Signe(s) particulier(s) :
– adaptation de la pièce de théâtre de Broadway "The Boys in the Band" (1968) produite par Mart Crowley (co-scénariste du film), laquelle a fêté son cinquantième anniversaire en 2018 ;
– le film met en vedette le casting complet de la reprise de la pièce en 2018 pour son cinquantième anniversaire, composé exclusivement d’acteurs gays, dont Jim Parsons, Zachary Quinto, ou Matt Bomer ;
– un documentaire est sorti en même tant que le film sur Netflix, dans lequel on peut y suivre le créateur de la pièce originale Mart Crowley parlant de l’héritage de son histoire.
Résumé : Dans un appartement de l’Upper East Side, Michael, homosexuel cynique au train de vie princier, organise une fête d’anniversaire pour son ami Harold. Alors que les premiers convives s’amusent et se charrient, Harold tarde à apparaître. Michael doit en outre accepter un invité de dernière minute : son ami de fac Alan, homme marié qu’il soupçonne d’être un " homo refoulé ". Lorsqu’Harold arrive enfin, celui-ci affiche une humeur sarcastique qui alourdit l’atmosphère. Chacun laisse alors éclater ses rancœurs…
La critique de Julien
"The Boys in the Band", c’est avant tout une pièce de théâtre off-Broadway (d’une capacité plus petite que celle des théâtres de Broadway), créée en 1968 par Mart Crowley, laquelle a, en son temps, révolutionné l’image de la vie gay, à New York, à une période où l’homosexualité était encore tabou, et qui plus est jouée par des comédiens homosexuels, lesquels avaient également interprétés leurs rôles dans la première adaptation de la pièce, en 1970, alors mise en scène par William Friedkin ("L’Exorciste"). Déjà crédité à l’époque comme co-producteur du film, Mart Crowley est également de la partie dans cette seconde adaptation, initiée par l’infatigable Ryan Murphy, dans le cadre de son contrat de 300 millions de dollars avec la plate-forme de streaming (sa dernière série en date, "Ratched", a débarqué en septembre dernier sur le même service, et quelques mois seulement après "Hollywood"). Et pour la petite histoire, c’est d’ailleurs à lui que "The Boy in the Band" doit sa résurrection sur les planches de Broadway, en 2018, dirigée par Joe Mantello, alors que ce dernier et la distribution entière de cette renaissance ont accepté de reprendre leurs rôles pour le film, faisant également du film une distribution d’acteurs ouvertement gay. La boucle est donc bouclée !
L’histoire, elle est très simple, puisqu’elle se déroule dans un appartement de l’Upper East Side de Manhattan, durant une fête d’anniversaire. Un invité surprise et un jeu alcoolisé vont alors amener ces sept amis à se regarder en face et s’avouer des vérités et rancœurs inavouées, le tout poussé par Michael (Jim Persons), un chrétien homosexuel au train de vie princier, mais alcoolique, catalyseur de la plupart des drames qui vont se jouer...
Bien que la pièce ait permis de mettre en lumière la vie homosexuelle new-yorkaise à une époque où elle n’était pas aussi bien acceptée qu’aujourd’hui, cette nouvelle version de la pièce de théâtre est plutôt caduque, et n’a malheureusement plus beaucoup de poids à l’heure actuelle, elle qui n’est qu’un flamboyant règlement de compte entre personnages extrêmement maniérés et nombrilistes, tandis que leurs batifolages et histoires d’amours inavouées n’intéressent pas grand monde. En effet, beaucoup trop bavard, et pas assez cinématographique, "The Boys in the Band" risque d’en dérouter plus d’un, là où la pièce de théâtre en a aidé plusieurs à sortir du placard, et à s’accepter tels qu’ils sont. Autant donc s’armer de patience, car la soirée risque d’être longue...
À trop vouloir en faire, et de plus sur un chemin unilatéral, "The Boys in the Band" avance seul, tout en faisant du surplace, et n’engagera ainsi que les plus courageux d’entre vous à s’immiscer durant deux longues heures dans les vies insignifiantes de ces hommes d’une autre époque.