Synopsis : Inga et son mari possèdent une exploitation laitière dans un petit village près de Reykjavik. Mais à la mort de ce dernier, Inga reprend seule les rênes de l’entreprise familiale. Très vite elle découvre le monopole abusif que la coopérative impose aux agriculteurs locaux. Elle va alors entrer en guerre contre ce système mafieux pour imposer l’indépendance de sa communauté !
Acteurs : Arndís Hrönn Egilsdóttir, Sigurður Sigurjónsson, Edda Björg Eyjólfsdóttir, Hannes Óli Ágústsson, Hinrik Ólafsson, Sveinn Ólafur Gunnarsson
Du cinéma islandais qui se déroule en Islande, nous pouvions écrire l’an dernier qu’il nous a toujours surpris et jamais déçu ! Ce cinéma est rarement proposé en Belgique hormis lors de l’un ou l’autre festival. Ainsi Hross í oss (Of Horses and Men) de Benedikt Erlingsson, lors du Festival du Film de Bruxelles (en juin 2014) ; Hrútar (Rams) de Grímur Hákonarson en 2015 ou Life in a Fishbowl (Vonarstræti) au BRFF en 2015 et Eiðurinn (The Oath) de Baltasar Kormákur, au BIFFF, en 2017 et, enfin, en décembre 2018, Kona fer í stríð (Woman at War).
Grímur Hákonarson nous offre ici son deuxième film, après Hrútar (Rams). Tout comme dans ce dernier, nous sommes dans un milieu agricole. Comme fils de paysan nous pensons que le réalisateur a puisé dans son "vécu" comme l’on dit pour nous offrir un presque austère qui nous montre le combat d’une femme pour défendre non seulement ses droits mais ceux de sa communauté face à une coopérative qui a spolié ses membres en devenant de plus en mafieuse. L’on se dira que l’on a déjà vu cela, une femme seule contre tous ! Ce n’est cependant pas du déjà filmé que Grímur Hákonarson réalise ici. Ce ne sera pas "Inga, seule contre tous", façon américaine ! Non, nous sommes dans le plus beau du cinéma islandais qui puise dans ses racines : ses fermes, le sol, les animaux et surtout des hommes et des femmes au caractère bien trempé, pour le meilleur, parfois pour le pire !
L’on retiendra notamment la façon dont le réalisateur film une scène clé de vote à mains levées (sans trop déflorer l’intrigue) où le focus ne se fait pas sur les mains mais sur le visage d’Inga. C’est à la fois un suspens pour elle, pour le spectateur mais aussi une façon intelligente de montrer la force d’un collectif qu’a pu rassembler, motiver et mettre en oeuvre la principale protagoniste. Les dernières images de celle-ci, le chant qui lui vient aux lèvres ouvrent ainsi un nouvel horizon qui laissera longtemps le spectateur songeur.