Synopsis : New York, 1996. Joanna (Margaret Qualley) est une jeune diplômée en littérature qui veut devenir écrivaine. Mais à peine a-t-elle le temps de poursuivre son objectif qu’elle est embauchée comme assistante dans une agence littéraire renommée mais plutôt traditionnelle. Sa patronne, Margaret (Sigourney Weaver), une femme sévère et intimidante, est l’agente de J.D. Salinger.
L’auteur mythique veut publier un livre plus de trente ans après sa dernière parution. Malgré sa longue absence, Salinger reçoit encore des milliers de lettres d’admirateurs qui veulent établir un contact avec lui. Le travail de Joanna consiste alors principalement à leur envoyer la même lettre générique. Mais lorsqu’elle commence à répondre personnellement à certaines de ces lettres, Joanna s’investit émotionnellement. La jeune femme est alors forcée de se questionner sur son avenir : souhaite-t-elle travailler en édition ou devenir écrivaine à part entière ? Salinger et ses admirateurs joueront un rôle discret, mais significatif, dans son cheminement. [1]
Acteurs : Margaret Qualley, Sigourney Weaver, Douglas Booth, Colm Feore, Brían F. O’Byrne
Le réalisateur canadien Philippe Falardeau adapte le roman My Salinger Year publié par Joanna Rakoff en 2014, dans un film éponyme dont il est aux commandes de la réalisation et du scénario. Ce film de 2020 sort en cette fin août sur les écrans belges et raconte la première année de Joanna Rakoff comme assistante littéraire dans l’agence (très old school) qui s’occupait des intérêts de l’écrivain J. D. Salinger (Jerome David Salinger) qui a mené une vie de reclus et n’a plus fait aucune apparition publique et a évité toute exposition médiatique à partir de la fin des années 1960. Selon Wikipedia dont sont extraites les citations de ce paragraphe, sa dernière publication est une nouvelle épistolaire parue en juin 1965 et la dernière entrevue qu’il a accordée date de 1980.
C’est Margaret Qualley qui incarne Joanna, cette jeune femme, qui rêve d’être romancière et se prend au jeu de répondre aux lettres de fans de Salinger alors que ses instructions étaient claires : une réponse type, toujours la même, brève qui informait que la lettre ne serait pas transmise à l’auteur et serait détruite selon ses instructions. Mais Joanna se prend soudain l’envie de répondre à certains fans et déclenche des réactions en cascade. A commencer par celles de collaborateurs de l’agence, menée de main de maître ou de maîtresse femme par Margaret (Sigourney Weaver), excellente dans ce rôle de directrice à l’ancienne, qui ne jure que par la machine à écrire et proscrit l’usage de l’ordinateur (nous sommes en 1996, celui-ci n’est pas encore omniprésent comme aujourd’hui). Certains ont vu une tension entre ces deux protagonistes, à l’image de The Devil Wears Prada (2006) mais c’est une fausse comparaison. La relation entre les deux femmes est fondamentalement différentes et il y a du respect réciproque, malgré la tension de certaines situations.
Joanna a deux amours, celui, musicien, qu’elle laissé à la maison, celui qu’elle découvre à New York dans la personne de son colocataire... mais l’essentiel du film ne se joue pas dans cette double relation et sa gestion mais plutôt dans l’univers subtil qui se crée par rapport à la relation avec Salinger mais aussi la naissance d’une vocation d’écrivaine. Et, superbe idée de génie, les fans apparaissent à l’écran en brisant d’une certaine façon le "quatrième mur" en s’adressant à la caméra pour faire part de leur réaction et ressenti (parfois à plusieurs reprises). Cela apporte un charme qui devra ravir ceux et celles qui ont une âme littéraire et/ou épistolaire.
Au terme du film, lorsque Joanna fait ses adieux à l’agence (et à nous également puisque le film se conclut) l’on reste saisi de l’émotion d’avoir accompagné cette jeune femme durant une année (condensée en 1h40 bien sûr), d’avoir vibré à ses interactions avec les fans, avec Salinger, avec Margaret, avec son ou ses boyfriend(s) et de découvrir qu’un avenir s’offre à elle, plein de potentialité. Un film plein de charme et d’émotion.