Synopsis : Kiki, 13 ans, est une petite fille comme les autres, si ce n’est qu’elle est sorcière. A son âge, la tradition veut qu’elle quitte ses parents pour s’établir pendant un an dans une autre ville pour exercer ses talents de sorcière. Son balai magique entre les jambes, son chat noir Jiji, et sa radio (cadeau de son père) sous le bras, elle s’installe à Koriko, une ville de bord de mer. Kiki y trouve rapidement un emploi de livreuse dans la boulangerie d’Osono. Voler sur un balai, c’est bien pratique pour livrer des colis.
Durée : 1h42 - Age : à partir de 8 ans
Le contexte de la diffusion sur Netflix
La future plateforme de streaming des studios Disney débarque sur les écrans et autres tablettes le 24 mars, et compte bien dérouler le tapis rouge à Mickey, Donald et leurs amis en accueillant 7500 épisodes de séries, 300 films du catalogue historique, et 100 films inédits et plus récents. Objectif : concurrencer le géant numéro 1 Netflix.
Pas de quoi décontenancer le colosse aux pieds d’airain : face à cette joyeuse parade de souris aux grandes oreilles sympathique, de canard grin-cheux, de garçon qui refuse de grandir et boude dans son île du Pays imaginaire, de princesse endormie, ou de cette autre totalement étourdie avec son soulier, Netflix ouvre les portes de son royaume à une princesse louve, aux sorcières - qui ont très peu d’heures de vol de balai au compteur - à un aviateur porcin, à un voisin étrange, ou à une petite fille qui apprend à grandir.
Vous avez reconnu Princesse Mononoké, Kiki la petite sorcière, Porco Rosso, Mon voisin Totoro et Le voyage de Chihiro, quelques-uns des plus célèbres films d’animation japonaise, produits par le légendaire studio Ghibli. Netflix intègre donc la totalité des films produits par le studio fondé - en 1985 - par Hayao Miyazaki et Isao Takahata, deux anciens réalisateurs de films d’animation et de séries animés pour la Toei Animation. Les 21 films - dont la coproduction La Tortue rouge est absente, mais qui inclue Nausicaä de la Vallée du Vent, sortie avant la création du studio - rejoignent Le Tombeau des Lucioles (de Isao Takahata)
Netflix marque un grand coup puisque Hayao Miyazaki lui-même avait toujours refusé de « rendre ses films disponibles digitalement dans le monde, que ce soit en streaming ou en téléchargement » assurant qu’il est « vital et que c’est une opportunité particulièrement appréciée pour l’audience, d’expérimenter le film ensemble dans un décor de cinéma ».
Après Le château dans le ciel (1986), Le Tombeau des Lucioles (1988) et Mon Voisin Totoro (1988), Kiki la petite sorcière est le quatrième film du Studio Ghibli. On y retrouve les thématiques chères à Miyazaki, qu’il ne cessera de magnifier par la suite : la nature, le respect des animaux, l’aviation, l’enfance et l’apprentissage de l’indépendance.
Cliquez sur le titre pour découvrir l’histoire.
L’avis de Delphine
Miyazaki sait comme personne faire se côtoyer le merveilleux et le banal, voire le vieillot : puisqu’on réclame sa carte d’identité à Kiki, alors qu’elle précise être « une jeune sorcière en apprentissage » , et que, logée chez Osono la boulangère, elle utilise les toilettes dans une cabane de l’arrière-cour.
Les dessins de Miyazaki, ont cette rondeur de l’enfance alliée à la maturi-té, exprimée par les expressions et les postures très réalistes des person-nages. L’alternance de plans larges, panoramiques, travellings, gros plans, permet heureusement de dynamiser l’histoire là où elle patine un peu.
Car si Kiki est attachante, les ressorts dramatiques prennent tout leur temps et l’intrigue reste plutôt simple. Une tension dramatique qui sera beaucoup plus éclatante et maîtrisée dans les dessins animés suivants. Miyazaki s’attarde ainsi à montrer une thématique qu’il illustrera mieux, magnifiquement et avec la profondeur juste quelques années plus tard, dans « Le voyage de Chihiro » : Kiki doit travailler pour gagner et affirmer son identité.
Mais il rester le maître des bonnes trouvailles : le stratagème pour remplacer momentanément le cadeau perdu lors de la livraison - et pour lequel Jiji est mis à contribution - et aussi cette scène inquiétante avec des oiseaux très hitchcockiens où Kiki se confond avec Tippi Hedren, sont des temps forts de ce dessin animé.
Tout comme cette séquence où Kiki perd ses pouvoirs et voit donc ses rêves d’avenir disparaître quand les autres réalisent les leurs.
Une histoire faussement mièvre, donc, empreinte de sensibilité, soulignée par la musique toujours idéale de Joe Hisaishi
A voir en attendant de se plonger dans « Princesse Mononoké » et « Le voyage de Chihiro » par exemple, deux de ses chefs-d’oeuvre.
Un conseil : regardez Kiki la petite sorcière en VO sous-titrée. La voix française de Kiki plaintive, criarde, qui surjoue l’enthousiasme est horripilante, tout comme celle de Jiji le chat, d’ailleurs.