Signe(s) particulier(s) :
– adaptation du comic book "Ciudad" (2014) d’Ande Parks, Joe Russo, Anthony Russo, Fernando Leon Gonzalez et Eric Skillman.
Résumé : Tyler Rake est un mercenaire intrépide qui travaille dans l’ombre. Alors qu’il n’a plus rien à perdre, il est chargé par un puissant caïd mafieux, pour l’heure incarcéré, de sauver son fils qui a été enlevé. Mais dans le milieu glauque de la pègre, où se côtoient marchands d’armes et narcotrafiquants, la mission ultra-périlleuse de Rake frôle l’impossible. Et la vie du mercenaire et du jeune garçon risque d’en être bouleversée à jamais…
La critique de Julien
Pour sa nouvelle distribution musclée, Netflix frappe fort avec ce film d’action au très gros pedigree. Produit et écrit entre autres par les réalisateurs des deux derniers volets des "Avengers" (on rappelle que "Endgame" est devenu l’année dernière le gros succès de tous les temps au box-office), basé du comic book "Ciudad" (2014) sur lequel ils avaient également travaillé, "Tyler Rake" ("Extraction" en version originale) est également porté par Chris Hemsworth (alias "Thor" dans l’Univers Cinématique Marvel), et réalisé par Sam Hargrave, pour son premier passage derrière la caméra, lui qui avait déjà travaillé auparavant avec les frères Russo en tant que coordinateur de cascades. Bref, tous les ingrédients sont donc déjà ici réunis pour divertir le spectateur en manque de testostérone. Et on ne vous a pas encore parlé de l’intrigue !
Il est donc question de Tyler Rake (Hemsworth), un mercenaire aguerri d’opérations noires/illégales, et ancien soldat du SASR australien (Special Air Service Regiment), qui doit alors exfiltrer le fils kidnappé d’un seigneur de la drogue indien Ovi Mahajan Sr., à Dacca, au Bangladesh, détenu pour rançon par le plus grand seigneur de la drogue du pays, Amir Asif. Évidemment, pour Tyler, tout ne se passera pas comme prévu, lui qui se retrouvera pris au piège dans une chasse à courre, tel un cerf au milieu d’une meute de chiens, alors pourchassé par la police et forces d’élite corrompues de la ville, aux mains d’Asif. Mais marqué par un drame familial, Rake fera de cette mission une rédemption personnelle, qu’il accomplira coûte que coûte…
Avec ce pitch vieux comme le monde, "Tyler Rake" ne brille pas par son originalité, bien que quelques retournements de situations viennent pimenter cette extraction. Aussi, le script pose un regard empathique sur la condition des enfants innocents nés de parents puissants travaillant dans l’illégalité, et au-dessus desquels pointe donc déjà une épée de Damoclès, ainsi qu’à l’inverse des enfants nés dans la rue, et qui, n’ayant d’autre choix pour nourrir leur famille, ou même sous la menace, doivent travailler pour des dealers et autres. Par contre, on ne saura pas grand-chose de cette entreprise formée d’anciens résistants, et menée par une femme, interprétée par Golshifteh Farahani, ici sous-exploitée. Mais est-ce en vue d’une suite (ou d’un préquel), qui irait peut-être davantage dans cette direction ? Quoi qu’il en soit, le dernier plan du film ouvre des portes.
Là où "Tyler Rake" marque des points, c’est dans le spectacle qu’il offre, plutôt de haute voltige, si ce n’est quelques effets spéciaux ratés, et des creux prévisibles au niveau du rythme. Mais les scènes de courses-poursuites et de combats ne trompent pas sur la marchandise. Et autant dire qu’on est ici face à une œuvre aussi énervée et efficace qu’un "John Wick", elle qui est mise en scène par un coordinateur de cascades très expérimenté (à classé au même niveau que David Leitch et Chad Stahelski), en témoigne une scène d’action longue de onze minutes, filmée dans les rues de Dacca en faux plan-séquence et caméra embarquée, façon jeu vidéo. Cette séquence (la plus réussie du film) est tout simplement grandiose et, n’ayons pas peur de le dire, orgasmique !
Enfin, le film tente l’émotion, et n’épargne personne. Et il le fait avec plus ou moins de réussite, étant donné d’une part le traitement psychologique de cet anti-héros, et arme de guerre physiquement rodée, mais mécanique, car traumatisée, et d’autre part celui d’un personnage secondaire antagoniste (Randeep Hooda) malgré-lui, qui parvient à toucher.
Dans l’ensemble, « Tyler Rake » remplit son contrat, et plaira donc aux amateurs du genre, lequel prouve une fois de plus la mainmise de plus en plus large de la plateforme de SVoD envers tous types de cinéma, laquelle s’est tout de même offerte ici un blockbuster à 65 millions de dollars de budget de production, et sans doute la franchise qui ira avec, potentiel à la clef...