Genre : Comédie dramatique
Durée : 106’
Acteurs : Kad Merad, Marina Hands, Laurent Stocker, Pierre Lottin, David Ayala, Lamine Cissokho...
Synopsis :
Un acteur en galère accepte pour boucler ses fins de mois d’animer un atelier théâtre en prison. Surpris par les talents de comédien des détenus, il se met en tête de monter avec eux une pièce sur la scène d’un vrai théâtre. Commence alors une formidable aventure humaine. Inspiré d’une histoire vraie.
La critique de Julien
Après son premier film "Cessez-le-feu" (2016), le scénariste, acteur de second-rôle et réalisateur Emmanuel Courcol adapte librement l’histoire vraie de Jan Jönson, soit celle d’un comédien suédois qui, en 1985, avait monté la pièce "En attendant Godot" de Samuel Beckett avec des détenus d’une prison de haute sécurité, elle qui reflétait dès lors leur vie, eux qui se plaignaient alors de passer leur temps à attendre. Présenté au Festival du Film d’Angoulême en août 2020, où il avait reçu le Valois du public et celui du meilleur acteur pour Sofian Khammes et Pierre Lottin, "Un triomphe" avait également reçu le label "Cannes 2020". Et c’est ici Kad Merad que l’on retrouve dans le rôle à contre-emploi d’un acteur de théâtre, Étienne, blessé par la vie, que ça soit par le milieu ou par les siens, et qui, pour arrondir les fins de mois, acceptera d’animer un atelier théâtre en prison. Mais alors que l’atelier ne devait durer que quelques jours, il va convaincre la directrice de la prison (Marina Hands) - très axée sur la réinsertion - à répéter pendant six mois afin de pouvoir mener à bien un projet d’envergure avec les détenus (nécessitant l’accord du juge), étant donné leur talent, soit celui de mettre en scène une pièce de théâtre, et de les faire jouer tels des professionnels, rémunérés, au théâtre de la Croix-Rousse, dirigé par l’ami de longue date d’Étienne, Stéphane (Laurent Stocker). Cette expérience sera alors l’occasion pour Étienne de se retrouver, et de se réaliser, lui qui va se battre avec une grande pugnacité pour ces/ses prisonniers, afin de faire entendre leur voix, et leur condition...
Cette comédie dramatique a été tournée au Centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin, où Emmanuel Courcol avait déjà réalisé son documentaire "Douze Cordes" (2019), centré sur un spectacle joué par huit détenus, alors imaginé par Irène Muscari, la coordinatrice culturelle du SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) au sein de la prison de Meaux-Chauconin, qui, depuis douze ans, offre des ateliers théâtre, des concerts, ainsi que des conférences aux détenus. Mais il a fallu réinventer ici cette histoire, étant donné que le milieu carcéral suédois des années quatre-vingts est très éloigné de celui des prisons françaises actuelles. Mais loin d’en faire de trop, et sans moraliser, "Un Triomphe" trouve un juste équilibre entre les personnages secondaires, reflétant la diversité de la population carcérale française - avec un Pierre Lottin (Wilfried dans "Les Tuches") méconnaissable - et celui que joue formidablement Kad Merad, avec détermination, et failles. Tous évoluent alors, s’affirment et existent devant la caméra du cinéaste. On en apprend ainsi sur chacun d’eux, tandis qu’Étienne se refuse de connaître les causes de leur détention, sans jugement de valeur, donc. Le film d’Emmanuel Courcol est alors avant tout un plaidoyer humain, un film qui fédère, tout en parvenant à éviter les clichés du genre. L’histoire laisse alors place aux mots, à la libération artistique et des maux, au collectif, et prouve que la beauté peut-être partout, et même en prison. Il faut juste vouloir aller la chercher, et lui donner la chance de s’exprimer...