Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Zoé Wittock
Jumbo
Sortie du film le 01 juillet 2020
Article mis en ligne le 23 mars 2020

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :
 premier film de la cinéaste belge Zoé Wittock, détentrice de plusieurs courts métrages, dont "À Demi-Mot" (2014) ;
 inspiré par l’histoire d’Erika Eiffel, lue dans un article de presse, elle qui a épousé officieusement en 2007 la Tour Eiffel...

Résumé : Jeanne, une jeune femme timide, travaille comme gardienne de nuit dans un parc d’attraction. Elle vit une relation fusionnelle avec sa mère, l’extravertie Margarette. Alors qu’aucun homme n’arrive à trouver sa place au sein du duo que tout oppose, Jeanne développe d’étranges sentiments envers Jumbo, l’attraction phare du parc.

La critique de Julien

"Objet inanimé, avez-vous donc une âme, qui s’attache à votre âme et la force d’aimer ?" Ce sont d’emblée ces mots extraits d’un poème d’Alphonse de Lamartine (1790-1869) qui résonnent au cœur du premier film de Zoé Wittock, laquelle nous embarque dans une relation passionnelle et onirique entre une demoiselle et une attraction à sensations fortes, filmée en partie à Plopsa Coo, dans l’Ardenne belge.

Métaphore envers la tolérance et l’acceptation de la différence dans une société qui juge dès que quelqu’un sort des cases, sans même faire de mal à personne, "Jumbo" est un étrange ovni cinématographique assez intriguant dans la forme, et perturbant dans le fond. En effet, visuellement, Zoé Wittock, avec l’aide de Benuts, société montante dans le travail des effets spéciaux, dévoile ici une parade de sons et de lumières, telles des aurores boréales, lorsque Jeanne (Noémie Merlant) communique avec Jumbo, tandis qu’elle est chargée d’entretenir durant la nuit la propreté du parc et de ses engins. Introvertie, la demoiselle ressentira alors comme une attraction pour cet objet de foire, capable de s’exprimer également avec un fluide. C’est en cette capacité de communication que le film est assez troublant, et pourrait prêter à rire sur papier.

S’il est donc question ici d’une personne que l’on pourrait considérée comme objectophile, la réalisatrice et scénariste laisse le doute quant aux ressentiments de son personnage pour Jumbo, bien qu’elle laisse planer le doute quant à un trauma qu’elle aurait pu subir durant son enfance, et qui serait lié à son père. D’ailleurs, après quelques recherches, Zoé Wittock a découvert que cette particularité d’éprouver des sentiments pour des objets pouvait aussi venir d’une forme d’autisme, laquelle peut conduire à une hypersensibilité à la lumière, aux mouvements, ainsi qu’aux sons.
Et en l’occurrence, cela ne nous n’étonnerait guère que Jeanne souffre d’autisme, elle qui préfère bricoler des attractions miniatures dans sa chambre plutôt que de dialoguer avec autrui, elle qui éprouve d’ailleurs des difficultés à s’exprimer, tandis que Marc (Bastien Bouillon), le manager du parc, lui cours gentiment après, sans qu’elle y soit sensible, et que sa mère (Emmanuelle Bercot), très entreprenante avec les hommes (tout en cachant une douleur) et à la personnalité opposée, la pousse à se retrancher sur elle-même, dans son monde extra-sensoriel.

Tandis que certaines effets nous font curieusement, et agréablement penser au cinéma de Spielberg, "Jumbo" possède une double lecture dans la mise en scène de cette curieuse histoire, soit d’une part réaliste dans la description psychologique de son personnage principal et son mal-être, et d’autre part fantasmagorique dans sa manière de l’extérioriser. En effet, il faut bien avouer qu’il n’est pas commun de voir un être humain avoir un orgasme avec un tas de ferraille qui, en plus, peut rouiller... Vous comprendrez par cette dernière phrase que l’humour s’invite aussi ici en fonctionne du degré d’incompréhension de la situation par la maman de Jeanne, parvenant après tout à la croire, mais sans l’accepter...

Zoé Wittock nous invite à un étrange tour de manège avec "Jumbo", soit un cinéma de genre situé entre deux eaux, porté par l’interprétation transcendée de Noémie Merlant, et un travail visuel alléchant, à la frontière du réel.

https://www.youtube.com/embed/yIAaymRWRaM
JUMBO Trailer VF - YouTube


Au hasard...

Prey
le 7 août 2022
Happy End
le 7 novembre 2017
Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire
le 14 avril 2024
Coco
le 17 décembre 2017
Fleuve noir
le 18 août 2018
Bonne pomme
le 16 octobre 2017
Le Visiteur du Futur
le 12 septembre 2022
Warfare
le 20 avril 2025
38°5 Quai des Orfèvres
le 19 juillet 2023
Les Apparences
le 29 septembre 2020
The Equalizer 2
le 20 août 2018
Le Gendre de ma Vie
le 2 janvier 2019
Pourris Gâtés
le 28 septembre 2021
Nous Finirons Ensemble
le 13 mai 2019
Under the Silver Lake
le 24 août 2018
Moonfall
le 30 mars 2022
L’Homme qui a Vendu sa Peau (The Man Who Sold His Skin)
le 4 août 2021
Premier de la Classe
le 12 août 2019
Vol à Haut Risque (Flight Risk)
le 3 février 2025
Le Mans 66 / Ford v Ferrari
le 23 novembre 2019
Mentions légales Espace privé RSS

2014-2025 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.2.1