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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

André Øvredal
Scary Stories / Scary Stories to Tell in the Dark
Sortie du film le 21 août 2019
Article mis en ligne le 27 août 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :
 quatrième long-métrage du réalisateur, producteur et scénariste André Øvredal, principalement connu pour ses films "Troll Hunter" (2010) et "The Jane Doe Identity" (2016) ;
 adapté de la série de livres pour enfants "Scary Stories to Tell in the Dark" d’Alvin Schwartz, illustrés par Stephen Gammell, publiés respectivement en 1981, 1984 et 1991, et contenant chacun de nombreuses nouvelles horrifiques ;
 film co-écrit et co-produit par Guillermo del Toro, lequel porte le projet sur ses épaules depuis plus de trois ans.

Résumé : Dans un manoir abandonné, un groupe de jeunes trouve un livre qui raconte des histoires terrifiantes. Mais cette trouvaille n’est pas sans conséquence : la lecture du livre permet à ses effroyables créatures de prendre vie… La petite ville va alors faire face à une vague de morts particulièrement atroces, et chacun devra affronter ses pires peurs pour sauver les habitants et arrêter ce carnage.

La critique de Julien

Projet cinématographique atypique, "Scary Stories" est adapté d’une série de trois livres horrifiques signés Alvin Schwartz, lequel s’est beaucoup inspiré du folklore et des légendes urbaines comme sujet de ses nouvelles. Initialement destinés aux enfants, ces livres ont pourtant créé de nombreuses fois la controverse, que ça soit pour leur violence, leurs sujets troublants ou l’inaptitude de leurs jeunes lecteurs à les lire. Tandis que des parents et association ont même tenté à l’époque de les retirer des bibliothèques scolaires, "l’American Library Association" (la plus ancienne et la plus grande association de bibliothèques au monde), qui fait la promotion des bibliothèques et de l’enseignement des bibliothèques au niveau international, l’a répertorié comme la série la plus fréquemment contestée des années 1990 à 1999, elle qui figurait encore en huitième position en 2012... C’est pour dire !
Réalisé par André Øvredal (malheureusement encore assez méconnu chez nous), sous l’impulsion première et l’œil avisé de Guillermo del Toro, "Scary Stories" imbrique dès lors plusieurs histoires de Schwartz dans une seule et même intrigue se déroulant à l’automne 1968, dans la petite ville de Mill Valley, en Pennsylvanie, alors que les jeunes américains s’en vont sur le front au Viêt Nam, et que Nixon s’apprête à s’investir en tant que 37ème président des États-Unis...

Il est ainsi question de Stella, une jeune écrivaine en devenir, amateur et obsédée par l’horreur, vivant alors avec son papa, tandis que sa maman les a abandonnés très tôt. Il y a aussi ses amis Auggie et Chuck, lesquels vont d’ailleurs faire une farce à l’intimidateur de l’école, Tommy Milner. Alors qu’il essaiera de riposter, ils seront fort heureusement sauvés par un vagabond nommé Ramón, dans le rétroviseur de la police, lequel fuit en plus ses devoirs... Lors d’une visite nocturne le soir d’Halloween dans la vieille maison locale abandonnée appartenant autrefois à la famille Bellows, fondatrice de la ville, Stella et ses amis (ainsi que la sœur de Chuck, prénommée Ruth) se retrouveront enfermés, à cause de Tommy, dans une pièce secrète appartenant sans doute à Sarah Bellows, dont on raconte des histoires à ne pas fermer l’œil de la nuit, elle dont le portrait a été retirée de toutes les photographies de famille... Stella mettra alors la main sur un livre d’histoires effrayantes, tandis qu’ils seront libérés de la maison par une présence invisible... Mais la jeune demoiselle ne tardera pas à découvrira les pouvoirs maléfiques du livre, lequel écrit lui-même des histoires sur ses pages, et dont les personnages principaux, sont tous ceux ayant pénétré dans la maison de Bellows, autrement dit Stella et ses amis, lesquels seront les victimes de monstres en tous genre, tout droit sortis de leurs pires cauchemars.

D’un point de vue horreur, "Scary Stories" s’en sort pas trop mal, grâce au savoir-faire de son réalisateur, lequel est capable de créer des ambiances et des apparitions monstrueuses avec beaucoup d’efficacité. Et force est de constater que le bestiaire est plus que réjouissant et digne d’un véritable musée des horreurs, bien que seules les nouvelles d’Alvin Schwartz intitulées "Harold", "The Red Spot" et "The Pale Lady" restent ici fidèles ici à leur segment original. Qu’a cela ne tienne, le cadavre "au gros orteil" et le "croque-mitaine" fonctionnent à merveille, le tout grâce à des maquillages et effets spéciaux plus que réussis. Et l’arrivée toujours en fanfare de ses monstres, et leur propre histoire racontée par le livre, sont sans doute la plus belle réussite de ses films. Maintenant, il faut bien reconnaître que "Scary Stories" impressionne plus qu’il n’effraie, bien que les visages de ces démons (très !) singuliers restent en tête.

Et cela est sans doute la faute à un scénario un peu mécanique en surface, dans toute sa première partie, étant donné que le spectateur assiste, tour à tour, à la rencontre des jeunes en question et leurs pires peurs (même si cette excuse arrive parfois comme un orteil dans un ragoût, et aurait pu être davantage développée pour certains personnages), tandis que Stella et Ramón tentent en parallèle de décrypter les secrets de ce livre, et de comprendre pourquoi l’esprit de Sarah s’en prend à autrui...

En effet, cette histoire d’esprit tourmenté cache un secret qui impactera directement son héroïne, jusqu’à révéler des liens entre leurs vies, au sein d’une quête (évidemment) de survie, mais aussi de vérité, de non-culpabilité, et de libération de ses propres démons. En plus d’un cinéma de genre, "Scary Stories" s’octroie donc aussi une certaine profondeur d’écriture, aussi bien sentimentale que psychologique, voire politique. Alors qu’on attend de pied ferme (pour janvier 2020) son prochain film "Mortal", inspiré de la mythologie nordique, et dans lequel un jeune homme découvre qu’il dispose de pouvoirs semblables à ceux de Dieu, André Øvredal reconstitue avec une certaine nostalgie la fin des 60’s, bien que celle-ci est vite noyée par le rappel imminent de la guerre du Viêt Nam, laquelle tue de jeunes soldats à l’autre bout du monde. Au travers d’émissions radio, ou encore de journaux télévisés, le cinéaste inscrit avec soin cette histoire dans un certain contexte historique qui lui donne forcément un cachet supplémentaire.

Guillermo del Toro a eu raison de croire en l’œuvre d’Alvin Schwartz et ses "histoires effrayantes à raconter dans le noir". Pas si méchant que ça, mais pourtant bien dosé entre horreur et humanité, "Scary Stories" est un sympathique film à voir pour se faire (gentiment) peur, lequel brille cependant bien plus par son esthétique et ses monstres imaginatifs que par sa construction narrative, un brin trop répétitive, et limitée. On attend en tout cas la suite !



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