Signe(s) particulier(s) :
– second long métrage de l’ex-avocate Solange Cicurel, après "Faut Pas lui Dire" (2017), elle qui y fait ici une courte apparition ;
– la jeune actrice Ioni Matos, 13 ans, est de Farciennes.
Résumé : Emma et Victor, séparés, sont les parents de Lila. Alors qu’elle fête ses 14 ans, Lila commence sa crise d’ado et passe d’une enfant parfaite à une adolescente insupportable. Victor tente d’apaiser les tensions mais entre mère et fille, la guerre est déclarée ! Tous les coups sont permis et plus question d’être adorables...
La critique de Julien
Magritte du Meilleur premier film pour "Faut pas lui Dire" en 2017, Solange Cicurel nous revient avec "Adorables", une comédie familiale dans laquelle la réalisatrice et scénariste dirige Elsa Zylberstein dans le rôle d’Emma, psychologue et femme actuelle séparée de son ex-mari (Lucien Jean-Baptiste), bien qu’encore un peu trop présent (et amoureux), laquelle va être confrontée à la crise d’adolescence impromptue de sa fille Lila (Ioni Matos), dont elle a la garde, ce qui va alors réveiller en elle des fantômes de sa propre adolescence, elle qui ne fut pas non plus très facile à vivre, et dès lors interroger ses convictions les plus intimes sur son rôle de mère. Et malgré son indulgence et ses principes de communication bienveillants à la Scandinave, plusieurs gouttes d’eau vont faire déborder le vase...
À la façon de "La Guerre des Roses" (1990), de Danny DeVito, version mère/fille, et la vulgarité verbale en plus, Solange Cicurel rend ici hommage aux parents d’adolescents, pour qui il n’existe malheureusement pas de recette miracle pour éduquer des enfants, et encore moins pour faire face à leur crise. Aussi, elle nous montre, au travers de cette histoire de transmission et d’amour protecteur, parfois envahissant, envers ses enfants, qu’il faut pouvoir accepter de ne pas toujours être à la hauteur en tant que parent, tout comme l’est ici le personnage joué par Elza Zylberstein, Emma, elle qui en veut toujours à sa propre mère (Hélène Vincent) pour sa manière sévère d’avoir réagi, jadis, à sa propre crise, elle qui semble reproduire son propre schéma, alors qu’elle s’était pourtant jurée de ne pas être comme elle...
Pleine d’énergie, d’émotion, et aussi d’hystérie, Elza Zylberstein assure le spectacle, bien plus en tout cas que la succession de coups bas improbables et successifs auxquels s’adonnent, dans le vide, mère et fille. Dans le rôle du père, médiateur à "la cool", mais qui n’assume pas totalement ses responsabilités de père, car un peu trop laxiste, Lucien Jean-Baptiste est quant à lui plutôt effacé, tandis que la jeune Ioni Matos, du haut de ses onze ans au moment du tournage, affiche déjà une belle assurance à l’écran (même si son rôle est insupportable), elle qui a beaucoup travaillée avec un coach pour se préparer à ce premier rôle. Enfin, outre des seconds rôles masculins, et musiciens (Max Boublil et Amir), on retrouve déjà deux fidèles de Solange Cicurel, à savoir Stéphanie Crayencour (Anne, la meilleure amie d’Emma) et Tania Garbarski (la sœur d’Emma, et jeune maman dépassée).
Sur un thème maintes fois rabattu au cinéma, et non épargné ici par les clichés, Solange Cicurel réalise une comédie non dénuée de fond, parsemée de jolis moments et échanges, elle qui s’avère malheureusement bien trop adorable dans ses intentions, alors que le rire, quand il s’invite difficilement, s’avère grinçant, et emmené par une Elza Zylberstein en pleine forme.