Signe(s) particulier(s) :
– basé sur le livre "A Milion Little Pieces" (2003) de James Frey, initialement vendu comme mémoire mais plus tard commercialisé comme roman semi-fictif à la suite d’accusations de contrefaçons littéraires.
Résumé : James est un toxicomane qui ne cesse de planer dans la vie. Il vit au bord de la mort et est forcé d’être admis en cure de désintoxication. Comme chaque toxicomane, James doit d’abord reconnaître le fait qu’il est dépendant de la drogue et affronter ses démons dans le choix constant entre la vie et la mort. Avec l’aide d’autres (anciens) toxicomanes, dont Leonard, il retrouve progressivement son chemin vers son vrai moi.
La critique de Julien
Initialement détenteur des droits d’adaptation cinématographique du roman "A Million Little Pieces" de James Frey., Warner Bros Pictures s’est finalement rétracté étant donné de faux éléments racontés par l’auteur dans son roman, tandis qu’il aura fallu attendre octobre 2017 pour que le projet trouve un réalisateur, ou plutôt une réalisatrice, en la personne de Sam Taylor-Johnson ("50 Nuances de Grey"), elle qui dirige d’ailleurs ici son mari Aaron Taylor-Johnson dans la peau d’un alcoolique et toxicomane de 23 ans, alors admis dans un centre de réadaptation en vue d’un traitement orienté en douze étapes.
Les faits sont alors censés se dérouler en 1993, où, suite à une chute accidentelle due à une consommation de drogue, James Frey se retrouve, contre son grès, mais motivé par son frère, à se refaire une santé dans un centre, ce qu’il ne va évidemment pas du tout apprécier tout un temps, avant de comprendre, petit-à-petit, notamment grâce à ses rencontres avec des personnes attentionnées, dont un patron de la mafia (Leonard, joué par Billy Bob Thornton), et Lilly (Odessa Young), une toxicomane, dont il tombera amoureux, malgré des règles strictes interdisant les contacts entre hommes et femmes dans l’établissement...
"A Million Little Pieces" vaut surtout pour le jeu toute en révélation d’Aaron Taylor-Johnson (vu dans "Kick-Ass" et sa suite, mais également dans "Savages" ou "Nocturnal Animals"), terriblement touchant de fragilité et de dénis dans le rôle de ce jeune homme enclin à l’auto-destruction, mais trouvant ici la force et la volonté de résister à ses terribles dépendances, malgré des tentations potentielles... Mais on ne va se mentir, et dire que, pour quelqu’un dont tous les organes sont mourants suite à ses excès, ce corps est beaucoup trop bien sculpté par rapport à sa situation, et surtout condition physique. Certes, c’est un détail, mais cela dénigre la part réaliste du portrait, qui d’ailleurs n’est assez travaillé en profondeur d’un point de vue psychologique. En effet, quitte à y inclure quelques flash-back supplémentaires et moins récents, on aurait ainsi aimé en savoir plus sur son histoire personnelle autrement que via de simples mots lors de discussions, aussi banale soit-elle. En effet, cela aurait gagné à rendre le film et les propos plus forts. De plus, la trame narrative du film, adaptée d’un roman, est trop linéaire, et laisse présager la conduite de son dénouement, tandis que le traitement en douze étapes que le personnage suit passe totalement en second lieu dans l’intrigue, préférant ainsi s’attarder sur une idylle impossible, mais qui va cependant l’aider à y voir plus clair face à ses démons. En effet, notamment par l’utilisation d’ellipses, le film préfère se concentrer sur le relationnel, extrêmement important dans ce genre de situation, plutôt que sur le processus de guérison en question, et l’évolution purement thérapeutique. Or, il est impossible de balayer des dépendances par le seul tissu et soutien social, surtout dans son cas, assez extrême...
On retiendra de ce drame indépendant sans prétention une interprétation puissante et indirectement enthousiasmante d’Aaron Taylor-Johnson, dans la peau d’un être en plein combat, et cela contre ses addictions et lui-même, mais qui manque cela dit de complexité dans son écriture pour le refléter sous toutes ses facettes.