Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Bora Kim
House of Hummingbird
Sortie du film le 19 août 2020
Article mis en ligne le 27 août 2020

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :
 premier film de la cinéaste sud-coréenne Bora Kim, laquelle a mis sept ans de travail au service de ce dernier, lequel est basé sur certaines expériences très personnelles ;
 salué par la critique, le film a récolté pas moins d’une soixantaine de prix à travers le monde.

Résumé : Séoul, été 1994. Eun-hee est collégienne. Elle cherche sa place entre des parents qui se disputent, une sœur aînée qui fait le mur et un frère qui a la main lourde. Elle a un petit ami mais n’est pas très populaire à l’école. L’arrivée d’une nouvelle professeure dans l’institut privé où elle prend des cours de chinois va changer la façon dont Eun-hee voit le monde qui l’entoure.

La critique de Julien

Il n’est pas commun de voir un film sud-coréen naviguer sur le terrain du "coming-of-age movie" (litt. "passage à l’âge adulte"). Pour son premier film après son travail de fin d’études remarqué "The Recorder Exam" (2011), Kim Bora nous dévoile enfin son premier grand essai, inspiré par son enfance, dont sur un moment charnière dans sa propre vie, à savoir l’effondrement, en 1994, d’une partie du pont Seongsu, situé sur la rivière Han à Séoul, ayant fait pas moins de 32 morts, et 17 blessés. Et il lui aura fallu trois années pour trouver l’interprète d’Eun-hee (Park Ji-hoo), laquelle joue ici une jeune collégienne de quatorze ans, laquelle bat désespérément des ailes comme un colibri ("a hummingbird" en VO), en pleine recherche d’identité et d’amour, elle qui vit dans une famille imparfaite, régie par le patriarcat, alors que la Corée est sujette à une économie d’expansion et de modernisation (trop) rapide, souhaitant alors être reconnu comme un pays développé, mais cela au détriment de l’humain. Difficile pourtant de prendre le train en marche et de trouver la confiance nécessaire pour affronter le monde qui nous entoure quand l’oppression et la violence fait partie du quotidien, aussi bien à la maison qu’à l’école...

Alors qu’elle poursuit l’étude du personnage d’Eun-hee (avec une autre actrice) déjà vu dans son premier court-métrage, lequel évoluait alors dans le contexte national des Jeux olympiques d’été de 1988 à Séoul (lesquels ont permis une croissance économique soutenue du pays et des succès diplomatiques), "House of Humminbirg" porte d’emblée la marque de son auteur, délicate dans ses intentions, laquelle on sent ici à la fois bien décidée à mettre en images les difficultés d’être une jeune demoiselle en Corée à l’aube de la mondialisation, et à la fois en paix avec elle-même par rapport à ce passé, l’ayant forgé, elle qui entretient aujourd’hui de bonnes relations avec sa famille, ce qui n’était pas le cas auparavant. D’ailleurs, la réalisatrice ne dépeint ici aucun personnage de manière négative, mais plutôt comme des victimes d’une société qui fut, et qui est à même de changer, d’être bousculée. Féministe, son film épouse surtout l’impact émotionnel ressenti par Eun-hee, chaque mouvement de la caméra étant intentionnel ciblé sur cette dernière. D’ailleurs, en parlant de cinématographie, on ne peut que féliciter une photographie multicouche, douce et sombre, adoptant également ses sentiments, entre acceptation de soi et nécessité de décalage pour exister, ainsi qu’une mise en scène qui prend le temps de décortiquer le quotidien du personnage, dans sa lente évolution et prise de conscience, ainsi qu’au travers de ses relations. On ne manquera pas ainsi de vous prévenir que "House of Hummingbird" est une longue étude propre à son protagoniste, bien qu’universelle dans son processus, accusant ainsi des longueurs, mais qui servent pourtant les propos. Et puis, Bora Kim nous montre à travers son film que l’évolution ne peut se faire au détriment de la compréhension et de la communication, ce que son personnage découvrira et entretiendra ici avec une professeur privé. Comme quoi, une rencontre peut tout changer, ou en tout cas renforcer, et amener de l’espoir, de l’amour, et le courage d’avancer, malgré les obstacles auxquels la vie nous confrontera, encore et encore, mais également aussi au bonheur d’exister, et d’être.

Émouvante radiographie lente, intime et subtile de la vie d’une adolescente dans le passé pas si lointain d’une Corée du Sud en pleine mutation, "House of Hummingbird" nous fait battre des ailes à mesure que celles de son personnage principal s’ouvrent devant nos yeux, filmé par la caméra sensible et bienveillante de sa réalisatrice Bora Kim.

https://www.youtube.com/embed/Hi18OfMjlZk
HOUSE OF HUMMINGBIRD - Bilingual trailer - YouTube


Au hasard...

L’Amour c’est Mieux que la Vie
le 23 janvier 2022
All Of Us Strangers (Sans Jamais Nous Connaître)
le 21 février 2024
West Side Story
le 11 décembre 2021
Godzilla II : Roi des Monstres
le 10 juin 2019
Nightmare Island / Fantasy Island
le 22 février 2020
Nous, les Leroy
le 30 avril 2024
Sick of Myself (Sik Pike)
le 6 juillet 2023
Bloodshot
le 30 mars 2020
Losers Revolution
le 10 juillet 2020
En Eaux Troubles / The Meg
le 20 août 2018
La Dégustation
le 6 septembre 2022
Tigertail
le 11 avril 2020
J’y Crois Encore (I Still Believe)
le 3 juillet 2020
Clifford
le 5 janvier 2022
Mean Girls - Lolita Malgré moi
le 20 février 2024
Dumbo
le 20 avril 2019
Top Gun : Maverick
le 1er juin 2022
Benedetta
le 12 septembre 2021
Past Lives (Nos Vies d’Avant)
le 6 janvier 2024
Renfield
le 13 mai 2023
Mentions légales Espace privé RSS

2014-2025 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.2.1