Genre : Drame
Durée : 100’
Acteurs : Magdalena Kolesnik, Julian Swiezewski, Aleksandra Konieczna, Zbigniew Zamachowski
Synopsis :
Sylwia est belle, sportive, énergique. Elle est la coach sportive du moment. Avec 600 000 abonnés, elle est influenceuse et courtisée par les marques. Mais derrière le succès virtuel, la solitude, bien réelle, ne se partage avec personne...
La critique de Julien
Après son premier film "The Here After (Efterskalv)", présenté en 2015 à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes, le réalisateur et scénariste suédois Magnus von Horn revient avec "Sweat", dans lequel il met en scène le portrait moderne et tout en sueur d’une influenceuse polonaise coach de fitness à l’ère des réseaux sociaux. Sans être un grand film en termes de cinématographie, ce drame contemporain, label "Cannes 2020, témoigne de l’ultra-solitude, de l’accoutumance forcée, de l’engrenage psychologique vicieux du métier d’influenceur, ainsi que de la nécessité de marketing digital comme clé de réussite, et dès lors tout ce que cela appelle de temps, d’énergie et de résistance à l’échec.
On y suit alors le quotidien de Sylwia (Magdalena Kolesnik), appréciée de tous, mais aimée de personne. Ou en tous cas, pas comme elle le souhaiterait. Coach sportive professionnelle, la demoiselle s’adonne alors à des séances publiques d’entraînements, elle qui édite un post toutes les deux minutes sur Instagram, alors suivie par six-cent mille personnes, tout en y faisait paraître ses vidéos aussi naturellement que le fait de monter des escaliers (elle les prend systématiquement au lieu de l’ascenseur). D’ailleurs, "Sweat" montre combien Sylwia souffre de sa position, et cela aussi bien physiquement, puisqu’elle doit s’entraîner des heures et faire l’impasse sur beaucoup de choses, que psychologiquement, étant donné l’impact émotionnel de cette retenue en tous points. Scrutée par les plus grandes marques, Sylwia leur offre alors un sponsoring au travers de ses vidéos, elle qui doit dès lors mesurer ses interventions, afin de ne pas nuire aux marques qu’elle promeut. Sauf qu’elle vient de poster une vidéo de détresse, faisant état de l’isolement qu’elle subit, et de l’envie d’être entourée dans sa vie, ce qui, au contraire de ses produits, n’est pas à vendre...
Sans approfondir les nombreuses questions qu’il soulève ici, Magnus von Horn parvient à faire subtilement état des conséquences de la situation de son anti-héroïne des temps modernes, et cela aussi bien au travers du (premier !) jeu troublant et pénétrant de son actrice principale Magdalena Kolesnik, que dans sa manière de filmer sa trépidante - mais triste - vie à la façon d’un documentaire, au plus près de son visage, et de sa palette d’émotions, elle qui, en temps normal, parvenait à les contenir... "Sweat" nous montre alors le gouffre entre la vie numérique et réelle que vit Sylwia, quasiment transparente dans cette dernière, notamment aux yeux de sa famille, ainsi que la difficulté d’éprouver de vrais sentiments quand on n’a pas l’habitude d’en partager "en vrai", et de faire confiance en quelqu’un. Son film nous parle aussi de l’image que l’influenceuse doit systématiquement montrer aux yeux de ses followers, elle qui est pourtant fatiguée de toujours devoir être "à la hauteur". Enfin, le réalisateur s’est aussi lancé ici sur la question délicate du harcèlement et de sa frontière, étant donné qu’un homme est constamment garé en bas de l’immeuble dans lequel elle occupe un appartement...