Signe(s) particulier(s) :
– cinquième long métrage de l’actrice, scénariste et réalisatrice française Valérie Donzelli.
Résumé : Maud Crayon, est née dans les Vosges mais vit à Paris.
Elle est architecte, mère de deux enfants, et remporte sur un énorme malentendu le grand concours lancé par la mairie de Paris pour réaménager le parvis de Notre-Dame…
Entre cette nouvelle responsabilité, un amour de jeunesse qui resurgit subitement et le père de ses enfants qu’elle n’arrive pas à quitter complètement, Maud Crayon va vivre une tempête. Une tempête, qu’elle devra affronter pour s’affirmer et se libérer.
La critique de Julien
Attention, ovni. Autant dire dès le départ que l’humour burlesque mis à profit par Valérie Donzelli dans son nouveau film ne plaira pas à tout le monde. Ironie du sort, la réalisatrice interprète dans cette comédie une architecte ayant remporté un concours pour réaménager le parvis de Notre-Dame de Paris, laquelle a brûlée, souvenez-vous, en avril dernier, alors que le film était en post-production. Présenté au dernier Festival International du Film Francophone de Namur, "Notre dame" (le "d" minuscule étant important) est une légère parenthèse féministe réjouissante, à regarder au second degré.
Bienvenue dans la vie loin d’être rangée de Maud Crayon (Donzelli elle-même), une mère de deux enfants, alors séparée de leur père Martial (Thomas Scimeca). Sauf qu’ils couchent encore ensemble, elle qui ne parvient pas à mettre Martial à la porte, lequel joue en plus sur sa situation sentimentale compliquée, et les sentiments confus de son ex, envers-lui. Dans un Paris sous des trombes d’eau, et où les gens se giflent dans la rue tellement ils ont les nerfs, Maud sera alors choisie, suite à un improbable malentendu et miracle, par la maire de Paris, afin de réaliser un projet de réhabilitation moderne du parvis de Notre Dame de Paris. Mais ce dernier créera une véritable polémique. Et comme un malheur ne vient jamais seul, le journaliste qui couvrira cet événement ne sera autre que Bacchus Renard (Pierre Deladonchamps), son amour de jeunesse, qu’elle a autrefois largué...
Tandis qu’elle égratigne les médias, et les politiques d’aménagements autour de la peur qu’ont les mentalités du changement, Valérie Donzelli incarne une femme dont la vie ressemble à une course effrénée dans le vide, elle qui ne parvient pas à appuyer sur pause afin de se la rendre plus facile. D’ailleurs, le choix d’unicité vestimentaire appuie ici l’idée que ce caractère est coincé dans un tourbillon, dont lui seul parviendra à en sortir, une fois qu’il aura la force d’assumer ses échecs, et s’en remettre.
D’emblée, "Notre dame" plaît moins par le portrait peu empathique et pudique de cette femme surjouée par Donzelli, que par la palette de personnages secondaires qui tournent autour d’elle. Pourtant, on s’amuse de ses mauvais choix, tout comme de ses idées maladroites, aussi architecturales et que sentimentales. Mais de son impitoyable boss profiteur (Samir Guesmi) en passant par une excentrique maire de Paris où une juge dopée (faut-il croire) aux excitants (Claude Perron), toutes deux secondées par d’indispensables conseillers (respectivement Philippe Katerine et Pauline Serieys) faisant le boulot pour elles en coulisse, Maud aura fort à faire ! Sans oublier Martial, son ex, campé par Thomas Scimeca, en dandy (très) naïf, aux drôles d’habitudes ! Hilarant ! Par contre, Bouli Lanners, Pierre Deladonchamps et Virginie Ledoyen emportent moins de suffrages.
Curieusement, on se plaît à suivre cette galerie de personnages loufoques, et cela d’autant plus par le choix de mise en scène de Valérie Donzelli, très fantaisiste (on y danse et chante notamment), forcément surréaliste, mais au service d’un film quelque part ancré dans notre réalité par ses sous-propos. Mais il ne faut pas prendre cette comédie pour argent comptant, mais bien connaître l’univers, ou en tout cas les intentions de sa réalisatrice avant d’y plonger, et en profiter.