Synopsis : Nora entre en primaire lorsqu’elle est confrontée au harcèlement dont son grand frère Abel est victime. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Une plongée immersive, à hauteur d’enfant, dans le monde de l’école.
Acteurs : Maya Vanderbeque, Günter Duret, Karim Leklou, Laura Verlinden
Lien vers l’interview de Laura Wandel
Au moment d’écrire cette critique, la note IMDB est de 5,5 sur une cinquantaine de votes et l’on ne trouve pas la courbe de Gauss traditionnelle. Il faudra voir ce qu’en pense le public mais pour son premier film Laura Wandel frappe fort, très fort (trop fort ?), dans un film en forme de coup de poing. Un film qui est presqu’un moyen-métrage avec ses 73 minutes. Un ami, programmateur de films dans un cinéma me présentait le film comme étant : "Le fils de Saul" (à l’école) ! Tout comme le film de László Nemes, la caméra suit Nora et ne la quittera plus jusqu’à fin du film (c’est à la fois la force mais aussi la faiblesse du film). Et l’on pourrait, dans la mouvance du film de László Nemes, titrer celui de Laura Wendel "Le frère de Nora". Car il est l’enjeu du film et, à défaut d’être absent, il est "invisible" ou du moins "hors champ" !
Dès le début, la caméra est centrée sur Nora (premier rôle pour la toute jeune carolo Maya Vanderbeque), à sa hauteur. Cette caméra ne sera quasiment jamais à hauteur d’adultes et l’on voit leurs visages lorsque l’on a une vision lointaine de ceux-ci ou lorsqu’ils/elles sont assis et donc à hauteur de Nora ! Mais Nora aime son frère Abel et veut le rejoindre, lui qui l’a précédé à l’école une année auparavant. Laura est en pleurs et tout nous donne à penser qu’elle sera le centre du film parce qu’elle vivra difficilement l’épreuve de l’école. Et Nora veut se lier, se coller à son frère, le suivre profiter probablement de sa protection. Or le film nous fera sortir de ce point de vue. Car c’est Abel qui sera victime de harcèlement (et notamment à cause d’elle Nora, qui a voulu se faire trop proche de lui !). Nous ne verrons cependant que peu les agressions vis-à-vis d’Abel, si ce n’est pas les yeux de Nora, ou plutôt qu’il nous est donné de découvrir que Nora voit et entend des choses qui arrivent à son frère et que nous ne voyons que sur les à-côtés de l’image ! Et il y aura escalade à cause de Nora qui veut aider son frère. Celui-ci sera ostracisé et, pour pouvoir être intégrée, celle-ci devra, à son tour renier Abel. Nous n’irons pas plus loin pour laisser un peu de surprise au spectateur. Sachez aussi que les adultes ont place dans le film : qu’il s’agisse du père de Nora, de celui des "bourreaux", des enseignants et du personnel scolaire, confronté avec peu de moyen à ce qui parait être d’une anormale banalité !
Grâce à ce film, l’on découvre, si besoin est, à hauteur d’enfant(s) des mécanismes qui sont et seront présents chez les jeunes adultes et les adultes dans des groupes : dans le secondaire, dans les universités, à l’armée, dans les bizutages. L’on comprendra le lieu de naissance des mécanismes de dominations, ceux-là où les victimes de l’année précédente deviennent bourreaux à leur tour (pour faire payer ce qu’elles ont subi ?!). La caméra quittera Nora, dans un plan miroir du plan inaugural.