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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Joachim Rønning
Maléfique 2 : le Pouvoir du Mal / Maleficent : Mistress of Evil
Sortie du film le 16 octobre 2019
Article mis en ligne le 28 octobre 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :
 suite de "Maléfique" de Robert Stromberg, sorti en 2014, consacré à la méchante sorcière de "La Belle au Bois Dormant" ;
 première fois de sa carrière que le réalisateur norvégien Joachim Rønning réalise un film sans son compatriote Espen Sandberg, lesquels avaient signé jusque-là "Kon-Tiki" (2012) ou encore " Pirates des Caraïbes 5 : La Vengeance de Salazar" (2017) ;
 le film, sorti le 18 octobre dernier aux USA par Walt Disney Pictures devait initialement sortir à la date du 29 mai 2020.

Résumé : Plusieurs années après avoir découvert pourquoi la plus célèbre méchante Disney avait un cœur si dur et ce qui l’avait conduit à jeter un terrible sort à la princesse Aurore, "Le Pouvoir du Mal" continue d’explorer les relations complexes entre la sorcière et la future reine, alors qu’elles nouent d’autres alliances et affrontent de nouveaux adversaires dans leur combat pour protéger leurs terres et les créatures magiques qui les peuplent.

La critique de Julien

Eh bien eh bien. Cinq années se sont écoulées depuis la sortie du premier "Maléfique" de Robert Stromberg, lequel avait lancé (avec "Alice au Pays des Merveilles" de Tim Burton quatre ans plus tôt) la mode des remakes en live-action des films d’animation du catalogue de Walt Disney Pictures. Ainsi, après les triomphes commerciaux "d’Aladdin" et du "Roi Lion" cette année-ci, et tandis que l’adaptation de "La Belle et le Clochard" de Charlie Bean arrivera le 12 novembre prochain sur la plateforme "Disney +", on s’apprête d’ores et déjà à découvrir celle de "Mulan" de Niki Caro (en mars 2020), ou encore de "Cruella" de Craig Gillespie (en mai 2021). Mais chaque chose en son temps... Alors que l’artiste autrichienne Conchita Wurst chantait "Rise Like A Phoenix" au Concours Eurovision de la chanson 2014 à Copenhague, pas certain que Maléfique y arrive à son tour, malgré ses origines, dans cette suite diaboliquement bidon. Joli(e) raté !

Le premier du nom revisitait alors l’histoire inédite du méchant le plus emblématique de l’écurie Disney. Souvenez-vous. Poussée par la vengeance et une volonté farouche de protéger les terres qu’elle présidait, Maléfique plaçait alors cruellement une malédiction irrévocable sur la Princesse Aurore, la jeune fille du Roi Stéphane, duquel elle était éperdument amoureuse dans le passé. En effet, le Roi, devenu adulte, et en quête de la Landes (les terres de Maléfique), lui avait fait croire qu’il l’aimait (encore) à son tour, pour alors lui couper les ailes durant son sommeil. C’est ainsi que la fée et la "Maîtresse Absolue du Mal" jeta un terrible sort à sa fille, laquelle se piquera, le jour de son seizième anniversaire, au fuseau d’un rouet, et sera endormie pour toujours. Seul un baiser d’un amour sincère pourrait alors la délivrer. Mais cela n’existe pas... Pourtant, c’est Maléfique elle-même qui, prise d’amour pour la gamine, et la surveillant depuis la Landes, conjurera le sort, éprouvant ainsi pour elle cet amour unique.

Angelina Jolie portait alors à merveille son rôle, il faut bien le dire sur-mesure et charismatique, dans un véritable conte de fée pour toute la famille, saupoudré de quelques petits moments de frayeur, aux maquillages et visuel irréprochables. La question d’une suite nous turlupinait quelque peu, autant qu’Angelina Jolie hésitait à revenir dans son rôle... Mais une "force du mal" a fini par s’emparer des producteurs, lesquels auraient mieux fait de s’abstenir...

Angelina Jolie, tout d’abord, reparlons-en. Toujours affûtée de ses lentilles, de ses cornes et de ses prothèses, l’actrice n’est malheureusement plus que l’ombre d’elle-même dans son rôle, réduit ici en un personnage plutôt quelconque qu’unique, lequel devra alors se chercher pour (re)trouver la force de combattre afin de… trouver la paix. Pourtant toujours aussi belle et sarcastique, on apprécie une fois de plus (et même à la folie) son incarnation physique de "Maléfique", de sa tenue générale à ses manières, elle qui devra justement ici faire preuve de retenue, étant donné que sa "fille", la Princesse Aurore (qui règne désormais sur le royaume de la Lande) s’est vue demandée sa main par le prince Philippe (Harris Dickinson, remplaçant Brenton Thwaites, occupé au moment du tournage). Maléfique, qui s’opposera tout d’abord à cette union, étant donné que "les histoires d’amour finissent toujours mal", acceptera une rencontre avec Philippe et la famille du Prince, laquelle tournera évidemment au vinaigre, et au fer... Car c’est sans compter sur les mauvaises intentions de la mère du Prince, la pernicieuse Reine Ingrith et future belle-mère de la mariée, laquelle a de sombres projets pour le royaume de la Lande et le peuple des fées...

Là voilà donc la véritable sorcière ! Et quelque tristesse pour nous de voir que Michelle Pfeiffer ait accepté ce rôle caricatural et prévisible à souhait, poussé à son tour par la vengeance et la frustration passée. L’actrice en devient rapidement ici énervante tellement son personnage est manichéen ! Las, cela n’est pas l’unique mauvais sort réservé à cette suite...

Alors que le film est centré autour d’un mariage, le spectateur assiste, médusé, à un amour dont il n’a guère vu la naissance, et auquel il est censé croire, pour nous faire patienter. Or, pas une seule seconde cette maigre idylle nous transporte. Le scénario détruit ensuite le mythe installé de son personnage principal, en le rendant vulnérable et moins menaçant, alors occupé à creuser ses origines de fée noire, menacée d’extinction par l’oppression humaine. Car comme nous le montre la bande-annonce, Maléfique n’est pas si seule que cela... Dommage. Aussi, son royaume, la Landes, son immensité et son incroyable bestiaire étaient majestueusement représentés dans le premier film. Or, ce pays n’est, au plus, montré ici que par trois bosquets et quelques bestioles, tellement peu nombreuses que l’on pourrait réussir à toutes les faire entre dans un chapelle ! Bref, tout cela est donc bien triste, et fait perdre cruellement de la magie à l’ensemble, qui parvenait quant à elle à surplomber le premier film. Sans parler de personnages secondaires qui ne servent à rien, si ce n’est à combler le vide, ou renforcer des lignes d’écriture déjà pourtant extrêmement poussives comme cela (pathétique fée guerrière Borra, jouée par le piètre jeu d’Ed Skrein)...

Voyez-vous cela, rien ne fonctionne ou presque dans cette histoire écrite pourtant à plusieurs mains, que l’on sent désincarnée, artificielle, et désormais terriblement commune. Oui, on s’ennuie profondément devant "Maléfique 2 : le Pouvoir du Mal", mais peut-être pas autant qu’on s’exaspère devant la tournure des événements, contés avec paresse, mais budget. Mais cela n’est pas non plus ici à son avantage.



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