Synopsis : Rocks, 15 ans, vit à Londres avec sa mère et son petit frère. Quand du jour au lendemain leur mère disparaît, une nouvelle vie s’organise avec l’aide de ses meilleures amies. Rocks va devoir tout mettre en oeuvre pour échapper aux services sociaux.
Acteurs : Bukky Bakray Kosar, Ali D’angelou, Osei Kissiedu, Shaneigha-Monik Greyson
BRIFF 2020 : Prix du jury (ex aequo avec Favolacce)
Une précision : l’on n’a pas vu l’affiche ci-dessous avant d’avoir vu Rocks. En revanche, le film a souvent fait penser à The Florida Project. Là, il s’agissait d’une mère dont le comportement semblait manquer de maturité, une mère adolescente en quelque sorte. Ici, il n’y a pas de mère (puisqu’elle disparaît en laissant un peu d’argent à sa fille aînée) mais une adolescente à l’attitude maternelle vis-à-vis de son petit frère dont elle se sent responsable.
Comme le disait un confrère, c’est un peu du Ken Loach à la Larry Clark. Et de fait, ce sont bien ces deux cinéastes auxquels on peut penser ou se référer par rapport à Rocks. Toutefois, ce ne sera pas le Ken Loach en mode réquisitoire car il n’est pas question ici de faire un procès aux pouvoirs en place ou aux services sociaux. De même ce ne sera pas le Larry Clark "sulfureux" ; en effet, il ne s’agit pas ici de la vie sexuelle des jeunes et adolescents mais de leur vie sans adultes, laissés à eux-mêmes, comme dans Wassup Rockers (2006).
Rocks, le film suit une adolescente, surnommée Rocks, qui se retrouve un matin sans sa mère qui l’abandonne ainsi que son petit frère avec seulement une enveloppe avec un peu d’argent. Ce qui semblait temporaire ne le sera pas et nous suivrons les pérégrinations de la jeune adolescente pour tenter de survivre et de s’occuper de son frère. La réalisatrice (à qui l’on doit notamment Suffragette) va nous faire découvrir différentes scènes de la vie quotidienne de Rocks, un peu à la façon de l’émission télévisée Strip-tease. C’est dire que le film a souvent des accents de type documentaire tout en laissant libre cours à une caméra dont on pourra regretter une mobilité excessive. Comme si l’on voulait en faire trop en voulant donner un aspect "jeune", dynamique et survolté. Dommage que ce soit parfois "too much", surtout quand s’ajoutent des images au format vertical "téléphone" (une dizaine de fois, dont les plans de début et de fin) qui n’apportent rien de plus sinon de donner artificiellement l’illusion qu’il s’agit du point de vue des jeunes.
C’est un regard cru et sans jugement que la réalisatrice pose sur une certaine Angleterre, jeune et multiculturelle, laissée à l’abandon. Il n’y a quasiment pas de blancs parmi ces jeunes. Une seule sera parmi les amies de Rocks et encore, son attitude provoquera un revirement de situation, malgré sa réaction "adulte" face à la situation vécue par son amie. Les services sociaux sont présentés de façon neutre et la fin du film laisse une porte entrouverte sur l’espoir d’un avenir possible pour la protagoniste et son petit frère.