Synopsis : Quand Milla, 16 ans, rencontre Moses, un garçon un peu sauvage, c’est le coup de foudre. Mais Milla souffre d’une maladie grave. D’abord choqués par cette rencontre inattendue, ses parents laissent de côté leurs préjugés pour laisser leur fille vivre cet amour intensément. Milla se jette à corps perdu dans cette relation qui va bouleverser son existence.
Acteurs : Eliza Scanlen, Ben Mendelsohn, Essie Davis, Toby Wallace
BRIFF 2020 : Grand Prix de la compétition internationale
Portraits de la jeune fille cancéreuse pourrait être un autre titre de ce film merveilleux malgré sa fin dramatique. Shannon Murphy, qui fut actrice dans la série Sea Princesses en 2018, réalise ici son premier long métrage de fiction, après avoir débuté par des courts métrages et poursuivi dans les séries télévisées. Le résultat est plus que réjouissant.
Il faut prendre le temps d’entrer dans le film. Littéralement "dent de bébé", soit donc "dent de lait", celle qui ouvre le film et que l’on ne comprendra que dans les dernières scènes. C’est que Babytheet est une succession de courts tableaux, drôles ou tragiques parfois, qui sont autant d’instantanés de la vie d’Hanna depuis sa première rencontre, fortuite avec un jeune garçon, Moses. Passé la surprise, elle en tombera follement amoureuse au grand dam de ses parents qui en sont désarçonnés, en particulier lorsqu’elle amène Moses pour la première fois à la maison.
Moses (Toby Wallace, excellent dans ce rôle) s’avère être un dealer. C’est cette face que voient les parents et pas Milla. L’on découvre peu à peu qu’elle une grave maladie, de celle que l’on ne réchappe pas. Et cette rencontre avec Moses lui apporte un nouvel art de vivre, une soif de se dépasser, de faire abstraction de la maladie pour embrasser la vie à pleines dent. Sa fascination pour la vie, alors qu’elle sait, (comme chacun·e de nous) qu’elle se terminera par la mort va mettre en relation des gens qui s’illumineront les uns les autres et son cercle familial. Ses parents, Moses, un professeur de musique sentimental, un enfant violoniste en herbe et une voisine enceinte, d’une honnêteté et d’une fraîcheur désarmantes seront bouleversés par le regard nouveau que Milla portera sur sa vie et la leur.
Grâce à Moses, "Carpe diem" sera le leitmotiv de l’existence de Milla depuis sa rencontre imposée de prime abord à ses parents qui finiront par découvrir le bonheur qu’il lui et leurs apporte, malgré ses défauts.
D’un tableau à l’autre, d’une exposition d’une facette de Milla à une autre (chaque fois annoncée par des intertitres en superposition dans l’image), le spectateur en apprendra un peu plus sur la fascinante et déroutante jeune fille. Certes, il lui faudra lâcher prise après avoir découvert l’amour à sa mesure. Il faudra que les parents lâchent prise également. De même que le spectateur qui arrivera désemparé à l’avant-dernier tableau... jusqu’à ce qu’une dernière scène offre un espoir pour un autre avenir.