Signe(s) particulier(s) :
– adaptation de la série de bande dessinée suisse créée le 12 décembre 1969 par André Jobin (scénario), dit "Job", et Claude de Ribaupierre (dessin), dit "Derib", passionnés par les cultures amérindiennes, et cela dans l’hebdomadaire romand "Le Crapaud à Lunettes" ;
– inspiré librement du premier album, "Yakari et Grand Aigle" (1973).
Résumé : Alors que la migration de sa tribu est imminente, Yakari le petit Sioux part vers l’inconnu pour suivre la piste de Petit-Tonnerre, un mustang réputé indomptable. En chemin, Yakari fera la rencontre magique de Grand-Aigle, son animal totem, de qui il recevra une superbe plume... et un don incroyable : pouvoir parler aux animaux. Seul pour la première fois, sa quête va l’entraîner à travers les plaines, jusqu’au territoire des terribles chasseurs à peaux de puma... Mais comment retrouver la trace du tipi ? Au bout du voyage, le souffle de l’aventure scellera pour toujours l’amitié entre le plus brave des papooses et le mustang plus rapide que le vent.
La critique de Julien
Croqué pour la première fois par l’auteur suisse Derib entre 1964 et 1965, alors qu’il travaillait avec Peyo sur les Schtroumpfs, le petit indien Sioux de la tribu Lakota, capable de parler aux animaux, a vu son univers naître par sa rencontre avec l’auteur Job. Tous deux passionnés de lectures amérindiennes, les deux auteurs ont alors signé 38 albums des aventures du personnage, de 1969 à 2014, alors que les tomes 39 et 40 ont été réalisés par Joris Chamblain, tandis que 41e sera écrit par Xavier Giacometti. D’ailleurs, c’est ce dernier qui réalise, avec l’aide de Toby Genkel, cette adaptation pour le grand écran, lui qui connaît très bien l’univers de Yakari, pour avoir notamment travaillé en tant que réalisateur et scénariste sur la seconde série animée, diffusée à partir de 2005 (la première série a vu le jour en 1983).
Voilà plus de cinquante ans que Yakari a initié plusieurs générations de lecteurs, et cela à travers le monde, leur faisant ainsi découvrir les grands espaces américains, sa faune et sa flore, ainsi que la culture Sioux, et leurs coutumes. Le défi était donc ici de ne pas trahir ce public, tout en réussissant à s’adresser à la dernière génération, et bien plus que cela à toute la famille. Or, l’aventure qu’attend ici le jeune papoose (terme utilisé pour parler d’un enfant amérindien) s’inscrit dans la pure ligné des quarante tomes sorti depuis 1969. On y découvre ainsi comment tout va commencer pour le jeune héros, entouré de ses amis Graine-de-Bison et Arc-en-Ciel, ainsi que de son fidèle compagnon à quatre pattes Oreille-Tombante, alors que Yakari va découvrir son don conféré par son ami et totem, Grand Aigle, soit celui de comprendre et de parler la langue des animaux. Mais alors que sa tribu doit fuir pour une autre plaine, étant donné l’arrivée des tornades dévastatrices, Yakari s’enfoncera, face au danger, dans les territoires du nord-américain, afin de suivre la piste de Petit-Tonnerre, un magnifique mustang réputé indomptable, mais qu’il rêve de monter...
Amitié, contact avec la nature et la vie animale, apprivoisement mutuel, et découverte d’un univers au travers des yeux d’un enfant curieux, tels sont les thèmes qui parsèment ce joli film animé empreint d’une culture à la fois onirique et enivrante, lequel a l’intelligence de trouver le ton juste pour parler du respect, sans véritable autre méchant que la nature elle-même, outre un groupe de jeunes Indiens de la terrible tribu des chasseurs à peaux de pumas, plus stupides que méchants. Car dans cette aventure, la tribu du petit Sioux ne chasse pas pour le plaisir, mais bien pour se nourrir, tandis que pour Yakari, Petit-Tonnerre n’est pas son cheval, mais bien son ami, lui pour qui, encore au début de l’aventure, un cheval libre ne pouvait vivre avec les humains, alors que la détermination et la bravoure du petit garçon de la terre-mère ont réussi à l’attendrir.
Bien que Xavier Giacometti a pris quelques libertés en menant non pas le personnage dans les plaines indiennes des Sioux, mais bien dans la forêt, jusqu’aux montagnes, ce dernier a pris soin de rester fidèle au matériau de départ, tout en n’oubliant pas d’y injecter ses scènes mythiques, ainsi que des rencontres, et du suspens. Et puis, visuellement, le film est une irrésistible représentation patrimoniale, aux couleurs chaudes étincelantes, ayant profité des dernières innovations technologiques par rapport aux deux séries animées, lui qui mélange ainsi des paysages en 2D, et des personnages animés en 3D, générant alors des pleins et des déliés, qui servent dès lors l’émotion. Enfin, n’oublions pas de signaler la musique originale de Guillaume Poyet, qui apporte d’autant plus d’envergure à ce pow-wow à découvrir en famille.
Toujours présent comme conseil de lecture dans les écoles primaires, on pourrait en dire autant comme conseil cinématographique pour cette adaptation de la bande dessinée Yakari. En effet, digne successeur du travail de Job et Derib, ce retour aux sources est une réussite, soit un pur moment de dépaysement, aux propos loin d’être mièvres, et même situés dans l’air du temps. Bref, on vous recommande de partager ce récit d’aventure, de rencontre et d’apprentissage avec vos jeunes papooses, qu’ils adoreront chevaucher !