Signe(s) particulier(s) :
– premier film réalisé par le comédien Dave Franco, petit frère de James Franco, lequel à également co-écrit et co-produit le film, tandis qu’il y dirige son épouse Alison Brie.
Résumé : Deux jeunes couples s’installent pour un week-end festif dans une maisonnette d’apparence idyllique louée sur le net. Ce qui commence comme un agréable séjour entre amis se transforme rapidement en une série d’événements sinistres. Peu à peu, les occupants des lieux se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls.
La critique de Julien
Et vous, feriez-vous suffisamment confiance à des inconnus afin de leur louer vos espaces les plus intimes, et ainsi en partager publiquement des photos sur Internet ? Tout le monde ou presque connaît la plateforme communautaire Airbnb, qui permet à des particuliers de louer tout ou une partie de leur propre habitation comme logement d’appoint. En effet, cette pratique, utilisée dans près de 34 000 villes et 191 pays, est beaucoup moins aisée pour ses clients que de devoir se payer une chambre d’hôtel. Pourtant, à l’heure où les Etats-Unis sont on ne peut plus divisés, Dave Franco est parti de sa propre paranoïa autour de la question, lequel a imaginé, avec ses co-scénaristes, les mésaventures de deux couples, s’offrant alors un week-end festif dans une somptueuse maison située au bord d’une falaise, mais uniquement recommandée par de très nombreuses critiques positives en ligne. Or, ces derniers ne seront pas seuls dans ladite maison...
Premier film de Dave Franco, "The Rental" est un thriller et film horreur atmosphérique axé sur ses personnages, et leur confiance aveugle virtuelle, lesquels vont alors vivre un véritable cauchemar éveillé, étant donné l’étrange surveillance dont ils seront victimes (ils trouveront une caméra dans une pomme de douche !). Sauf que les protagonistes en question se mettront d’abord eux-mêmes dans de mauvais draps (c’est le cas de le dire !), rendant la situation encore plus compliquée...
La force de ce (bon) petit film de genre indé, c’est de profiter de son concept de base, sacrifiant la sécurité au nom de la commodité, et il est vrai ici aggravé pour le cinéma, afin d’en filmer un trip paranoïaque efficace et sans artifices, ne livrant ses secrets que proportionnellement aux problèmes auxquels seront confrontés ses personnages, dont Charlie (Dan Stevens), sa femme Michelle (Alison Brie), le frère de Charlie, Josh (Jeremy Allen White), et la petite amie de ce dernier, Mina (Sheila Vand). Malin dans sa façon de rebondir sur l’insouciance de ses protagonistes, et généreux dans sa montée d’adrénaline, "The Rental" joue alors avec ses personnages (un brin abrutis sur les bords), en appuyant ainsi jusqu’au bout la touche du mystère concernant les péripéties qui leur arrivent, parvenant ainsi à éveiller en nous quelques sympathiques moments d’angoisse, étant donné leur imprévisibilité. Est-ce ainsi le résultat ici d’un coup monté par le (très) louche et sinistre propriétaire des lieux (Toby Huss), ou encore celui d’un homme masqué (très) malintentionné ? Ou bien n’est-là que leur imagination ? En tout cas, les quatre personnages, dépassés par les événements, n’auront pas le temps de se retourner pour le constater ! "The Rental" transforme alors ce qui devait être un week-end idyllique en un véritable jeu du chat et de la souris, auquel ces deux couples, sans règles préalables, devront faire face, tout en essayant de garder leur sang-froid. Et autant dire que cela s’annonce particulièrement difficile !
Tandis qu’il met en scène des décors isolés et une photographie très sombre aux lumières tamisées, le premier film de Dave Franco parvient à faire son petit effet, lui qui est inquiétant, jusqu’à son générique final, froid et ambigu, lequel pourrait laisser sous-entendre une suite. Sans en montrer de trop (voire pas assez), il est vrai que "The Rental", tout en ne révolutionnant aucunement le genre, et sans grande inventivité, surfe de manière doucement jouissive entre un principe communautaire établit, et pourtant fondamentalement peu rassurant, et la dysfonctionnalité existante entre quatre adultes bien de nos jours, pour alors laisser place à un "home-invasion" plaisant, mais oubliable, portant inévitablement la marque du co-scénariste Joe Swanberg, spécialiste du "mumblecore", soit un sous-genre de film indépendant "ruiné", caractérisé par le jeu et le dialogue naturalistes, dépeignant des relations personnelles entre personnages situés entre la vingtaine et trentaine.
Pour son premier passage derrière la caméra, Dave Franco s’initie au cinéma de genre avec plus ou moins de réussite, mais surtout d’opportunisme. Le jeune réalisateur parvient, bien entouré dans sa tâche, à insuffler une efficacité machiavélique, et pourtant sobre dans ses effets, à sa réalisation, bien qu’elle manque furieusement de personnalité.