Signe(s) particulier(s) :
– composé de cinq sketchs ("Vlog" ; "Le Troll" ; "2,6/5" ; "Recommandé pour vous" ; "Smileaks") réalisés chacun par un réalisateur différent, autour de "l’influence du numérique sur d’honnêtes gens"...
Résumé : Dans un monde où la technologie numérique a envahi nos vies, certains d’entre nous finissent par craquer. Addict ou technophobe, en famille ou à l’école, au travail ou dans les relations amoureuses, "Selfie" raconte les destins comiques et sauvages d’Homo Numericus au bord de la crise de nerfs…
La critique de Julien
En février 2012 sortait le film à sketches "Les Infidèles", composés de sept courts-métrages autour du thème de l’infidélité masculine, et mis en scène par huit réalisateurs différents, dont Jean Dujardin et Gilles Lelouche, lesquels tenaient également un rôle dans ces segments narratifs aux tons variés, mais interprétant parfois des personnages différents de l’un à l’autre, tout comme une bonne partie du reste du casting. Cinq cinéastes se sont aujourd’hui lancés dans le même genre d’exercices avec "Selfie", sorte de condensé humoristique et incisif sur l’impact de l’Internet sur des hommes et femmes accros à ses services et nombreuses variations, telles que ses réseaux sociaux, ou encore ses applications, à la différence près que certains personnages situés au cœur de ces mini-récits se croiseront au cours de leur destin...
Composé donc de cinq numéros aussi efficaces qu’inégaux, "Selfie" appuie là où ça fait mal, et se moque éperdument de ses personnages, pigeons sur toute la ligne face à l’emprise du numérique sur leur vie. Qu’il soit question de parents pseudo-influenceurs (Blanche Gardin et Maxence Tual) alors en quête du moindre "follower" en affichant toute leur famille et profitant même de la maladie de leur enfant pour cela, ou d’un homme possédé par un algorithme (Manu Payet) dont les suggestions d’achat perturberont son existence, mais encore d’un dragueur (Finnegan Oldfield) incapable de parler et draguer une femme sans passer par une application de rencontre (impitoyable), sans oublier une professeur de Français psychorigide (Elsa Zylberstein) laquelle va découvrir un réseau social de discussion et doucement s’amouracher d’un célèbre rigolo de service (Max Boublil) à ses risques et périls, cette comédie n’épargne en rien les nouvelles technologies utilisées aujourd’hui par tous les jeunes, et même les adultes ! Mais il le fait tout de même avec un certain degré d’auto-dérision, les acteurs interprétant ici des personnages globalement déconnectés de la vie, réagissant au premier degré, lesquels ne parviennent plus à faire de liens entre le réel et le virtuel, de là à sacrifier, sans s’en rendre compte, leur vie physique et sociale. Et même si certaines réactions des principaux intéressés en deviennent vite caricaturales, les cinéastes parviennent à nous faire autant sourire que grincer les dents. D’ailleurs, le dernier court, intitulé "Smileaks", fait assez peur dans sa représentation, étant donné qu’il est question d’un piratage des comptes personnels d’utilisateurs, et cela au niveau mondial...
Piquant et absurde, "Selfie" nous invite donc aussi bien à rigoler qu’à se remettre en question vis-à-vis de notre propre degré d’accoutumance à l’Internet. Il est aussi assez bien ficelé au niveau des croisements narratifs de certains personnages (vus dans différentes histoires), sans parler de l’écriture de certaines répliques, aussi folles, immatures que premier degré, témoignant de la déshumanisation et de l’inconscience de ces hommes et femmes qui ne vivent plus qu’à travers leur écran. Maintenant, il faut bien avouer que certains passages vont un peu loin dans leur délire, lesquels deviennent irréalistes (à leur tour), tandis que la mise en scène, répétitive et fatigante, donnent peu de diversité à cette succession de saynètes bien pensées.
Bande-annonce :
➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes