Synopsis : Daphné, enceinte de trois mois, est en vacances à la campagne avec son compagnon François. Il doit s’absenter pour son travail et elle se retrouve seule pour accueillir Maxime, son cousin qu’elle n’avait jamais rencontré. Pendant quatre jours, tandis qu’ils attendent le retour de François, Daphné et Maxime font petit à petit connaissance et se confient des récits de plus en plus intimes sur leurs histoires d’amour présentes et passées...
Acteurs : Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne, Emilie Dequenne, Guillaume Gouix, Jenna Thiam, Julia Piaton
Ce sont des acteurs et actrices de talent qui sont au service d’un film auquel il faut laisser le temps de séduire le spectateur (voire le critique). C’est qu’il est bien question de séduction ici. Dès l’entame du film, le spectateur pas dupe qui se pensera omniscient croira (à tort ?) qu’il connait la fin de l’histoire et que celle-ci se terminera avec les amours de Daphné (Camélia Jordana) et de Maxime (Niels Schneider). En réalité, s’agissant d’amours, l’on à pensé à celles d’Astrée et de Céladon dans, justement Les Amours d’Astrée et de Céladon d’Eric Rhomer (2007), film qui est également en contrepoint de Maestro de Léa Fazer [1].
Il ne s’agit certes pas d’un film de Rhomer, mais si l’on y a pensé c’est parce que Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait est très littéraire ! L’on se souviendra alors qu’en 2018 Emmanuel Mouret avait réalisé Mademoiselle de Joncquières, s’inspirant librement de Denis Diderot. En découvrant le jeu de Niels Schneider, l’on s’est dit que Louis Garrel aurait pu jouer son rôle, l’incarner. L’on songe ici au Louis Garrel, très littéraire, romanesque, notamment des films de Christophe Honoré. Bien plus, à l’image du film Les chansons d’amour, Les choses qu’on dit... aurait pu être chanté, si cela ne datait pas aujourd’hui. En tout cas, passé la première demie-heure du film (et pour autant que l’on adhère à ce genre de jeu cinématographique) le spectateur se prendra à jouir du déploiement de ces intrigues romanesques et romantiques qui tournent autour du désir, du désir de désirer, et surtout de désirer ce que l’autre désire !
Ce seront autant de variations sur la "mimésis acquisitive" pour reprendre une expression de René Girard. Ce désir mimétique dont le philosophe français est le père est présenté dans le film par une interprète. Certes il ne s’agit pas de citer Girard ni faire de la haute philosophie (ni même de philosophie de comptoir), mais l’on sent que le réalisateur donne là une clé de lecture au spectateur érudit que prendra d’autant plus de plaisir à découvrir le film et particulièrement ces hommes et ces femmes qui se cherchent, se trouvent, se perdent se trompent (au double sens du verbe !). On vous laisse découvrir ce film, labellisé "Cannes 2020", tout en finesse, tant dans son interprétation que son scénario. On ne peut dévoiler plus celui-ci ; non qu’il y aurait un risque à "spoiler", mais simplement laisser le plaisir de la découverte des sentiments, des corps qui se cherchent et se retrouvent. Si tous les acteurs jouent le jeu du film et des romances attendues d’eux (voire inattendues) dans ces variations (qui auraient pu faire une pièce de théâtre de boulevard, mais sans ses excès) sur les hasards de l’amour et des rencontres, on retiendra le rôle tout particulier d’Emilie Dequenne que l’intrigue lui réserve.
Lien vers la critique de Jean-Sébastien Massart sur Critikat qui conclut par " Mouret côtoie le Rohmer de Ma nuit chez Maud : le voilà presque parvenu à la hauteur du maître.".