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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci
Sibel
Sortie du film le 04 mars 2020 - disponible en VoD Premium sur VOOmotion, Universcine, Proximus Pickx…
Article mis en ligne le 25 mars 2020

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :
 troisième long métrage réalisé par Guillaume Giovanetti et Çağla Zencirci, après "Noor" (2014) et "Ningen" (2015), lesquels sont en couple dans la vie.

Résumé : Sibel, 25 ans, vit avec son père et sa soeur dans un village isolé des montagnes de la mer noire en Turquie. Sibel est muette mais communique grâce à la langue sifflée ancestrale de la région. Rejetée par les autres habitants, elle traque sans relâche un loup qui rôderait dans la forêt voisine, objet de fantasmes et de craintes des femmes du village. C’est là que sa route croise un fugitif. Blessé, menaçant et vulnérable, il pose, pour la première fois, un regard neuf sur elle.

La critique de Julien

Amoureux des langues et des possibilités de communication, c’est après avoir lu une encyclopédie relatant tous les langages de l’humanité, puis effectué un voyage dans la région de la Mer Noire en Turquie que le couple de cinéastes Guillaume Giovanetti et Çağla Zencirci ont souhaité s’imprégner de l’existence d’un petit village au nord-est de la Turquie dans lequel les habitants parlent une langue sifflée, afin d’écrire leur nouveau film, « Sibel ». Kusköy, tel est le nom de cet endroit (traduit littéralement par « village des oiseaux »), où cette langue est une véritable retranscription en syllabes et en sons de la langue turque, elle qui est entrée sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2017.

Tourné en grande partie dans ce village, et nourri du vécu de ses habitants, ce récit fictif d’émancipation met en scène l’histoire de Sibel, une jeune paysanne de 25 ans plongée dans la tradition paternaliste, elle qui vit avec Emin, son père veuf, épicier et maire du village, et avec sa sœur cadette, et capricieuse, Fatma. Rejetée car maudite par superstition par les villageoises suite à son mutisme, la demoiselle n’a alors d’autre obstination que de traquer un mystérieux loup (étant donné la découverte de nombreux os) dans les montagnes et fôrets surplombant le village, dans l’espoir d’être acceptée par les villageois si elle leur ramène. Alors que sa sœur cadette se voit promise à un mariage prochain, Sibel, elle, rencontrera un fugitif dans la forêt...
Par ce portrait actuel d’un jeune demoiselle turque, repoussée malgré elle, et issue d’un milieu reculé (dès lors aussi dans ses mentalités), « Sibel » montre comment tente d’évoluer et d’exister cette jeunesse, cantonnée à la tradition (notamment relative au mariage forcé, aux devoirs militaires), et à l’emprise d’un patriarcat autoritaire.

Sans être démonstratifs dans leurs idées, les cinéastes dévoilent ici en sous-texte les drames vécus par des hommes et femmes qui ont tenté de déroger à cette société muselée, au regard de l’honneur de leur proche, qu’ils auraient ainsi sali. Mais leur film aurait gagné à marquer davantage le spectateur s’il avait oser réellement mettre en lumière et dire ces drames, qu’ils suscitent ici au travers du parcours de Sibel.

Dans son rôle, l’actrice turque Damla Sönmez irradie l’écran par son personnage, et cela d’une part par son dévouement familial et sa capacité d’emagasiner toutes les responsabilités que son père lui incombe, et d’autre part par sa fougue et son courage, elle qui tente de se faire accepter telle qu’elle est, mais qui découvrira cependant, suite à une rencontre cachée, que la vraie vie, libre, n’est pourtant pas celle qu’elle convoitait jusque-là.

Tandis qu’il nous rappelle le film « Mustang » (2015) de Deniz Gamze Ergüven, sans être aussi poignant, et jugé par la presse turque, « Sibel » prône la force d’évasion et la prise de conscience féminine, ainsi qu’une lueur d’espoir à leur égard face au conservatisme d’une partie de la Turquie, en plus de bénéficier d’une sublime photographie sauvage et d’un langage parlé intriguant (qui rappelle quant à lui celui du récent film « Les Siffleurs » de Corneliu Porumboiu).

https://www.youtube.com/embed/aeXrfiVlIaQ
SIBEL Bande Annonce (2019) Drame - YouTube


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