Signe(s) particulier(s) :
– le titre du film fait référence au groupe de hip-hop du même nom de la fin des années 1980, tandis que pour les réalisateurs, il s’agit aussi de rappeler que l’on peut employer le mot "noir" sans en avoir honte.
Résumé : JP, un acteur raté de 40 ans, décide d’organiser la première grosse marche de contestation noire en France, mais ses rencontres, souvent burlesques, avec des personnalités influentes de la communauté et le soutien intéressé qu’il reçoit de Fary, le font osciller entre envie d’être sur le devant de la scène et véritable engagement militant...
La critique de Julien
"Un noir debout, c’est un noir qui n’est pas assis !". Avec des répliques aussi maladroitement engagées et des rencontres pleine d’auto-dérision, Jean-Pascal Zadi amuse la galerie avec "Tout Simplement Noir", un faux documentaire dans lequel il incarne JP, un personnage de fiction nourri de son vécu et de sa propre personnalité, soit ici un acteur raté d’une quarantaine d’années, lequel rêve encore de faire carrière dans le monde artistique, et de faire entendre sa voix, et celle des siens. Son idée sera alors d’organiser une grande marche de contestation noire, à Paris, pour se révolter contre la sous-représentation des Noirs dans la société et dans les médias. Pour soutenir ce projet, il essaiera alors de rencontrer des personnalités influentes de la communauté noire, avec plus ou moins de succès...
Co-réalisé avec son ami John Wax, lesquels se sont rencontrés il y a plus de dix ans, sans avoir jusque-là véritablement travaillé sur un projet commun qui leur ressemble, cette comédie met en scène de nombreuses personnalités jouent leur propre rôle, étant donné que JP va partir à leur rencontre, en vue de rassembler du monde pour sa marche. On peut ainsi y retrouver, à la pelle, Claudia Tagbo, JoeyStarr, Vikash Dhorasoo, Lucien Jean-Baptiste, Fabrice Eboué, Ramzy Bedia, ou encore le comédien Fary, quant à lui dans un total rôle de composition. Mais là où le film trouve le ton juste, c’est-à-dire celui qui ne se prend pas au sérieux tout en souhaitant rassembler, c’est dans la manière très malhabile que le personnage principal à de présenter et de défendre son idée à ces personnalités. Souvent cocasses et politiquement incorrectes, ces scènes, qui parlent chacune avec second degré d’une thématique liée à la place des noirs dans la société française, font souvent mouche, alors que l’ensemble du casting n’a pas peur de jouer avec son image, signe d’intelligence (ou d’inconscience !), notamment lorsqu’il est question d’hypocrisie (exceptionnelle Fadily Camara), qui discrédite totalement la position de certains vis-à-vis des propos qu’ils défendent.
Critique du communautarisme, mais par l’absurde assumé, "Tout Simplement Noir" manque toutefois de divertissement dans sa mise en scène, un brin répétitive, elle qui, au grand dam de la hantise de ses réalisateurs, est une suite de sketches. Heureusement, le tout ne manque pas de liant, étant donné que le film nous parle avant tout d’un homme qui cherche sa place. Enfin, la triste actualité des tensions raciales qui sévissent encore aux Etats-Unis, et dans laquelle s’inscrit indirectement le film, offre une dimension particulière à certaines scènes, entre la réalité de son fond et la fiction de sa forme.
Osé, et sans avoir peur du ridicule (très fort Jean-Pascal Zadi), "Tout Simplement Noir" en dit plus qu’on ne pourrait le penser sur la condition des noirs dans la société, en posant des bases universelles, mais en brouillant volontairement la question au travers d’un humour jouissif, et mesuré, pour ne jamais choquer, et d’un personnage insensé par sa maladresse, mais très attachant.