Signe(s) particulier(s) :
– première réalisation de Julie Manoukian (la fille d’André), elle qui avait jusque-là écrit pour des séries télévisées dont "Demain Nous Appartient" (2017) et "Clem" (2013-2017).
Résumé : Au cœur du Morvan, Nico, dernier véto du coin, se démène pour sauver ses patients, sa clinique, et sa famille. Quand Michel, son associé et mentor, lui annonce son départ à la retraite, Nico sait que le plus dur est à venir. « T’en fais pas, j’ai trouvé la relève. » Sauf que… La relève c’est Alexandra, diplômée depuis 24 heures, brillante, misanthrope, et pas du tout d’accord pour revenir s’enterrer dans le village de son enfance. Nico parviendra-t-il à la faire rester ?
La critique de Julien
Si vous êtes à la recherche d’un emploi, n’hésitez pas à vous rendre à la campagne : ils engagent. Du moins, c’est en tout cas ce que le cinéma français semble nous faire comprendre, même s’il n’y a pas de sous à y gagner, au contraire de vraies sensations d’utilité, telle que celle de sauver des vies !
On avait déjà eu droit au couplet du dernier médecin en activité sur un large canton de France, alors obligé de se donner à la tâche, mais qui, malade, devait accepter de léguer sa place, tandis que son cancérologue lui envoyait un médecin pour l’aider dans sa tâche. On parle bien évidemment ici du sympathique et professionnel "Médecin de Campagne" (2016) de Thomas Lilti. Quant au premier film de Julie Manoukian dont il est question ici, on aurait bien aimé pouvoir le rebaptiser à son tour "Vétos de Campagne", mais niveau qualité, on ne joue pas ici dans la même école...
"Les Vétos" nous plonge alors au cœur du Morvan, alors que Nico (Clovis Cornillac) se retrouve seul comme vétérinaire du coin, étant donné que Michel (Michel Jonasz), son associé et mentor, s’est envolé du jour au lendemain pour une retraite bien méritée. Mais ce dernier a prévu son coup. En effet, il a pris soin de trouver sa future remplaçante, en la personne de sa nièce Alexandra (Noémie Schmidt), une misanthrope tout juste diplômée la veille, mais prête à une carrière en ville, dans un grand laboratoire pharmaceutique. Après une ruse, la demoiselle, qui garde de douloureux souvenirs de sa vie à la campagne, se retrouvera pourtant bien là où son oncle l’avait prédit, venant alors en aide à Nico, le temps d’un été, malgré de nombreux obstacles...
On a déjà vu de nombreuses fois au cinéma un tiers quitter par obligation ou par la force des choses, et du jour au lendemain, ses objectifs de vie et son confort pour se retrouver dans une position totalement opposée. Alors qu’elle en signe aussi le scénario et les dialogues, Julie Manoukian centre alors son histoire autour d’une jeune femme, laquelle va d’abord rejeter sa nouvelle vie, avant d’y prendre goût, malgré des réticences, aussi bien personnelles qu’extérieures (c’est que ses méthodes et son caractère ne vont pas plaire). Autour d’elle, et pour permettre au récit quelque peu répétitif de garder le cap pendant son (sa) (ré)adaptation dans cet univers campagnard et animalier, la réalisatrice met en place plusieurs segments mélodramatiques faciles (le vétérinaire qui n’a plus de vie de famille, le passé qui revient à la surface) ou encore une amourette des plus prévisibles. Et tout cela n’est pas à son avantage, et suit donc une trame plutôt convenue. Bref, "Les Vétos" ne réinvente donc pas la poudre, et joue en terrain connu.
Niveau jeu, on n’est pas non plus très convaincu. On a ainsi connu Clovis Cornillac plus crédible (notamment dans "Les Chatouilles") et Noémie Schmidt (vue dans "L’Étudiante et Monsieur Henri" aux côtés de Claude Brasseur) dans une meilleure position que dans ce rôle antipathique. Sans parler de personnages sous-exploités, tels que ceux respectivement interprétés par Carole Franck (la secrétaire du cabinet de Nico) et Lilou Fogli (l’épouse de Nico). Enfin, on notera l’apparition perturbante du sosie de Nicolas Bedos en la personne de Matthieu Sampeur, pour son troisième rôle au cinéma après "L’Amour Flou" (de Romane Bohringer et Philippe Rebbot) et "Un Peuple et son Roi" (de Pierre Schoeller), sortis l’année dernière.
Heureusement, le film regorge de quelques beaux moments, notamment ceux où Alexandra réussit son premier sauvetage et son premier vêlage, ou encore ceux où elle redécouvre un monde qu’elle avait alors jusque-là oublié, tout en suivant les traces d’une sublime bête adepte de myrtilles... Aussi, le film rend hommage à une magnifique profession, aussi riche que dévorante, tandis qu’il ose citer brièvement les coûts élevés des soins vétérinaires, alors que des éleveurs et fermiers doivent parfois débourser bien plus d’argent pour soigner une bête qu’elle ne leur rapportera sur le marché...
➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux