Genre : Comédie, horreur
Durée : 88’
Acteurs : Anthony Bajon, Christine Gautier, Noémie Lvovsky, Guillaume Mattera...
Synopsis :
Dans les Pyrénées, un loup attise la colère des villageois. Teddy, 19 ans, sans diplôme, vit avec son oncle adoptif et travaille dans un salon de massage. Sa petite amie Rebecca passe bientôt son bac, promise à un avenir radieux. Pour eux, c’est un été ordinaire qui s’annonce. Mais un soir de pleine lune, Teddy est griffé par une bête inconnue. Les semaines qui suivent, il est pris de curieuses pulsions animales...
La critique de Julien
Le cinéma de genre français étonne encore, et toujours plus, avec "Teddy", seconde réalisation des frères jumeaux Boukherma, lesquels avaient été convoité par un certain Festival de Cannes, en 2016, avec leur premier film "Willy 1er", co-réalisé avec Marielle Gautier et Hugo P. Thomas. Les voici donc de retour, avec leur second, intitulé "Teddy", porteur du label Sélection Officielle du Festival de Cannes 2020, et Prix du Jury au dernier Festival international du film fantastique de Gérardmer. Oui, rien que ça ! À la suite de leur court-métrage "La Naissance du Monstre" (2017), à l’origine de ce nouveau projet, "Teddy" met en scène Anthony Bajon, révélé par son premier rôle dans le film "La Prière" (2018) de Cédric Kahn, dans la peau d’un jeune homme rebelle, déscolarisé, féru de champignons, sans réelles ambitions, et venant d’un milieu social défavorisé, lui qui est en couple et travaille, sans diplôme en main, dans un salon de massage. Mais alors que le loup rôde dans son département des Pyrénées-Orientales, Teddy se fera griffer par une bête inconnue, lequel verra alors son corps changer à mesure que des pulsions de chasse l’envahiront, chaque soir de pleine lune...
Alors que la question du loup fait partout débat entre éleveurs et défenseurs de l’environnement, les réalisateurs ont vu entre l’histoire de ce jeune homme et la condition de l’animal un certain parallèle original. En effet, alors que ce dernier est la bête à abattre pour certains, Teddy, lui, est détesté par les villageois, lequel finira, à force de frustrations, par s’en prendre, sans ne rien voir arriver, aux villageois. Qu’à cela ne tienne, "Teddy" n’est pas un film de loup-garou tel qu’on l’entend. D’ailleurs, les deux cinéastes ont fait le choix de ne pas en montrer la couleur afin, d’une part, de laisser le spectateur l’imaginer, et d’autre part pour une question de budget, et donc de crédibilité de la bête. Pourtant, les frères ne nous épargnent pas son lot de sang nécessaire à toute bonne histoire de loup-garou qui se mérite, ainsi que quelques scènes plutôt gores. Mais ceux qui s’attendent là à une transformation telle que celle, à titre d’exemple, de Benicio del Toro dans "Wolfman" (de Joe Johnston) seront (très) déçus.
À ne pas s’y tromper, l’image du loup-garou est utilisée ici comme une métaphore sociale venant appuyer l’accumulation de colère de Teddy, laquelle va, dans son cas, déboucher sur une forme de monstruosité inconsciente. Le film de Ludovic et Zoran Boukherma nous parle alors d’un jeune homme ayant grandi en marge de la société, voire rejeté, exclu de tous (excepté de son oncle adoptif, Pépin, joué par Ludovic Torrent, un acteur non-professionnel doté d’une élocution particulière), lequel va, après avoir encaissé les coups à longueur de journée, les rendre pendant la nuit, mais sans le vouloir, comme si le loup-garou faisait justice, à sa façon.
Et on aurait tort de ne pas parler de l’interprétation (dés)équilibrée de Anthony Bajon, dans un rôle loin d’être facile à appréhender, et à assumer, sans tomber dans la caricature. Mais il faut dire que la mise en scène et le scénario, aux notes humoristiques bienveillantes des réalisateurs quant à la situation de Teddy, lui sied parfaitement à la peau, ou plutôt aux poils !