Genre : Horreur
Durée : 112’
Acteurs : Patrick Wilson, Vera Farmiga, Ruairi O’Connor, Sarah Catherine Hook, Julian Hilliard...
Synopsis :
Une affaire terrifiante de meurtre et de présence maléfique mystérieuse ébranle même les enquêteurs paranormaux Ed et Lorraine Warren, pourtant très aguerris. Dans cette affaire issue de leurs dossiers secrets, Ed et Lorrain commencent par se battre pour protéger l’âme d’un petit garçon, puis basculent dans un monde radicalement inconnu. C’est la première fois dans l’histoire des Etats-Unis qu’un homme soupçonné de meurtre plaide la possession démoniaque comme ligne de défense.
La critique de Julien
Et de huit ! Le "Conjuring Universe" revient cette semaine-ci dans les salles de cinéma belges avec une troisième aventure centrée autour d’une des enquêtes paranormales et époux Warren, qu’on ne présente plus. "Sous l’Emprise du Diable" est basé sur le procès pour meurtre d’Arne Cheyenne Johnson, lequel a eu lieu en 1981, dans le Connecticut, la défense ayant assignée le Diable en justice, cherchant à revendiquer la possession démoniaque afin de prouver l’innocence du présumé coupable. Également connu sous le nom "The Devil Made Me Do It" (emprunté pour le titre anglophone du film), ce procès a fait couler beaucoup d’encre, tandis que le principal intéressé a été jugé pour homicide involontaire au premier degré pour le meurtre de son propriétaire, Alan Bono, bien qu’il n’ait purgé que cinq ans. Pour la petite histoire, Arne aurait demandé au démon présent dans le corps de son beau-frère, David Glatzel, 11 ans, de quitter l’enveloppe corporelle de ce dernier afin de prendre la sienne, lors d’un exorcisme réalisé par les Warren. Pour les intéressés, l’écrivain Gerald Brittle a écrit un livre polémique autour de ce procès pour le moins... surnaturel, avec l’aide de Lorraine Warren, "The Devil in Connecticut", paru en 1983.
Au départ, ce troisième opus "Conjuring" devait parler de lycanthropie, selon les dires du metteur en scène James Wan, lui qui ne rempile pas ici à la réalisation, faute d’emploi du temps. Il n’en sera finalement rien, à notre plus grand regret, tandis que c’est le cinéaste Michael Chaves qui a été embauché pour réaliser ce film, lui à qui l’on doit "La Malédiction de la Dame Blanche" (2019), précédent segment cinématographique de cet univers horrifique.
Mais alors, que vaut donc "Sous l’Emprise du Diable" ? Et bien rien de transcendant. Chaves n’est pas Wan, et le scénario, s’il s’inspire dans ses premières lignes de l’affaire de Arne Johnson, prend une tournure fictive toute autre, plutôt que de relater, par exemple, l’histoire de son procès, bien plus intéressant, selon nous, lui qui fut bien réel. Alors, oui, pour une fois, il n’est pas question de démon au sens premier de terme, mais bien ici d’invocations démoniaques, par sorcellerie, ce qui a au moins le mérite de changer de la soupe habituelle. Mais malheureusement, cette intrigue dénature totalement la vérité, recyclant pour l’occasion les pires clichés des adeptes de magie noire, tandis qu’elle tente de se raccrocher péniblement à Arne Johnson. Car pendant que celui-ci ne coule pas des jours heureux en prison, Ed et Lorraine enquêteront sur son cas afin de trouver des preuves tangibles pour la défense de son procès. On n’en dira pas une goutte de plus, si ce n’est que cette histoire "dans l’histoire" ne tient pas la route, et ne livre surtout pas toutes ses réponses.
Heureusement, il faut reconnaître au film de Michael Chaves quelques bonnes idées de mise en scène et de sympathiques moments, lesquels créés en nous quelques (rares) sueurs froides, aidées par un travail du son favorisant les silences, et le hors-champs. De plus, pour nous consoler, Lorraine (Vera Farmiga) et Ed (Patrick Wilson) restent les pierres angulaires du film, eux dont l’amour n’aura jamais été important et mis à l’épreuve qu’au cours de cette enquête. Mais dans l’absolu, "Sous l’Emprise du Diable" n’épate pas, joue beaucoup trop sur des jump scares traditionnels, tandis qu’on peine à retenir au moins une scène du film nous ayant marquée. Soit tout le contraire des deux précédents opus, qu’on se le dise.