Signe(s) particulier(s) :
– vaguement basé sur le roman "Wonderland" (2013) d’Ace Atkins, utilisant ainsi les noms des personnages créés par Robert B. Parker, elle qui hérité de la succession de la série de romans "Spenser" de ce dernier ;
– cinquième collaboration entre l’acteur Mark Wahlberg et le cinéaste Peter Berg après "Lone Survivor" (2013) , "Deepwater Horizon" (2016), "Patriots Day" (2016) et "Mile 22" (2018) ;
– Arthur Wahlberg, l’un des frères de l’acteur principal, tient ici un petit rôle dans le film.
Résumé : Spenser, un ancien flic, replonge dans les bas-fonds de Boston lorsqu’il découvre la vérité sur un complot retors et un meurtre qui a défrayé la chronique. Malgré des menaces répétées, Spenser décide de prendre l’affaire en main pour prouver que personne n’est au-dessus des lois.
La critique de Julien
Au rayon des films policiers sans prise de tête ni grande originalité, voici "Spenser Confidential", marquant tout de même la cinquième (!) collaboration d’affilée entre le réalisateur Peter Berg et Mark Wahlberg. Marky Mark (pseudonyme de l’acteur, à l’époque de sa carrière de rappeur, lui est d’ailleurs l’un des frères d’un des membres du groupe New Kids on the Block) interprète ici le rôle de Spenser, d’après un personnage écrit à la base par Robert B. Parker. Pourtant, tout comme les autres personnages du film, Spenser n’emprunte ici que le nom de son personnage, puisqu’il s’agit ici d’un ancien officier de la police de Boston, tout juste sorti de prison après avoir purgé une peine de cinq ans pour l’agression de son supérieur, Boylan. Mais voilà que ce dernier a été retrouvé assassiné le soir-même de sa libération. Résultat ? Spenser sera évidemment suspecté. Bien que le corps d’un certain lieutenant Graham soit retrouvé dans sa voiture, quelques heures après, elle qui aurait servi à défoncer celle de Boylan, tandis que de la drogue a été retrouvé chez lui... Spenser décidera alors de prendre l’affaire sous son aile, lui qui connaissait personnellement Graham, et le savait être un grand flic, honnête. Mais c’est sans compter sur l’ensemble du milieu, qui veut la peau de Spenser, à Boston, mais également sur son envahissante ex-petite-amie, Cissy, et Hawk, son colocataire (et aussi ancien détenu), venant lui mettre des bâtons dans les roues. Heureusement, son vieil ami et mentor, Henry Cimoli, veille sur eux...
On aurait pu attendre le pire et surtout avoir le temps long devant ce film de flic où il est question, une fois n’est pas coutume, d’un vaste degré de corruption s’apprêtant à être déjoué. Pourtant, si ce n’est quelques flottements au niveau du rythme, et une certaine prévisibilité, "Spenser Confidential" fait le job, en commençant par sa galerie de personnages, bien caractérisés, dont Spenser lui-même, que Mark Wahlberg rend fort sympathique, et humble dans sa démarche de vouloir blanchir un innocent, et dès lors de mettre à jour, presque seul contre tous, un réseau de conspiration au sein des forces de l’ordre de la police de Boston, qu’il avait déjà préalablement senti quelques années auparavant. Couillu, tenace, en quête de rédemption, mais méprisé par toute la profession, cet amateur de boxe, en voie de reconversion (il tente de passer son permis camion et rêve de conduire un magnifique camion noir appelé "Black Betty"), aura déjà fort à faire personnellement avec son ex-petite amie (Iliza Shlesinger), au fort tempérament, mais également avec Hawk (Winston Duke, peu exploité), un mastodonte incapable de frapper correctement, avec lequel il doit partager sa chambre, sans compter sur une bien belle bande de ripoux, prêts mouiller leur insigne pour s’en mettre plein les poches.
Ce n’est donc pas tant pour l’histoire, déjà vue et sans grand intérêt, que ce film policier réussit à divertir, mais bien pour la complicité à niveau égal entre l’action/l’enquête et son humour, rebondissant sur les névroses diverses de sa galerie de personnages. Oui, on s’amuse aussi, ici et là, de plusieurs répliques qui font mouche, et d’un certain second degré dans sa représentation de l’antagoniste corrompu, assez détestable, car profitant de son pouvoir. Et puis, l’ennemi n’est jamais loin ici pour Spenser, lui qui, s’il a retrouvé son chien après cinq années, ne plait pas, à contrario, aux autres chiens ! Et concernant la réalisation, Peter Berg reste ici efficace, même s’il perd sans doute un peu ici d’ampleur et de force dans sa mise en scène, et ses messages, bien qu’il ne joue pas avec le même niveau de menace que celui de ses précédents films, loin du drame décrit, par exemples, dans ses films "Du Sang et des Larmes" (2013), retraçant l’échec de l’opération Red Wings des SEALs contre les talibans en Afghanistan en juin 2005, ou encore "Deepwater Horizon", revenant quant à lui sur l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, survenue en avril 2010. En effet, "Spenser Confidential" joue en terrain connu, et n’a d’autre ambition que celle de divertir, à l’ancienne, et avec de gros bras !
"Spenser Confidential", c’est une petite gâterie qui fait du bien, et envers laquelle il ne faut pas être très sévère. Bien mené, ce film, signé par un artisan du spectacle musclé, s’appréciera pour ce qu’il a à proposer, mais sans jamais aller plus loin.