Synopsis : Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre. "Une vie cachée" raconte l’histoire de ces héros méconnus.
Acteurs : August Diehl, Valerie Pachner,Michael Nyqvist, Matthias Schoenaerts, Bruno Ganz, Maria Simon, Tobias Moretti, Ulrich Matthes
A voir et entendre la bande annonce, l’on découvre l’essence même du film, entre grandes envolées lyriques et élégiaque et moment de profondeur et d’interrogations personnels. Les fans de Mallick (dont nous sommes) tombent sous le charme et entendons le retrouver lors de la projection du film. Faites-vous la bande-annonce ci-dessous et vous aurez saisi. Le film est là, hyper-condensé en moins de deux minutes et vous invite à un chemin où le paradis côtoie l’enfer.
Malick met ici en images quelques mois de la vie de Franz Jägerstätter, paysan et objecteur de conscience autrichien. Depuis sa vie champêtre avec son épouse et son intégration au service actif en février 1943, son refus de combattre et de prêter allégeance à Hitler, jusqu’à sa mort par décapitation le 9 août de la même année. Comme l’indique sa fiche Wikipedia : "Après la Seconde Guerre mondiale, Franz Jägerstätter est largement oublié. Ce n’est qu’en 1964 que le sociologue américain Gordon Zahn (en) publie une biographie qui le fait connaître. En juin 2007, le pape Benoît XVI a autorisé la Congrégation pour la cause des saints à publier un décret reconnaissant Jägerstätter comme martyr. Celui-ci a été béatifié à la cathédrale de Linz le 26 octobre 2007, jour de la fête nationale autrichienne".
A Hidden Life (Une vie cachée), c’est le Terrence Malick de The Tree of Life et de Days of Heaven mixé avec les questions existentielles et religieuses de Silence (Martin Scorsese). L’on retrouve les plans de la nature où l’humain est en communion avec celle-ci, paradisiaques, d’avant la chute avec une utilisation du grand angle jusqu’au vertige. Mais l’on sent poindre l’angoisse au détour de certains plans jusqu’à la bascule où le film se fera plus âpre, plus sombre lorsque Franz sera arrêté. Le réalisateur fait découvrir également l’ostracisme profond Franz et les siens font l’objet, et qui durera après son incorporation et son emprisonnement. Les échanges sur sa foi et ses convictions feront penser à ceux dont il est question dans Silence, s’agissant, notamment, de celui de Dieu, censé prouver, là pour l’antagoniste japonais, ici pour l’officier allemand que Dieu n’existe pas et qu’on lui demande simplement de prononcer quelques mots. Dans chacun de ces parties, Malick prend son temps pour déployer son propos, aidé en cela par la musique et, plus encore, par son habituelle "voix off". Le filme se termine par l’exécution des prisonniers (dont Franz), en hors champ, dans une scène d’une intense profondeur.
L’on pense tenir là le meilleur des Malik. L’on aurait aimé que ce le soit dans ce film où sa philosophie semble se rapprocher du christianisme dans sa version catholique. Toutefois, le film aurait gagné à être plus court. Le réalisateur donne parfois l’impression (et cela nous coûte de l’écrire) de "faire du Malik" ! "Regardez comment je filme si bien la nature et l’humain !". Mais admettons, pourquoi pas, puisque c’est fait avec un tel talent. En revanche, il y a un très gros problème avec l’emploi des langues. En effet, les dialogues en allemand ne sont pas sous-titrés dans la version originale. Il semble que c’est un choix volontaire qui devrait se retrouver également dans les versions doublées ou les dialogues en allemand ne seront pas traduits. L’on peut comprendre ce choix ; Fritz Lang l’avait fait en 1941 dans Man Hunt (Chasse à l’homme) où Alan Thorndyke, le chasseur de fauve britannique est arrêté par les Nazis après avoir simulé un tir à la carabine. Mais là, le réalisateur voulait nous faire comprendre qu’Alan ne comprenait rien. Quel est le choix de Malick ici ? Un souci de réalisme ? Une option philosophique ? Admettons que les autrichiens ne comprennent pas la langue allemande mais alors pourquoi avoir réalisé le film en anglais alors que, pour être fidèle à une telle intuition de respect des langues, il eut fallu réaliser le film en autrichien. Et enfin, dernière contradiction : que vaudra alors cette option pour la diffusion du film dans les pays germanophones ? Il eut été préférable de garder l’emploi d’un anglais universel et nous regrettons très fort ce choix.