Synopsis : Fabienne, icône du cinéma, est la mère de Lumir, scénariste à New York. La publication des mémoires de cette grande actrice incite Lumir et sa famille à revenir dans la maison de son enfance. Mais les retrouvailles vont vite tourner à la confrontation : vérités cachées, rancunes inavouées, amours impossibles se révèlent sous le regard médusé des hommes. Fabienne est en plein tournage d’un film de science-fiction où elle incarne la fille âgée d’une mère éternellement jeune. Réalité et fiction se confondent obligeant mère et fille à se retrouver...
Acteurs : Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ethan Hawke, Ludivine Sagnier, Jackie Berroyer, Roger Van Hool, Laurent Capelluto
Pour son incursion en France avec un casting majoritairement français, Hirokazu Kore-Eda offre un film qui est traversé par une dimension familiale. Le réalisateur reste ainsi fidèle à l’un de ses thèmes privilégiés. Malgré la barrière de la langue, le réalisateur nos offre un film qui est une réflexion (au double sens du mot : penser et également comme un miroir) sur le cinéma, les acteurs, la famille, la vérité (et le mensonge) et l’image de soi !
"La Vérité", c’est d’abord le titre du livre que Fabienne (Catherine Deneuve) vient d’écrire. Il s’agit d’une autobiographie "revisitée". Elle relit sa vie en occultant certaines parties, dont la relation avec sa fille Lumir (Juliette Binoche). Plutôt que de "rendre compte" de sa carrière, elle "règle ses comptes" avec son passé, sa famille, le milieu du cinéma. Mais cette autobiographie rejaillit son existence actuelle et la contamine d’une certiane façon, ainsi que sa relation avec sa fille (et sa petite fille) et son beau-fils Hank (Ethan Hawke) un acteur pas totalement au top !
Il y aurait une double mise en abîme dans le fils. Ce livre qui interagit avec le monde réel, et une autre, à savoir le film dans lequel Fabienne joue le rôle de la fille de Manon Lenoir (Manon Clavel, ici dans son premier long métrage). Celle-ci, suite à son passage dans l’espace ne vieillit plus... au contraire de ses amis et de ses proches. Dans ce film d’anticipation, la fille est représentée à divers âge de sa vie et c’est à Fabienne qu’il échoit de l’incarner dans la vieillesse face à une Manon éclatante de jeunesse. Et ce qui se joue-là sera à la fois occasion de caprices de stars (notamment de jugement par rapports aux jeunes acteurs) mais aussi de passerelles avec le monde réel.
La vérité, c’est aussi ce qu’il faudrait dire à une personne aimée autrefois et que l’on ne dit pas sinon, faussement, par le biais d’un mensonge que l’on théâtralise. La vérité c’est celle que l’on a tue et que l’on voudrait ré-exprimer dans une scène avec un doigt dans une mèche de cheveux. La vérité, c’est la rencontre d’une petite-fille avec sa grand-mère et le retour vers la mère "est-ce qu’elle y a cru ?" (et l’on aurait aimé que le film se clôture sur cet antépénultième plan... qui nous a fait émettre un "wouah" de coeur, pensant y voir la conclusion du film !).
La vérité c’est aussi, possiblement, l’intrication de la vie de Catherine Deneuve (et des acteurs/actrices en général) où leur jeu puise dans la vie réelle. Dans ce film, dans ce jeu de rôles, l’on sent que l’expérience, les joies, les rancoeurs, les coups bas ont dû permettre aux interprètes de faire une démarche et une expérience cathartique qui a sublimé leurs interprétations.