Signe(s) particulier(s) :
– septième long métrage du réalisateur québécois Kim Nguyen, connu pour son film "War Witch" ("Rebelle" en VF), nommé aux Oscar 2013 dans le catégorie Meilleur film en langue étrangère.
Résumé : Deux cousins new-yorkais font équipe dans les affaires. Leur rêve : devenir riches grâce à la construction d’un câble de fibre optique allant du Kansas au New Jersey. Mais leur ancien patron va vouloir contrecarrer leurs plans...
La critique de Julien
Dans ce thriller dramatique situé à l’aube de l’aire du monde numérique, début 2010, deux cousins (Jesse Eisenberg et Alexander Skarsgard) experts en trading algorithmique à haute fréquence, décident de se lancer dans un projet fou, soit celui d’ériger un système de câble à fibre optique du Kansas au New Jersey, afin d’obtenir un accès direct au marché à latence ultra-basse, lequel leur permettra d’accélérer les transactions sur actions en l’espace de 16 millisecondes, et de vaincre ainsi la concurrence et les méthodes discrétionnaires des courtiers, et ainsi empocher des millions de dollars... Sauf qu’Eva Torres (Salma Hayek), leur ancienne patronne, puissante commerçante enivrante et manipulatrice, qui ne recule devant rien, fera alors tout pour les arrêter, et les battre à leur propre jeu.
Le temps, c’est de l’argent. C’est à peu de choses près ce que l’on a retenu de ce "Hummingbird Project", dans lequel deux hommes sont prêts à tout pour réaliser leur projet démesuré, dans une course contre la montre impitoyable menée contre la vie. En choisissant de parler ainsi de ce thème assez méconnu, mais sans suffisamment l’étoffer, et via des dialogues complexes dans lesquels des termes spécifiques employés autour du trading se suivent sans forcément que nous les comprenions, Kim Nguyen, qui réalise et écrit également le scénario, nous entraîne dans une histoire où seul le spectateur funambule profitera pleinement des enjeux de l’intrigue purement contextuels. C’est-à-dire qu’à moins d’être expert en la matière, ou tout simplement intéressé par le monde de l’argent et ses manigances, difficile de tout capter ici...
Aussi, en faisant trébucher, à plusieurs reprises, ses personnages (dans le câble), le scénariste détourne son scénario d’un approfondissement financier et d’explications, en essayant ainsi de les impacter émotionnellement et physiquement face à ce qui leur arrive, et au caractère instable des avancées de leur projet "colibri". Mais les profils sont ici beaucoup trop déterminés, pudiques et typés pour toucher. À contrario, cette histoire n’est finalement qu’un prétexte pour nous parler de l’accélération de nos vies, dans une société où le moindre profit est scruter à l’horizon, et où les parts du marché s’arrache par le plus rapide d’entre nous. Difficile cependant d’y arriver avec une matière aussi théorique, et donc pas assez pertinente pour les élèves que nous sommes...
Enfin, il est d’autant plus difficile d’accrocher à cette affaire au regard de la mise en scène bavarde et peu énergique du cinéaste, loin de refléter le monde de requin avec lequel joue dangereusement les personnages, pris au piège par leur propre audace.