Signe(s) particulier(s) :
– troisième long métrage du scénariste et réalisateur américain Jacob Aaron Estes ;
– co-produit par Jason Blum et sa maison de production Blumhouse Productions, spécialiste des films d’horreur à succès et petits budgets.
Résumé : Le détective Jack Radcliff reçoit un appel téléphonique de sa nièce, Ashley, récemment assassinée. A travers les univers parallèles, ils se battent pour résoudre le meurtre de l’adolescente avant qu’il ne puisse arriver...
La critique de Julien
Drôle de mélange de genres pour ce film co-produit par Blumhouse Productions, dans lequel David Oyelowo ("Selma", "A United Kingdom") interprète Jack Radcliff, un détective spécialisé dans les homicides, lequel recevra un appel téléphonique pour le moins étrange. En effet, sa nièce Ashley (Storm Reid), retrouvée assassinée deux semaines plus tôt avec sa mère et son père Garrett, entrera en contact avec lui, sans comprendre comment cela est possible. Alors que l’enquête (de laquelle il est écarté) pointe jusqu’à présent du doigt son frère bipolaire comme étant le responsable de cet acte (sans doute rattrapé par ses anciennes relations avec le monde du trafic de drogues), sa nièce entrera constamment en contact avec Jack, depuis le passé, lequel décidera alors d’enquêter lui-même sur ce meurtre, au présent, afin d’essayer de sauver Ashley dans le passé, en l’aidant ainsi secrètement à réorganiser les événements de sa vie dans l’espoir de prévenir ce meurtre et le véritable coupable, et ainsi de sauver leur futur commun, et d’effacer les événements qui y ont mené. Bref, les prières de Jack semblent avoir été entendues, lui qui sautera sur l’opportunité (ir)réelle de revenir en arrière, et de pouvoir ainsi tout changer.
Drame, thriller, enquête policière, corruption, horreur et science-fiction se rencontrent donc au sein de cette histoire pour le moins confuse, jouant ainsi sur deux temporalités différentes, mais ayant tendance à trop se rapprocher, voire se superposer. Car en effet, si ce n’est un dîner partagé deux semaines plus tôt, que le duo principal va revivre dans une scène touchante filmée en champ/contre-champ, alors assis face-à-face au même endroit, mais pas eu même moment, "Don’t Let Go" ne cesse de courir après le temps, sans se poser, et sans s’expliquer, étant donné que son personnage principal se doit d’enquêter rapidement et trouver des indices qui l’aideront à sauver sa nièce et sa famille, si proche de la date fatidique de leur mort. Dès lors, on ne parvient pas à tout comprendre, et ce malgré nous, d’autant plus que des cauchemars éveillés s’invitent dans la partie, tout comme une figure inconnue appelée "Georgie", au traitement expédié, malgré sa part de responsabilité dans l’affaire. Le tout donne alors la curieuse impression que le montage du film (initialement intitulé "Revive") cache des plaies béantes dans sa narration, ce qui se confirmera d’ailleurs à divers moments du récit. Quant au final, désarçonnant, "Don’t Let Go" choisit son camp, et penche en faveur du fantastique, ce qui déplaira forcément aux spectateurs sensés. Qu’à cela ne tienne, "Don’t Let Go" ne manque pas de rythme, et bénéficie d’interprétations solides.
Énième voyage dans le temps, "Don’t Let Go" s’enlise malheureusement dans une enquête floue, impersonnelle et faussement efficace, bien qu’aux intentions scénaristiques louables, puisqu’on y parle de deuil, de culpabilité, et de seconde chance. Mais fallait-il encore que cela ait du sens et soit nuancé, et que le mélange de genres, ici utilisé, ne disharmonie pas le tout, dont l’impact des enjeux émotionnels...