Genre : Drame
Durée : 90’
Acteurs : Maïwenn, Louis Garrel, Fanny Ardant, Marine Vacth, Dylan Robert...
Synopsis :
Neige, divorcée et mère de trois enfants, rend régulièrement visite à Émir, son grand-père algérien qui vit désormais en maison de retraite. Elle adore et admire ce pilier de la famille, qui l’a élevée et surtout protégée de la toxicité de ses parents. Les rapports entre les nombreux membres de la famille sont compliqués et les rancœurs nombreuses... Heureusement Neige peut compter sur le soutien et l’humour de François, son ex. La mort du grand-père va déclencher une tempête familiale et une profonde crise identitaire chez Neige. Dès lors elle va vouloir comprendre et connaître son ADN.
La critique de Julien
Dix années après avoir secoué le Festival de Cannes avec "Polisse" (Prix du Jury en 2011), Maïwenn nous dévoile enfin sa sixième réalisation (dont un court et un faux documentaire), elle qui était sortie l’espace de 3 journées en octobre dernier, avant que les salles de cinéma soient fermées pour sept longs mois. Alors qu’elle s’attarde depuis cinq années sur un long projet difficile à écrire et à financer (à savoir un film sur Madame du Barry, la maîtresse de Louis XV), la cinéaste s’est lancée, après l’aval de son producteur, dans une réalisation beaucoup moins chère à produire, elle qui a alors sorti ses notes avant de les mettre en forme pour "ADN", qui, comme son titre l’indique, traite de la question identitaire, d’héritage et de racine, et cela par le biais du deuil d’un être proche, et tant aimé.
Et autant dire que le synopsis résume à lui seul ce film en mode mineur, quelque peu nombriliste. Certes, les questions qu’il aborde sont essentielles pour qui s’intéresse à ses origines (et d’autant plus dans le cas de Neige, le personnage principal joué par la réalisatrice et coscénariste elle-même), mais les réponses apportées ici sont bien trop superficielles, et le travail réalisé sur la personne du personnage principal un brin léger. D’ailleurs, cette réalisation a été souhaitée plus light dans sa conception par Maïwenn, elle qui voulait retrouver la liberté de son premier film, et laisser, par la même occasion, une part d’improvisation à ses acteurs, sur base d’un scénario d’une quarantaine de pages. Or, certains dialogues sonnent surfaits, voire faux (on pense notamment à celui entre Maïwenn et Fanny Ardant, en pleine rue). C’est donc obsédée par ses propres questions qu’elle filme une histoire non-autobiographique, bien que calquée de parallèles à la sienne, autour de Neige, une mère de trois enfants divorcée, et totalement retournée par la disparition de son grand-père, jusque-là pilier de sa famille, volant maintenant en éclat. De plus, chacun de ses membres a bien du mal à gérer son émotion face à ce départ, ainsi que la logistique qu’un enterrement engendre, eux qui ne parviennent pas non plus à se mettre d’accord sur ce qui reflète véritablement leur modèle défunt. C’est sans doute qu’ils ne le (et ne se) connaissent pas assez pour le représenter au mieux...
C’est triste à dire, mais c’est un peu le florilège des personnalités stéréotypées dans cette famille, allant de la folle mère de service (Fanny Ardant) au petit comique de situation (Louis Garrel), en passant par le père castrateur (Alain Françon). Mentions spéciales à Marine Vacth, dans le rôle de la sœur éloignée, mais sous-exploité, et à Dylan Robert, découvert dans l’inédit "Shéhérazade" de Jean-Bernard Marlin, très émouvant dans la peau d’un jeune cousin admiratif de son grand-père, mais justement trop peu présent à l’écran à compter du décès en question, élément perturbateur de ce récit, duquel n’émane malheureusement que peu d’émotions. On a alors l’impression que le film tente de montrer et dire beaucoup de choses, sans parvenir à creuser ses questions, alors que Maïwenn, comme cité dans le dossier de presse, a également "voulu faire un film contre le racisme et pour les immigrés, peu importe de quelle génération ou de quelle origine géographique". Mais on peine à le voir et à le ressentir, alors que ses personnages passent la moitié du film à pleurer, ou à se crier dessus...