Signe(s) particulier(s) :
– s’inspire de l’histoire vraie de l’agent de sécurité Richard Jewell qui fut l’une des premières personnes à découvrir la présence d’une bombe dans le parc du Centenaire à Atlanta durant les Jeux olympiques d’été de 1996, et qui, par ses actions, permis de sauver des vies, avant d’être suspecté comme étant l’auteur de cet attentat par le FBI, et cela durant 88 jours ;
– basé sur l’article de Vanity Fair "American Nightmare : The Ballad of Richard Jewell" publié en 1997 par Marie Brenner ;
– le film a essuyé une controverse pour sa représentation de la journaliste du "The Atlanta-Journal Constitution", Kathy Scruggs, décédée d’une surdose de médicaments sur ordonnance en 2001, étant donné qu’elle est notamment ici décrite comme une journaliste sans scrupules se donnant à des relations sexuelles avec un agent fictif du FBI en échange d’informations confidentielles...
Résumé : En 1996, Richard Jewell fait partie de l’équipe chargée de la sécurité des Jeux d’Atlanta. Il est l’un des premiers à alerter de la présence d’une bombe et à sauver des vies. Mais il se retrouve bientôt suspecté... de terrorisme, passant du statut de héros à celui d’homme le plus détesté des Etats-Unis. Il fut innocenté trois mois plus tard par le FBI mais sa réputation ne fut jamais complètement rétablie, sa santé étant endommagée par l’expérience.
La critique de Julien
On savait déjà que Clint Eastwood tirait plus vite que son ombre, mais force est de constater qu’il tourne aussi plus vite que quiconque, et ce malgré ses quatre-vingt-neuf balais ! Après s’être notamment intéressé à Sully Sullenberger et au "miracle sur l’Hudson" dans "Sully", la légende vivante s’attaque ici à un autre cas de héros malmené par le système américain, Richard Jewell, lequel avait sauvé des vies lors de l’attentat terroriste perpétué pendant les Jeux Olympiques d’été à Atlanta le 27 juillet 1996, lui qui avait alors découvert une bombe, et fait évacuer les lieux, avant qu’elle n’explose. Acclamé en héros, il sera pourtant - à tort - le principal - et idéal - suspect aux yeux du FBI, durant près d’un mois et demi. "Le Cas Richard Jewell" revient sur ces effroyables accusations à son égard, et l’atteinte qu’elles lui ont portée, ainsi qu’à ses proches. Car bien qu’il n’ait jamais été officiellement poursuivi, Richard Jewell a été largement persécuté par les médias, et situé dans le collimateur du FBI lors d’une enquête très poussée, et poussive...
D’après un scénario adapté de Billy Ray ("Capitaine Phillips" de Paul Greengrass), le nouveau Clint Eastwood est un biopic des plus classiques qui soit, mettant ainsi en vedette un héros blessé dans son acte de bravoure, ayant pourtant permis de sauver bien des victimes potentielles d’une mort certaine s’il ne les avait pas prévenues de fuir les lieux après la découverte de cette bombe, posée en réalité par Eric Rudolph, un proche des milices et mouvements religieux extrémistes hostiles au gouvernement fédéral des Etats-Unis, condamné à quatre peines consécutives de réclusion à perpétuité afin d’éviter un procès, et une potentielle condamnation à mort. Mais puisqu’il avait l’ambition de devenir policier sans jamais avoir pu vraiment le devenir jusque-là, Jewell, qu’il avait alors essuyé pas mal d’incidents mineurs suite à son poste de geôlier dans le comté de Habersham (avant d’être promu adjoint du shérif puis rétrogradé - ce qu’il n’acceptera pas, et démissionnera) puis d’agent de sécurité à l’université Piedmont de Demorest, fut considéré comme le coupable idéal, le FBI, obsédé par le profilage, voyant en lui le parfait "complexe du héros", lequel aurait ainsi pu poser la bombe pour la trouver par ses soins, et ainsi obtenir un meilleur emploi dans la police. Bref, il correspondait parfaitement à la théorie du terroriste solitaire, tandis que son nom fuita dans la presse, l’enquête s’apprêtant ainsi à devenir publique, et à changer sa vie, à jamais...
"Le Cas Richard Jewell" expose l’acharnement injuste dont a été victime cet homme, condamné par bien des agents et des médias comme étant l’assassin du parc du Centenaire, alors qu’il n’en était rien. Clint Eastwood rend ainsi honneur et hommage à cet homme, et fait ici preuve d’efficacité dans cette reconstitution fidèle dans les grandes lignes à la réalité, bien que certains événements aient été imaginés pour des fins dramatiques, et une licence artistique. On pense notamment au rôle tenu par Jon Hamm (l’agent Tom Shaw), un personnage composite écrit à partir de plusieurs agents présents au moment des faits, et représentant ici le zèle auquel Richard Jewell a été confronté par le FBI et leurs méthodes peu catholiques (forcing, manipulation, mise sous écoute, perquisition humiliante, etc.). Mais le pire sans doute dans cette histoire, c’est que, ravi de pouvoir aider des policiers (et aspirant à cette "noble" profession), Richard Jewell est entré naïvement dans leur jeu, alors que des agents du FBI, connaissant son profil, avaient notamment tenté de lui faire abandonner son droit constitutionnel à avoir un avocat... Autant dire qu’il y a eu de nombreuses poursuites judiciaires de la part de Richard Jewell pour diffamation, notamment à l’encontre des médias qui l’ont dépeint comme le poseur de bombe. Et même si beaucoup d’entre elles connurent des accords financiers, et qu’il fut recruté comme policier à Luthersville en novembre 1997, malgré de nombreux refus (car jugé sous-qualifié ou en surpoids), cela n’est rien face l’immonde condamnation à laquelle il a été rattaché, son nom ayant été entaché à jamais par cette histoire, alors qu’il en était l’un des héros. D’ailleurs, on remarquera que les répliques, soignées, témoignent avec justesses des conséquences des accusations portées à l’égard de Jewell, lesquelles ne pousseront dorénavant plus personne à agir comme lui à la vue d’un danger, par peur ainsi de devenir le "nouveau Richard Jewell"...
Au service de cette histoire aberrante et de sa condamnation, Clint Eastwood a tourné ici avec de grands acteurs extrêmement convaincants, dont l’excellente révélation Paul Walter Hauser, qui tient ici son premier rôle en tête d’affiche (on avait déjà pu le voir dans "I, Tonya" de Craig Gillespie), mais également Sam Rockwell dans le rôle de son avocat et ami Watson Bryant, ou encore Kathy Bates dans celui de sa mère, Barbara "Bobi" Jewell. Et autant dire que les acteurs ressemblent beaucoup aux personnages réels, ce que des images d’archives finement placées nous montrent, notamment lors d’interviews ou du lynchage médiatique subit, lui qui a été suivi dans ses moindres faits et gestes durant 88 jours.