Signe(s) particulier(s) :
– première réalisation du cinéaste français Amro Hamzawi, co-scénarise de la comédie romantique "20 ans d’Ecart" (2013) de David Moreau, lequel dirige ici sa sœur cadette Nora Hamzawi dans son premier rôle principal, elle qui est chroniqueuse radio (France Inter) et télé (on l’a notamment vue dans le Grand Journal sur Canal+ ou Quotidien sur TMC), ainsi qu’humoriste, et comédienne.
Résumé : Sous la pression de sa mère et de sa sœur, Eléonore, apprentie écrivain, change de vie et devient l’assistante d’un éditeur spécialisé dans les romances érotiques.
La critique de Julien
Si le visage de Nora Hamzawi vous dit quelque chose, c’est bien normal ! En effet, la comédienne et humoriste a fréquenté les plateaux télé durant près de six années en tant que chroniqueuse aux côtés d’Antoine de Caunes dans son Grand Journal, ou encore de Yann Barthès dans Quotidien. Et après plusieurs seconds-rôles au cinéma, c’est aujourd’hui dans le rôle principal d’une héroïne névrosée qu’on la retrouve, et cela au casting du premier film réalisé par son frère, Amro Hamzawi, lequel, après des études de cinéma à Los Angeles, et après avoir travaillé en tant qu’assistant des réalisateurs Michel Gondry ou Curtis Hanson, a fini par rentrer en France, afin d’y réaliser ses propres films. Sauf que son retour ne fut pas de tout repos, lui qui a fait l’objet de jugements familiaux, notamment sur ses fréquentations. Car c’est bien connu, nos proches savent mieux que quiconque ce qui est bien et mieux pour nous ; situation qui a donc servi de point de départ de son premier film, "Eléonore".
Semi-autobiographie déguisée, cette comédie introspective suit le parcours d’Eléonore, une écrivain en mal de reconnaissance, et sans boulot, laquelle vit une dépression. Sauf qu’elle sera poussée par sa mère (Dominique Reymond) et sa sœur aînée (Julia Faure) à travailler pour un éditeur de romances érotiques (André Marcon, en forme). En parallèle, la demoiselle se réconciliera avec sa féminité, et entretiendra une relation amoureuse, qu’elle rendra plutôt compliquée...
On décèle au travers de ce film urbain nonchalant une volonté de nous parler de la mainmise familiale sur les choix personnels et professionnels de tout en chacun, mais également de la pression subie au quotidien par toute une génération égarée, dans un monde de plus en plus individualiste, où l’idéalisme à de moins en moins sa place. Malgré des répliques fortes et un ton sec, autant dire qu’on a déjà vu des portraits de trentenaires (féminines) en perte de repères beaucoup plus frais, fins et entraînants que celui auquel nous convie une partie de la fratrie Hamzawi. Car la mollesse désabusée de son personnage principal va de pair avec la mise en scène du film, qui manque cruellement d’entrain, de moyen, et de vie, alors qu’il est pourtant question d’une (longue, et pourtant courte !) (re)naissance personnelle. De plus, l’écriture très marquée et premier degré des seconds-rôles, majoritairement condescendants, n’arrangent rien, laquelle empêche l’empathie de monter, malgré la sympathie que l’on peut parfois éprouver pour Eléonore, jouée avec beaucoup d’auto-dérision par Nora Amro Hamzawi. Émotionnellement immature, instable, et mélancolique profonde, cette dernière va pourtant trouver la force de se sauver elle-même, en se libérant de ses propres chaînes, dont du souci de l’image qu’elle renvoie à autrui, et de ce que l’on peut bien penser d’elle, et principalement sa famille.
Malgré ses bonnes intentions, son franc parlé, et le charisme de Nora Hamzawi, "Eléonore" souffre grandement des faiblesses d’un premier film, le rythme en premier, en plus de ressembler à un "Bridget Jones" parisien, mais du pauvre.