Signe(s) particulier(s) :
– produit par Pearl Studio, une société de production américano-chinoise fondée en 2012 par DreamWorks ;
– la co-réalisatrice Jill Culton avait co-réalisé chez Sony son premier long-métrage d’animation "Les Rebelles de la Forêt" (2006) ;
– "Abominable" a suscité la controverse en Asie du Sud-Est pour une scène impliquant une carte de la région avec la ligne à neuf traits ("Nine-Dash Line"), soit une démarcation sur laquelle Pékin affirme avoir une souveraineté territoriale, utilisée par la Chine pour revendiquer une partie de la mer de Chine méridionale, mais contestée par plusieurs pays, dont les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et Taïwan, lesquels ont dès lors interdit la sortie du film sur leur territoire.
Résumé : Tout commence sur le toit d’un immeuble à Shanghai, avec l’improbable rencontre d’une jeune adolescente, l’intrépide Yi, avec un jeune Yeti. La jeune fille et ses amis Jin et Peng vont tenter de ramener chez lui celui qu’ils appellent désormais Everest, leur nouvel et étrange ami, afin qu’il puisse retrouver sa famille sur le toit du monde. Mais pour accomplir cette mission, notre trio de choc va devoir mener une course effrénée contre Burnish, un homme puissant qui a bien l’intention de capturer la créature car elle ressemble comme deux gouttes d’eau à celle qu’il avait fortuitement rencontrée quand il était enfant.
La critique de Julien
Il y a un an sortait dans nos salles le film d’animation "Yéti & Compagnie" (de K. Kirkpatrick et J. A. Reisig) par les studios Warner Bros. Animation, librement adapté du livre "Yeti Tracks" de Sergio Pablos. Monstrueusement attachante, cette histoire nous racontait alors le destin de Migo, un yéti aventureux et téméraire, habitant au sommet de l’Himalaya, perché au-dessus des nuages, lequel prouvait, avec l’aide de ses amis, l’existence des "petits-pieds" (plus communément appelés les êtres humains) à ses congénères, ce qui allait jusque-là à l’encontre des lois dictées par les pierres, qui régissaient alors la vie des yétis. Dans cette irrésistible aventure initiatique rythmée, marrante et progressiste, la question de la différence entre le monstre et l’Homme, ainsi que sa frontière, avait alors toute sa place, lesquels évoluaient ici vers un destin commun. On ne serait d’ailleurs que vous le conseiller si vous ne l’avez pas encore vu. Et dans un même registre, un autre film d’animation avec des yétis vient de sortir dans nos salles, et ayant pour titre "Abominable", en référence à la légendaire créature anthropomorphe issue du folklore : l’abominable homme des neiges. Or, au contraire du premier, c’est l’humain qui tentera ici de prouver l’existence du yéti. Imaginaire ou non, force est de constater que l’image de la bête intéresse plus que jamais les studios, alors que sa représentation n’a jamais été aussi familiale !
Dans "Abominable", il est avant tout question de Yi, une adolescente vivant à Shanghai dans un appartement avec sa maman et sa grand-mère. Mais depuis que Yi a perdu son papa, la jeune demoiselle ne sait plus trop comment créer le dialogue avec sa famille, et préfère ainsi quitter le domicile aux petits heures, afin de réaliser des petits boulots, et ainsi mettre de l’argent de côté afin de réaliser un grand voyage à travers la Chine, sur les traces des voyages réalisés par son papa, ancien grand violoniste, ayant transmis sa passion à sa fille. Sauf que Yi, ayant hérité de son violon, n’a plus la force d’en jouer... En parallèle, un jeune yéti aux pouvoirs magiques s’échappera d’un complexe appartenant à un riche homme d’affaires, M. Burnish, lequel compte bien le traquer et le récupérer afin de prouver au monde l’existence du yétis. La bête se réfugiera alors sur le toit de l’immeuble dans lequel vit Yi, là où elle s’est d’ailleurs créé un petit cocon. Alors qu’elle y rencontrera l’animal en question, Yi comprendra, à la manière dont ce dernier regarde une énorme pancarte publicitaire visible depuis les lieux et montrant le sommet de l’Himalaya, que son nouvel ami, qu’elle nommera dès lors "Everest", cherche à retrouver sa famille... Commencera alors pour eux une aventure jalonnée d’épreuves, accompagnés de Jin et de son cousin Peng, des amis de Yi.
A la fois aventure initiatique et deuil d’un être cher (certains objets y font directement référence), "Abominable" saura plaire à vos petits, étant donné son récit trépidant, parsemé à la fois de fantastique, d’action, de sentiments, de somptueux décors et paysages d’Asie de l’Est, et surtout d’humour ! En effet, les personnages secondaires, accompagnant Yi et Everest, sont loin d’être conditionnés à un tel voyage, avec tout d’abord Jin, une boule d’énergie fan de basket-ball, alors prêt à tout pour suivre Yi n’importe où, mais sans jamais arrêter de se plaindre, tandis de Peng, véritable "Don Juan" ultra-connecté, prend plus soin de ses baskets (qu’il appelle d’ailleurs ses "bébés") et de son image que Yi... Aussi, Everest, étant un enfant, se permet quelques blagounettes envers ses complices de voyage. Bref, c’est dans la bonne humeur, malgré des méchants qui les suivent, que ces enfants vont tenter de rejoindre l’Himalaya, avant que ces derniers ne les rattrapent. Mais le parcours de Yi et ses amis est également emmené par des notes de musique, et plus précisément de violon. C’est d’ailleurs lors de ces passages qu’une belle émotion se fait ressentir. Autrement dit, préparez vos mouchoirs ! Enfin, "Abominable" ne dévoile pas toutes ses cartes du premier coup, et réserve quelques surprises le long de son histoire, tandis que certains de ses dialogues parviennent à forme, lors de moments assez magiques.