Signe(s) particulier(s) :
– le cinéaste Tate Taylor remplace Matthew Newton à la réalisation de film, lequel a démissionné de son post après avoir été accusé de multiples allégations d’agression et de violences domestiques, lui qui a plaidé coupable d’avoir agressé sa petite amie d’époque ;
– l’actrice Jessica Chastain, une ardente défenseure du mouvement #MeToo , et co-productrice du film, a été accusée d’hypocrisie pour avoir travaillé avec Newton, lui qui est finalement resté accrédité en tant que scénariste.
Résumé : Une femme assassin du nom de Ava travaille pour une importante organisation secrète. Elle parcourt le monde. Une de ses missions se passe mal, elle va être contrainte de lutter pour sa propre survie.
La critique de Julien
Tourné avant son thriller psychologique "Ma" sorti l’année passée et produit par Jason Blum, "Ava", le dernier film du cinéaste américain Tate Taylor, revient de loin, étant donné la controverse sur des allégations de violence domestique et d’agression à l’encontre de son réalisateur original, Matthew Newton, finalement écarté du projet. Fervente féministe, son actrice principale, et co-productrice du film, Jessica Chastain, est pourtant restée attachée au rôle écrit par Newton, soit celui d’une mercenaire travaillant pour une organisation d’opérations noires, qui parcourt le monde, exécutant des contrats de hauts profils. Mais lorsqu’une mission tourne mal, cette dernière se retrouvera elle-même dans le collimateur de cette organisation, elle qui devra dès lors lutter pour sa survie, et protéger sa famille, à laquelle elle n’a pourtant plus donné signe de vie depuis son ancienne vie de toxicomane et d’alcoolique, contre laquelle elle se bat toujours...
On comprend donc pourquoi "Ava" manque cruellement de personnalité, lui qui ressemble comme deux gouttes d’eau à une nouvelle production EuropaCorp de Luc Besson, sans en être une. C’est qu’on a en déjà-vu pas mal de films d’action dramatiques où des hommes ("John Wick", "Taken", etc.) et des femmes ("Atomic Blonde", "Lucy", "Anna", etc.) expérimentés, mais hantés par leur parcours, doivent sauver leur peau d’un ennemi robuste, avec lequel il a autrefois (ou non) fait affaire. Et puis, la mise en scène de ce dernier ne fait pas preuve de beaucoup d’originalité, voire parfait de laideur, elle qui souffre d’un budget de production que l’on ne devine pas bien épais. Et certains effets visuels et scènes de combats en pâtissent, inévitablement. Pourtant, au plus l’intrigue se suit, au mieux le film enchaîne quelques plans bien chorégraphiés, stylisés, et plutôt sympathiques. Quant au scénario, totalement transparent et improbable, il est sauvé par le personnage campé par Jessica Chastain, au plus il se révèle. En effet, l’actrice, dont le talent d’interprète est exceptionnel, fait une fois de plus le boulot avec son rôle, de tous les plans, dont le développement est plutôt intéressant, vu son passé personnel et familial, lequel revient ici au triple galop. Face à la jolie et talentueuse rousse, Colin Farrell, John Malkovich et Common complètent le casting, mais dans des rôles très secondaires, lesquels sont effacés par la formidable Geena Davis, dans le rôle de sa maman, elle qui a indirectement conditionné, en partie, ce que sa fille est devenue. D’ailleurs, c’est quand il est question de sa relation avec cette dernière, et avec sa sœur (Jess Weixler), que le film nous livre ses meilleurs moments, et répliques, lesquelles parviennent à viser juste, et même à toucher.
Ce n’est pas tant pour le spectacle assez banalisé et peu crédible que "Ava" se regarde sans déplaisir, mais bien pour son personnage principal, qui, s’il sent le déjà vu, est porté par une écriture plus nuancée que tout le reste, et que Jessica Chastain défend avec force et dévouement, elle qui est toujours aussi classe, et envoûtante.