Synopsis : 1960. Trois femmes, anciennes déportées d’Auschwitz qui ne s’étaient pas revues depuis la guerre, se retrouvent à Berck-Plage. Dans cette parenthèse de quelques jours, tout est une première fois pour Hélène, Rose et Lili : leur premier vrai repas ensemble, leur première glace, leur premier bain de mer… Une semaine de rires, de chansons mais aussi de disputes et d’histoires d’amour et d’amitié...
Avec Julie Depardieu, Johanna ter Steege, Suzanne Clément, Hippolyte Girardot, Mathias Mlekuz...
Les premières images du film nous plongent en 1945, à Auschwitz peu avant une "marche de la mort" et nous montrent quelques femmes qui se lient dans l’adversité et devant la mort toujours proche.
Ensuite nous nous retrouvons six mois plus tard à Paris l’une de ces femmes, Hélène, interprétée par Julie Depardieu.
L’essentiel du film se déroulera en 1962, sur la plage, durant une semaine qui réunira trois femmes, juives : outre Hélène, Lili (Johanna ter Steege), d’origine hollandaise, et Rose (Suzanne Clément), de Montréal. Outre qu’Hélène croyait Rose morte, cette rencontre sur fond de camps de concentration va osciller entre non-dits et trop-dits pour amener à la mémoire le temps de la déportation et les destins qui s’ensuivirent, notamment pour Hélène. Celle-ci s’est mariée mais son mari, Henri (Hippolyte Girardot), ne pourra la satisfaire pour des raisons que l’on découvrira à l’écran tandis qu’à Paris, Raymond (Mathias Mlekuz ) plus jeune est amoureux d’elle.
La plage permettra à Hélène de rencontrer un jeune homme, Pierre (Benjamin Wangermee) qui tombe amoureux, malgré la différence d’âge, et l’initiera au plaisir physique. Je me disais à ce moment : "Voilà qu’il me faudra encore défendre à l’antenne une relation adultérine !".
C’est qu’il s’agit ici de l’adaptation d’une histoire vraie, celle de ces trois femmes (que l’on découvre à la fin du film dans l’extrait d’un documentaire de Zilbermann, jamais diffusé) qui ont été les "mères" du réalisateur, Hélène étant sa mère biologique.
Il ne s’agit pas ici d’un documentaire mais d’une comédie dramatique, ou c’est d’ailleurs parfois plus "drame" que comédie... et, en tout cas, c’est aussi romance...
Même si l’histoire est réécrite, probablement rendue plus romantique que prévu, Jean-Jacques Zilbermann choisi cette voie d’une histoire personnelle pour rendre compte d’un passé indicible. J’écrivais ci-avant "relation adultérine" et elle est d’importance pour comprendre un non dit - jamais exprimé dans le film ou tant d’autres choses sont probablement "sur-dites" - à savoir que le mari d’Hélène ne pouvant engendrer, séquelle des camps, Zilbermann ne peut être que le fils d’un autre et l’on suppose de la relation d’Hélène et de Pierre !
L’histoire se déroule donc principalement au début des années 60, occasion de plonger dans cette ambiance : qu’il s’agisse de celle de la plage, des chansons, des danses : le twist au bord de la mer, des voitures (il y a un intéressant travail de "reconstitution"). A certains moments, les chants en yiddish de deux des femmes (Rose ne chante pas) viennent ajouter à la fois légèreté et gravité à ces premières retrouvailles du trio (à noter que les actrices ne connaissaient pas le yiddish et que le réalisateur à dû leur faire saisir le sens de ce qu’elles chantaient sans le comprendre).
Malgré quelques faiblesses du scénario et du jeu de certaines actrices, le film m’a beaucoup ému, j’ai été en "sympathie" avec les protagonistes, tout en vibrant à l’atmosphère des sixties ainsi qu’à l’humour, parfois typiquement juif, que seul des Juifs peuvent s’autoriser.
En revanche, et pour être honnête, beaucoup de mes confrères et consoeurs journalistes ont été globalement déçus, insatisfaits du film, de sa réalisation, du scénario et du jeu des actrices qui ne suscitait pas l’empathie. A chacun de voir à l’écran. Quant à moi, j’assume.