Synopsis : Victime d’un accident, Marona, une petite chienne, se remémore les différents maîtres qu’elle a connus et aimés tout au long de sa vie. Par son empathie sans faille, sa vie devient une leçon d’amour.
Annoncé pour les plus de six ans, et donc destiné aux enfants, ce film d’animation roumain séduira autant les petits que les grands. Marona (ou, en version française L’extraordinaire voyage de Marona) commence par sa fin (au double sens de l’expression : la fin du film, mais également celle de Marona, la chienne héroïne de l’histoire). Si le suspens semble totalement évacué, il aura pour mérite de préparer les plus petits (voire nous les adultes) à la mort de Marona.
Marona, c’est le nom d’une chienne, mais ce ne fut pas toujours son nom comme on l’apprendra par l’anamnèse de son existence brutalement interrompue dès l’entame du film. Quand on meurt, il se dit que l’on revoit le fil de sa vie. Chez les humains. Mais pourquoi pas chez les canidés ? C’est en tout cas ce que nous dit Marona, que c’est peut-être le plus utile à ce moment-là, quand on milieu de la route, une jeune fille tient sa dépouille près d’elle. Occasion donc d’un flashback, de remonter aux origines, avant sa naissance même et ne nous faire découvrir son père (le snob dogue argentin Ralph La Bomba Ati Mondora avec un pedigree et une ascendance maltaise) et sa mère (la métisse Sissy) et leur improbable rencontre. Sa naissance et son premier nom (neuf, car elle est la neuvième et dernière de la portée). Ensuite ce seront d’autres rencontres, celles de Marona avec ses maîtres successifs. Tout cela raconté par l’héroïne elle-même, et, une fois n’est pas coutume, l’on peut recommander la version doublée en français, tant Lizzie Brocheré apporte corps par sa voix Marona. Une opportunité aussi de voir ce film en famille et de pouvoir en parler ensuite avec les (petits) enfants, en particulier sur l’échéance de la vie : la mort.
Si l’on aura plaisir à découvrir les péripéties de l’héroïne, depuis son apprentissage livresque (adaptant ainsi une croyance roumaine selon laquelle on apprend en dormant sur des livres) jusqu’à l’apprentissage de la vie avec un maître, le bonheur de la rencontre et de la vie avec l’humain. Mais aussi les moments de solitude, de détresse ou d’abandon. Regard tendre, cruel parfois, lucide aussi sur l’homme, l’humanité au travers de scènes touchantes, émouvantes, drôles, tristes, cruelles... Passant d’une épouse jalouse et frivole à un grand-père bourgeon et un chat haut perché répondant au doux nom de Martzofel.
Durant toute l’évolution de l’intrigue, le jeune autant que l’adulte s’émerveilleront devant la multiplicité des techniques utilisées pour rendre compte de l’histoire. Chacune de celles-ci est au service du récit et non technique pour la technique. L’on s’émerveillera, par exemple, de la façon de dessiner, représenter le maître acrobate, son univers, ses pirouettes. Chaque étape de l’existence de Marona, différente des précédentes, sera l’occasion d’une explosion graphique qui éblouira le regard et arrachera des "ouah", voire des "wouaaaah" dans le coeur.