Signe(s) particulier(s) :
– (très) libre adaptation du roman "Trahie" (2003) de la scénariste et romancière suédoise Karin Alvtegen.
Résumé : Vienne, ses palais impériaux, son Danube bleu et… sa microscopique communauté française. Jeune couple en vue, Ève et Henri, parents d’un petit Malo, ont tout pour être heureux. Lui est le chef d’orchestre de l’Opéra, elle travaille à l’Institut français. Une vie apparemment sans fausse note, jusqu’au jour où Henri succombe au charme de l’institutrice de leur fils.
La critique de Julien
Bienvenue à Vienne, ville d’apparat de la valse et des pâtisseries. Pourtant, cette capitale européenne fut le théâtre de bien des faits divers sordides, sans parler de son passé. Alors que l’histoire originale du roman "Trahie" (de Karin Alvtegen) duquel "Les Apparences" est adapté se déroule à Stockholm, Marc Fitoussi ("La Ritournelle", "Maman a Tort") a décidé d’intégrer cette histoire de tromperie dans cette ville, et d’autant plus dans une communauté bourgeoise d’expatriés français ayant réussi. Ève (Karin Viard) découvrira alors que son mari Henri Monlibert (Benjamin Biolay), célèbre chef d’orchestre de l’Opéra, la trompe avec Tina (Lætitia Dosch), l’institutrice de leur fils adopté Malo, elle qui ne se résoudra pas à se laisser faire.
Drame conjugal et thriller chabrolien influencé par le cinéma d’Hitchcock, "Les Apparences" dépeint la bourgeoisie expatriée et l’importance de l’image renvoyée par ces privilégiés à autrui, quitte à parvenir à masquer leurs sentiments, malgré la lente implosion de leur sphère privée. Car c’est ici ce qui arrive à cette épouse, qui assiste, impuissante, à la trahison de son mari, laquelle, amoureuse, bien trop fière, et attachée à sa vie, n’aura la force de faire éclater la vérité, ce dont se chargera indirectement son entourage, et ses (mauvaises) rencontres, détenant la clef de la vérité. Le réalisateur et scénariste Marc Fitoussi met alors une scène un ballet qui bascule dans un univers de plus en plus sombre et inquiétant, se transformant en un jeu déguisé du chat et de la souris quelque peu jouissif, mais pourtant de moins en moins convaincant sur la longueur, la faute à une écriture un brin trop soulignée et répétitive dans ses intentions, dont dans ses retournements.
Tendu, le film de Fitoussi profite d’une photographie froide signée Antoine Roch, laquelle traduit une animosité enfuie, lui qui assombrit les couleurs, au fur et à mesure que l’intrigue se développe. On assiste alors à une longue descente aux enfers, portée par la toujours aussi exceptionnelle Karin Viard, laquelle transcende son personnage, avec toutes les mimiques supérieures qu’appelle sa condition, alors menacée. Il suffit en effet de croiser son regard pour lire au travers. On est alors subjugué par cette interprétation, laquelle est plus que totalement crédible derrière ces faux-semblants. Au contraire, on ne peut pas en dire autant de son partenaire de jeu, Benjamin Biolay, au jeu plutôt morne, taiseux, voire totalement absent...
Malgré un dernier acte qui s’enlise, "Les Apparences" est un thriller aux multiples visages, soigné et cynique, lequel s’apprécie avant tout pour le jeu de son actrice principale, qui trouve une fois de plus un rôle taillé sur-mesure...