Signe(s) particulier(s) :
– basé sur le livre "The Willoughbys" (2008) de Lois Lowry.
Résumé : Quatre jeunes frères et soeurs mijotent un plan pour se débarrasser définitivement de parents affreusement égoïstes et former une vraie famille parfaitement imparfaite.
La critique de Julien
L’année dernière, Netflix dévoilait "La Légende de Klaus" (de Sergio Pablos), son premier film d’animation remplit de succès, et même nommé à l’Oscar du meilleur film d’animation. Sur cette lancée, le géant du SVoD nous dévoile aujourd’hui "La Famille Willoughby", une coréalisation signée Kris Pearn ("Tempêtes de Boulettes Géantes 2") et Rob Lodermeier (nouveau dans l’exercice, mais superviseur de l’animation sur une petite dizaine de métrage), basé sur le roman "The Willoughbys" (2008) de Lois Lowry, elle dont le roman pour jeunes adultes "The Giver" avait déjà été adapté au cinéma en 2014, par Phillip Noyce. Dans ce film d’animation, quatre enfants mal-aimés par leurs parents aveuglément amoureux et égoïstes tenteront de s’auto-"orpheliniser" eux-mêmes afin de vivre ensemble, heureux, et en toute liberté.
Tandis que leurs malheurs sont racontés du point de vue d’un chat errant qui parle au public, les Willoughby étaient pourtant autrefois considérés comme une noble famille, marquée par des chevelures rouquines et moustaches disproportionnées marquant leur bravoure, sauf que la génération actuelle de la famille est très dysfonctionnelle. En effet, les parents sont bien trop occupés à s’aimer à l’un et l’autre, de là à fermer les yeux sur les besoins (d’amour... et vitaux !) de leurs enfants, dont l’aîné Tim, souvent enfermé à la cave, dans un bac à charbon, puis Jane, une passionnée de chant qui est constamment réduite au silence par ses parents, et enfin les plus jeunes garçons jumeaux qui s’appellent tous deux Barnabé, tous deux très intelligents et inventifs, mais étiquetés comme "effrayants". Bientôt, une série de péripéties amèneront les frères et sœurs à mettre au point un stratège pour se "débarrasser" de leurs parents, très répréhensibles. Sauf que ce dernier ne se déroulera pas tout à fait comme prévu...
Nom d’un Willoughby ! Créée par le designer Craig Kellman, ayant notamment conçu les personnages de "Madagascar" de DreamWorks Animation, de "Hôtel Transylvanie" de Sony Pictures Animation, ainsi que du récent "La Famille Addams" de Metro-Goldwyn-Mayer, les membres de cette famille sont pour le moins uniques dans leur genre. Et il en est globalement de même pour l’ensemble de l’animation de ce film, très coloré, et épousant les mouvements de caractère nerveux propre à l’animation en stop-motion. Les traits physiques des personnages laissent alors transparaître des détails assez surprenants, tels que des cheveux semblant formés de vraie laine.
Histoire à l’ancienne, "La Famille Willoughby" semble tout droit provenir d’un livre de Roald Dahl. D’ailleurs, les réalisateurs s’en sont largement inspirés ici pour mettre en boîte ce récit, qui nous dit dès l’ouverture que "les meilleures histoires sont aux fenêtres où personne ne regarde". Et en l’occurrence, celle-ci n’est dans son fond pas des plus lumineuses, quand on pense que ces frères et sœurs mangent les restes de la veille, pour autant qu’il y en ait... Conte noir, ses cinéastes le rendent pourtant lumineux et humoristique, car porté par de jeunes personnages insouciants, naïfs, forts de personnalités curieuses et bienveillantes (sans oublier les rencontres qu’ils feront), mais surtout par un visuel léché jouant ses cartes depuis une maison de ville rustique coincée entre deux gratte-ciels, jusqu’au sommet d’un pic situé en Helvétie suisse.
Autant dire que l’on voyage beaucoup dans "La Famille Willoughby" (les parents en feront d’ailleurs les frais), et sans doute un peu trop. Car à force d’aller dans tous les sens et direction, le film en perd sa profondeur narrative. C’est que l’un des points forts était ses thèmes de départ, assez lourds, puisqu’il était question d’orphelins, de maltraitance, ou encore d’irresponsabilité parentale. Or, ici, au vu de la tournure délurée, énervée et totalement imaginative de l’intrigue, le film perd en second degré, pour alors se créer son propre schéma rêvé de "la famille idéale", qui triomphera du reste. On aurait ainsi souhaité, par exemple, une quelconque part de remise en question des personnages adultes, mais rien de cela ici. Ce sera donc notre grand regret, soit celui de ne pas amener au dialogue, outre un (gros) mal de tête (c’est très bruyant).
Dynamique, porté par une animation soignée, humoristique et inspirée, "La Famille Willoughby" plaira instantanément aux enfants, lesquels se retrouveront embarqués dans une aventure trépidante, et faussement cruelle, malgré nous. Quant aux parents, ils risquent d’y perdre leur tête...