Signe(s) particulier(s) :
– premier long métrage du cinéaste allemand Patrick Vollrath ;
– le titre du film fait référence au code du transpondeur d’urgence pour "ingérence illégale".
Résumé : Alors qu’il pilote un Airbus A319 entre Berlin et Paris, le co-pilote Tobias Ellis se retrouve menacé par un groupe d’hommes armés. Parviendra-t-il à mener ses passagers sans encombre ?
La critique de Julien
Cela faisait pas moins de quatre années qu’on n’avait plus vu le joli minois de Joseph Gordon-Levitt (si ce n’est à travers des caméos). Et pour cause, ce dernier est devenu papa à deux reprises ces dernières années, l’occasion pour lui de prendre du recul quant à son métier d’acteur. Tourné en novembre 2017, entre Cologne et Vienne, le voici dans "7500", une coproduction internationale à petit budget, laquelle met en scène un huis clos se déroulant dans un cockpit d’avion, alors que des terroristes tentent d’y pénétrer, afin de détourner l’avion...
Distribué sur Prime Video après qu’Amazon Studios en ait acquis les droits, Joseph Gordon-Levitt a vu en ce film un défi créatif afin de retrouver le chemin de plateaux de tournage. Réalisé par l’allemand Patrick Vollrath, à qui l’on doit le court métrage "Everything Will Be Okay" (2015), il est vrai que ce thriller sous haute-tension n’est pas de tout repos, autant pour le jeu des comédiens, que pour le public. Car "7500" est une exploration émotionnelle du comportement de l’être humain lorsqu’il est confronté à une situation extrême, c’est-à-dire ici à une prise d’otage d’un avion par des terroristes, vécue depuis son cockpit, sans dès lors savoir ce qu’il se passe en dehors de celui-ci. Et Gordon-Levitt est très convaincant dans son rôle, poussé par la pression de tournage de Patrick Vollrath, prônant l’immersion totale de ses acteurs dans de longues séquences souvent non-éditées, et au cours desquelles ils doivent faire parler leurs émotions, sur base d’un script. Accompagné un temps à l’écran par un l’ancien pilote de Lufthansa, Carlo Kitzlinger, l’acteur américain se retrouve alors en face-à-face avec ses différents antagonistes (stéréotypés), sa terreur, et ses (nombreuses) douleurs, mais aussi son sacrifice et son devoir, tandis que Patrick Vollrath et son cameraman Sebastian Thaler ont imaginé de nombreux angles de vues laissant libre recours à notre imagination, et à la sensation réelle de petitesse des lieux, dans lesquels se déroule pourtant l’entièreté de l’action. Filmé quasi en temps réel, "7500" semble dès lors plus vrai que nature, ce qui en fait l’une de ses forces.
Si l’on est dès lors spectateur des émotions du personnage de Gordon-Levitt, et qu’on les comprend, il nous est pourtant impossible de les ressentir pleinement, étant donné qu’on est incapable de s’immerger à ses côtés (on se demande même où a bien pu se glisser le caméraman lorsque quatre individus se retrouvent dans la cabine). Certes, l’action est très réaliste et imprévisible étant donné le caractère incontrôlable des événements et des émotions humaines, mais la mise en scène du film est beaucoup trop froide, et l’écriture trop en surface, que pour nous permettre de nous imaginer sur l’un des deux sièges du cockpit. En conséquence, la tension est bien là, mais elle n’est pas du tout la même que celle du personnage principal, et véritable héros.
Pour un premier film réalisé avec peu de moyens et de décors, Patrick Vollrath parvient à filmer une (maigre) intrigue relativement efficace, très anxiogène, qui nous tient en haleine d’un bout à l’autre, à défaut de nous faire décoller. Quant à Joseph Gordon-Levitt (qui nous avait manqué), il nous prouve une nouvelle fois son talent à habiter et se confondre d’un réalisme transparent avec ses personnages.