Signe(s) particulier(s) :
– remake du film danois de Susanne Bier "After the Wedding" ("Efter Brylluppet" en version originale), sorti en 2006, et nommé à l’époque pour l’Oscar du Meilleur film en langue étrangère ;
– les genres des rôles principaux sont ici inversés par rapport à ceux du film original (Mads Mikkelsen et Rolf Lassgård), dans le sens où les personnages principaux ont changé de sexe, et ont donc été confiés à des actrices ;
– septième long métrage du réalisateur de film et de télévision, scénariste et producteur Bart Freundlich, lequel est en couple avec l’actrice Julianne Moore depuis 1996, soit depuis leur rencontre sur le tournage de son premier film, "The Myth of Fingerprints".
Résumé : La directrice d’un orphelinat indien au bord de la faillite découvre que son institution est en lice pour recevoir un don important d’une riche femme d’affaires américaine. Elle doit donc se rendre à New York, où elle se retrouve confrontée à un passé qu’elle avait tout fait pour oublier...
La critique de Julien
La vague de remakes américains de films européens continue. Nouvelle version du film danois éponyme de Susanne Bier sorti il y a une dizaine d’années, "After the Wedding" est un drôle de film dramatique, lequel ne parvient jamais à trouver le bon équilibre narratif.
Nous sommes alors en Inde, où la cofondatrice (Isabel, Michelle Williams) d’un orphelinat en déclin financier de Kolkata accepte de se rendre à New York, là où elle a grandi (Copenhague dans le film d’origine), et cela afin de rencontrer une potentielle bienfaitrice d’un don pour son établissement, en la personne d’une riche femme d’affaire, Theresa Young (Julianne Moore). Mais elle s’y rendra à contre-cœur, l’anniversaire d’Otto, un jeune garçon des rues qu’elle a élevé, tombant dans huit jours... Frustrée de devoir justifier le besoin d’accepter un don de charité, Isabel, qui pensait que la décision de Theresa avait déjà été prise, prendra son mal en patience, étant donné que cette dernière est un peu dépassée par les événements, étant donné que sa propre fille, Grace, se marie le lendemain de leur rencontre. Theresa invitera alors, de manière inattendue, Isabel à ce mariage. Mais cet événement la confrontera à des fantômes du passé...
Quel est donc ce lourd secret qui lie ces personnages ? Pourquoi certains d’entre eux se lancent-ils d’inquiétants regards ? Pourquoi tant de méfiance ? Et pourquoi Isabel ferait-elle don d’une fortune colossale à une femme qu’elle ne connaît ni d’Eve, ni d’Adam ?
Alors qu’il débute comme une sorte de thriller, et nous interpelle par son excès de paillettes, et de gentillesse à l’égard d’une inconnue, "After the Wedding" lève rapidement le voile sur la chose en question, laquelle se dessine malheureusement trop vite. Car une fois le mystère dévoilé (qui en appellera d’autres) - et loin d’être un cas à part, le film s’enfonce dans un drame puissance mille, ne nous épargnant pas le mélo et les violons. Et malgré la très belle implication des acteurs dans la peau de personnages plus complexes qu’ils n’y paraissent, rongés de culpabilité (ou d’autre chose), "After the Wedding" ne parvient pas à toucher sur la longueur, et donc à convaincre, bien que plusieurs scènes prouvent encore une fois toute l’étendue de son duo d’actrices, Julianne Moore en tête.
Car les retombées de cette histoire sont bien trop opportunes dans la manière dont elles sont amenées, et pensées en conséquence par les personnages pour sonner justes, lesquels donnent parfois l’impression d’arranger leurs bidons à la carte, comme si, finalement, le hasard faisait (si) bien les choses...
On a du mal à croire à la vue de ce film qu’il n’est autre qu’une réadaptation d’un film nommé à l’Oscar du Meilleur film en langue étrangère, lequel s’est incliné à l’époque face à "La Vie des Autres" de Florian Henckel von Donnersmarck ("Werk Ohne Autor"). C’est bien en tout cas la preuve que "After the Wedding" y a perdu au change, même s’il reste une œuvre à l’emballage très chique, qui se suit avec facilité et rebondissements, portée par de (très) bons acteurs, et des décisions humaines et thèmes assez lourds, tel que celui du poids des (mauvais) choix du passé, lesquels reviennent toujours à la charge du présent, un jour ou l’autre...