Genre : Horreur, thriller
Durée : 109’
Acteurs : Annabelle Wallis, George Young, Maddie Hasson, Jake Abel, Mckenna Grace, Jacqueline McKenzie...
Synopsis :
La vie de Madison Mitchell est perturbée lorsque de terribles visions viennent la hanter. Quelle est cette créature malveillante qui la poursuit et commet ces meurtres atroces ?
La critique de Julien
James Wan, l’un des maîtres contemporains du cinéma d’horreur, nous dévoile enfin sa nouvelle création, tant attendue par les fans du genre, et intitulée "Malignant". Et c’est peu de le dire, elle qui devait initialement sortir l’été dernier, avant d’être repoussée pour les raisons que l’on connaît tous. Créateur des franchises horrifiques à succès "Saw", "Conjuring", ou encore "Insidious", et tout aussi à l’aise avec les gros budgets (il a également mis en scène "Fast & Furious 7" et "Aquaman" - et bientôt sa suite), "Malignant" n’est pas, contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, l’adaptation de "Malignant Man" (2011), son roman graphique co-écrit avec Michael Alan Nelson. Il est bien basé sur une histoire originale qu’il a écrite aux côtés d’Ingrid Bisu, son épouse, elle qui joue d’ailleurs ici un rôle secondaire, tout en coproduisant l’affaire. Dans ce thriller horrifique, il est question de Madison Mitchell, jouée par Annabelle Wallis ("Annabelle"), qui commence à avoir des visions plutôt inquiétantes, au travers desquelles elle assiste, impuissante, à d’horribles meurtres commis par une terrible entité. Il se pourrait bien que cela ait un lien avec son passé…
D’entrée de jeu, le ton est donné. Ainsi, le choix d’un générique d’ouverture très rock déstabilise, dans le sens où l’on s’attendait plutôt à une musique inquiétante, comme à l’accoutumée. Que du contraire ici, tandis que Wan semble s’être beaucoup amusé à mettre en scène ce film. Et cela se ressent ! D’ailleurs, soyez attentif à cette ouverture, laquelle dévoile quelques indices glissés ici et là sur les dessous de cette terrifiante histoire (dans tous les sens du terme), incapable à résumer sans spoiler. C’est pourquoi on n’en dira rien de plus !
"Malignant" commence alors comme un drame conjugal, avant de tourner vers l’épouvante, et prendre ensuite une direction totalement imprévisible, à la façon d’un giallo, laquelle relève de l’imagination débordante (et maladive ?) de ses auteurs. Le film laisse également place à des scènes d’action détonantes, étant donné qu’on est loin ici de l’effet d’intimité angoissant recherché dans les films de genre à petit budget. Il en faut donc beaucoup pour penser à un truc pareil, tant c’est tout simplement... laid ! En tout cas, lorsque les réponses affluent, et que l’on parvient enfin à rattacher tous les éléments - et événements passés - entre eux, des feux d’artifice explosent littéralement dans notre tête, preuve de la manipulation expérimentale de l’histoire, au travers notamment des illusions présumées.
En plus d’offrir de jolies prises de vues de Seattle, "Malignant" offre ainsi un malin plaisir au spectateur qui aime se faire surprendre, alors que son cinéaste (avec ses scénaristes) sort ici de la zone de confort qu’on attendait de lui, pour s’essayer à un film d’horreur hybride et clinique, dans la même veine que "Splice" (2010) de Vincenzo Natali. Car il y a quelque chose de fou dans cette histoire tordue, que nul ne pourrait prédire. Pas étonnant d’ailleurs que Wan ait demandé à ses fans, sur les réseaux sociaux, de ne pas dévoiler le twist final, ou plutôt le "pourquoi du comment". Mais à double tranchant, ce retournement de situation amuse plutôt qu’il effraie, tandis que la dernière partie du film tourne, inévitablement, au grotesque, mais assumé. Il en est de même pour l’écriture de certains personnages, qui agissent parfois de manière insensée, tandis que l’image des policiers y est égratignée, mais avec beaucoup d’autodérision. Quant à Annabelle Wallis, on la salue d’avoir accepté un tel rôle, pas franchement gratifiant sur un curriculum vitæ, même si elle s’en sort avec les honneurs, et sans doute avec un grand mal de crâne...