Signe(s) particulier(s) :
– troisième film réalisé par le cinéaste américain Osgood Perkins, lui qui n’est autre que le fils aîné de l’acteur Anthony Perkins ;
– basé sur le conte folklorique allemand "Hansel & Gretel" des frères Grimm, publié en 1812.
Résumé :
Une jeune fille conduit son petit frère dans une forêt sombre à la recherche de nourriture et d’un travail. Ils vont rencontrer une sorcière terrifiante.
La critique de Julien
S’il y a bien un conte populaire qui n’a jamais cessé d’intriguer et inspirer le cinéma, c’est bien celui de "Hansel et Gretel", des frères Grimm. Oui, l’histoire de ce petit garçon et de sa sœur Gretel est d’ailleurs connue de tous. En effet, abandonnés dans la forêt par leur père bûcheron et leur belle-mère (craignant la famine), ces enfants seront alors recueillis par une vieille dame à moitié aveugle, dans une maison en pain d’épices, avec des fenêtres en sucre, elle qui s’avérera être une sorcière, ayant alors construit la maison afin d’attirer les enfants et les manger. S’il l’on devait ainsi estimer le nombre d’adaptations de cette œuvre pour le cinéma ou le petit écran (court ou long métrage, série, etc.), alors on ne serait pas loin de trente versions différentes. Et celle que nous offre aujourd’hui Osgood Perkins n’est pas dénuée de charme. Mais il y a un « mais ».
L’histoire débute alors sur un prologue qui nous amènera plus tard à cette sorcière, et donc à sa rencontre avec les deux protagonistes principaux du film, que sont ici une jeune fille de seize ans (Sophia Lillis), capable alors de voir des choses depuis toute petite et que le commun des mortels ne voit pas, elle qui conduit son petit frère de huit ans (Sam Leakey) au travers d’un sombre bois, après avoir été mis à la porte de chez leur mère. À la recherche désespérée de nourriture et de travail, ils trébucheront sur le mal, terrifiant. Visuellement soigné, même si baignant dans des couleurs un peu trop sombres, "Gretel & Hansel" développe davantage ici une histoire puérile de passage à l’âge adulte alors entravé par l’attachement dévoué à autrui (ici d’une sœur vis-à-vis de son frère), empêchant dès lors une évolution personnelle. Cette sorcière fera alors profiter ces enfants de son incroyable et étrange festin, tandis qu’elle enseignera à Gretel quelques-uns de ses savoir-faire en la matière (de sorcellerie), pendant qu’Hansel découvrira les lugubres alentours de la maison. Sauf que, comme leur mère leur a appris, "rien n’est donné sans que quelque chose soit pris"...
Si on adore l’ambiance anxiogène dans laquelle repose ce "Gretel & Gretel", on reste cependant moins emballé par son scénario, lequel n’évolue qu’au travers de la voix-off de son personnage principal, reflétant ainsi ses pensées intérieures, mais aussi par ses visions, prémonitions et rêves cauchemardesques. Mais à trop réfléchir et se poser des questions, c’est la matière-même de l’histoire qui s’évapore, laissant ainsi peu de place à l’horreur et l’épouvante pures. Et ce ne sont pas les maigres et vagues origines de la sorcière en question racontées en fin de parcours qui vont nous convaincre.
Cette énième adaptation, disons plutôt atmosphérique, s’inscrit ainsi dans la nouvelle vague de cinéma horrifique plus malicieux, audacieux, profond, et qu’est en train de développer de jeunes auteurs qui osent sortir des cases. On pense ainsi à Robert Eggers, Robert David Mitchell, Jennifer Kent, Jordan Peele ou à Ari Astier, pour ne citer qu’eux.