire orphelin de son enfant. En revanche, Benjamin devra ou pourra découvrir qu’il peut dire cinq mots avant de partir : Pardonne-moi, je te pardonne, je t’aime, merci, au revoir ! Pour les dire, les faire advenir à la bouche, certain·e·s humain·e·s ne seront pas de trop : outre sa mère et le docteur Eddé, il y a Eugénie une infirmière (Cécile de France), le personnel infirmier (dont certain·e·s sont interprétés par de véritables soignant·e·s) mais aussi la musique et la danse. Ainsi, dès le début du film le Godspell qui peut paraître too much ici dans nos pays mais ne l’est pas pour le docteur Sara/Eddé qui transpose ici son expérience de la thérapie par la musique, notamment par l’interprétation tout en émotion du musicothérapeute (Clément Ducol) ! Il faut encore citer le tango, une des choses qui a motivé la réalisatrice : "Ce sont des dizaines et des dizaines d’heures de récit, de discussions, de rencontres avec d’anciens malades, avec son assistante, le musicothérapeute de l’hôpital, les soignants, et le privilège de pouvoir assister à cette scène surréaliste (quand on voit ça pour la première fois) : le tango en salle de chimio. Le jour où j’ai vu ça, j’ai eu la certitude qu’il y avait un film à faire !".
Dans ce parcours vers la fin, il faudra envisager celle-ci, notamment les dispositions de fin de vie (acharnement, intubation... ou pas). Mais surtout autoriser le malade à partir... et, pour celui-ci, partir quand il s’y autorise, thèmes que l’on découvrira dans ce film profondément humain dont on retiendra aussi le thème d’une paternité en creux (nous ne dévoilerons pas plus) à découvrir grâce au jeune acteur Oscar Morgan (qui n’avait joué jusque là que dans quelques séries américaines).